Le Reliquaire abyssin

Serge Chapochnikov a longtemps été agencier à Moscou, pour l'AFP ; sous pseudo, il était également correspondant de plusieurs rédactions francophones, avant de se mettre à son compte, de retour en France, comme archiviste. Il passait pour la mémoire russe de Paris. Il avait créé une association, dont l'essentiel de l'activité consistait en fait un fonds d'archives.
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Roman - Policier

Le Reliquaire abyssin

Historique - Religieux - Trafic MAJ jeudi 06 décembre 2012

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21,5 €

Jenny White
The Abyssinian Proof - 2008
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Alexandre Boldrini
Paris : Jean-Claude Lattès, septembre 2012
444 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-7096-3075-7

Enquêteur humaniste

Après Le Sceau du sultan (Jean-Claude Lattès, 2008) où elle confrontait son détective aux meurtres de gouvernantes anglaises à Istanbul, Jenny White propose une seconde enquête de Kamil Pacha. Il doit faire face à un trafic d'antiquités. Mais, avec ces œuvres religieuses, l'affaire prend une autre dimension, une dimension funeste.

Alors que Constantinople, en mai 1453, est sur le point d'être conquise par les armées turques, Isaac Métochitès ne pense qu'à transmettre à Michaël, son fils, le lourde tâche de gardien de la Preuve de Dieu en mettant à l'abri le Contenant de l'Incontenable.
Dans Istanbul, en octobre 1887, Kamil, magistrat dans les nouvelles cours séculières, reçoit un ultimatum de son ministre de mettre fin en une semaine à un trafic d'antiquités. Ces œuvres se retrouvent en quelques semaines à Londres.
Malik, un ami que Kamil fréquente pour le plaisir de la conversation, est le gardien de la mosquée de Kariye. Il lui envoie un message pour lui signaler qu'un reliquaire en argent et un vieux tapis de prières ont été dérobés. Ce vol est dérangeant. L'objet, de modeste facture, était entouré d'objets bien plus précieux.
Kamil découvre que Malik fait partie du clan des Habesh, des Abyssiniens qui habitent le Village Englouti, un ensemble de cabanes misérables installées dans une ancienne citerne destinée à conserver l'eau de Constantinople.
Cette communauté, qui vit de larcins d'antiquités, se retrouve en concurrence avec un nouveau réseau dirigé par le mystérieux Kubalou. Ces Habesh sont les gardiens de la Preuve de Dieu, avec à leur tête, la prêtresse Balkis, la sœur de Malik. Celle-ci, va passer la main à son fils Amida et sa fille Saba. Or, Kamil éprouve une attirance pour cette jeune fille, attirance qui semble réciproque. Mais, il est également conquis par Elif, une cousine de son beau-frère, réfugiée après avoir échappé à des massacres.
Au fur et à mesure de la progression de son enquête, Kamil se heurte à un criminel déterminé, pour qui la vie humaine n'a pas de valeur. Outre son existence, ne remet-il pas en cause les bases de son identité ?

Dans Istanbul, à la fin du XIXe siècle, Jenny White développe une intrigue basée sur le pillage des œuvres d'art anciennes et sur la transmission de charges mystiques. Elle implique son héros dans une affaire où le banditisme moderne commence à émerger avec des liaisons, des connexions internationales. Autour de ce socle, elle greffe nombre d'intrigues secondaires, tant criminelles que sentimentales, multiplie les intervenants et les rebondissements. Elle met son héros en danger par la criminalité qu'il côtoie mais, aussi, par les sentiments qu'il éprouve et qui peuvent l'amener à ne plus avoir une perception correcte des faits et des événements.

La romancière introduit dans son récit l'histoire de la ville, les différentes sociétés qui se sont succédé. Elle décrit les couches successives des bâtiments, les bâtiments nouveaux s'élevant, s'appuyant sur les anciens. En anthropologue, elle fait le lien entre constructions et civilisations, les nouvelles empruntant aux anciennes pour s'édifier, se structurer. Elle fait découvrir l'évolution de la ville turque, en dresse un état, à l'aube d'importantes mutations, alors que l'empire ottoman est soumis à nombre de troubles tant ethniques que religieux. Elle explicite le fonctionnement de la justice, de la police, avec souvent une ironie de bon aloi.

Elle construit, avec son héros, un personnage d'une grande humanité. S'il est un magistrat appartenant à la noblesse et proche du pouvoir en place, avec ce que cela comporte de règles et de contraintes, il sait se montrer attentif aux autres et prendre en compte les tristes réalités de l'époque. Elle en fait un enquêteur perspicace, amoureux de son métier, mais qui a l'attitude et les réactions d'un célibataire. S'il a été très proche, lors de sa précédente enquête, de la fille de l'ambassadeur anglais, les relations ne purent se poursuivre. Il est donc disponible. Il est poète et philosophe à ses heures, grand amateur et collectionneur d'orchidées.
À travers le clan Habesh et le rôle de gardien d'un dogme, elle expose le sens religieux, les croyances et les destins marqués par une filiation, par le poids d'une tradition. Elle introduit aussi un conflit entre les générations, des relations familiales tendues, la corruption...

On prend un grand plaisir à lire Le Reliquaire abyssin, à suivre un héros attachant, à découvrir une ville à une époque charnière de son histoire.

Citation

Le rôle de gardien n'a rien à voir avec la mosquée. Je te parle de quatre siècles de traditions, du devoir sacré de notre famille - ton devoir à toi - de défendre la Preuve de Dieu. Tu deviendras gardien et Saba, prêtresse.

Rédacteur: Serge Perraud mercredi 28 novembre 2012
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