Le Tireur

Mince alors, même les petits cubitus de stress qui tantot me titillaient l'occiput s'étaient noyés dans l'eau du bain.
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vendredi 29 mars

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Roman - Western

Le Tireur

Crépusculaire MAJ lundi 03 décembre 2012

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 9,5 €

Glendon Swarthout
The Shootlist - 1975
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Laura Derajinski
Paris : Gallmeister, novembre 2012
198 p. ; 18 x 12 cm
ISBN 978-2-35178-523-2
Coll. "Totem"

Actualités

  • 09/11 Édition: Parutions de la semaine - 9 novembre
    Le nouveau roman du couple Douglas Preston-Lincoln Child, R pour revenge, est à l'affiche cette semaine. Peut-être en compagnie de cet opus aux éditions La Branche dans la collection "Vendredi 13" de Scott Philipps. Pourquoi ? Parce que c'est la première ouverture de la collection aux auteurs étrangers. Le roman, Nocturne le vendredi, est dans une traduction proposée par Patrick Raynal.
    Les parutions poche font la part belle aux thrillers du Livre de poche de Deborah Crombia à Lynda La Plante en passant là aussi par un duo d'écrivains - français cette fois - Jérôme Camut et Nathalie Hug. Mais la curiosité est à chercher chez "Totem" de Gallmeister. Glendon Swarthout (publié à la "Série noire" en 1976 et 1981 pour d'autres westerns) y fait paraître un petit western...
    Pour le reste, notons un nouvel épisode de Lucky Luke avec Daniel Pennac et Tonino Benacquista au scénario, et Achdé au dessin. Le précédent volume avec les mêmes compères n'avait pas vraiment été à la hauteur malgré un thème intéressant (l'agence Pinkerton). "Folio BD" ressort quelques bandes dessinées - dont La Débauche, signée... Daniel Pennac et Jacques Tardi (là aussi... bref...). Sinon, il y a un très beau livre sur James Bond chez Taschen, mais réservé aux personnes fortunées ou qui peuvent motiver amis et famille pour l'avoir à Noël - cent cinquante euros... Ouch ! Et pléthore de sujets très sérieux !

    Fiction adulte grand format :
    Hyckz, de Muriel Combarnous (Ex æquo, "Rouge")
    La Cène du crime, de Gilles Debouverie (Nord Avril, "Roman policier")
    Manipulations, de Raymond Khoury (Presses de la Cité)
    La Verticale du mal : le dernier festin, de Fabio M. Mitchelli (Ex æquo, "Rouge")
    Extrême tango à Paris, de Héliette Ossiant (Le Fantascope)
    Nocturne le vendredi, de Scott Philipps (La Branche, "Vendredi 13")
    R pour revanche, de Douglas Preston et Lincoln Child (L'Archipel)
    Le Chant du diable, de Frédéric Rapilly (Critic, "Thriller")
    Crocs, de Wolley (Ex æquo, "Rouge")

    Fiction adulte poche :
    Les Voies de l'ombre, de Jérôme Camut & Nathalie Hug (LGF, "Thriller")
    Les Larmes de diamant, de Deborah Crombie (LGF, "Thriller")
    La Loi du silence, de William Diehl (Archipoche, "Archipoche")
    Les Monstres de Sally, de Sophie Hannah (LGF, "Thriller")
    Entre cœur et raison, de Lynda La Plante (LGF, "Thriller")
    Le Tireur, de Glendon Swarthout (Gallmeister, "Totem")
    Meurtre à l'heure de pointe, de Dan Turrèl (L'Aube, "L'Aube noire")

    Bande dessinée :
    Nico. 3, Femmes fatales, de Philippe Berthet & Fred Duval (Dargaud)
    Ed Brubaker présente Catwoman. 2, Dans les bas-fonds, de Ed Brubacker & Brad Rader (Urban comics, "DC signatures")
    La Gendarmerie. 1, De la guerre de Cent Ans au premier Empire, de François Cathala, Benoît Haberbusch & Guillaume Bertheloot (Triomphe, "Le Vent de l'Histoire")
    RG : intégrale, de Pierre Dragon & Frederik Peeters (Folio, "Folio BD")
    Lucky Luke : l'intégrale. 16, de René Goscinny, Bob de Groot & Morris (Lucky comics)
    Un homme est mort, de Kris & Étienne Davodeau (Folio, "Folio BD")
    Animal Man. 1, La Chasse, de Jeff Lemire & Travel Foreman (Urban comics, DC renaissance")
    Grant Morrison présente : Batman. 3, Nouveaux masques, de Grant Morrison (Urban comics, "DC signatures")
    Cavalier seul, de Daniel Pennac, Tonino Benacquista & Achdé (Lucky comics)
    La Débauche, de Daniel Pennac & Jacques Tardi (Folio, "Folio BD")

    Cinéma, télévision, radio :
    007, The James Bond Archives, de Paul Duncan (Taschen)

    Criminologie, prison :
    Crimes, délits et faits divers à Vitré : 1885-1910, de Ludovic Billon (A. Sutton)
    Les Tueurs de masse, d'Erwan Dieu, Olivier Sorel & Erwan Person (StudyramaPro : Studyrama, "Kroniques")
    Qu'est-ce que punir ? Du châtiment à l'hypersurveillance, de Tony Ferri (L'Harmattan, "Questions contemporaines")
    L'Organisation des crimes en col blanc : une gestion meurtrière, de Louise Fines (L'Harmattan)
    Préjugé coupable : Villers-le-Bel, une vie après les émeutes, d'Aurélie Foulon & Mara Kanté (François Bourin)
    Acquittée : je l'ai tué pour ne pas mourir, d'Alexandra Lange (Michel Lafon)
    Sur la piste des tueurs rwandais, de Maria Malagardis (Flammarion, "Flammarion enQuêtes")
    La Famille à l'épreuve de la prison, de Catherine Touraut (Le Lien social)

    Littérature (théorie et études) :
    Nouvelles tendances du roman africain francophone contemporain (1920-2010) : de la narration de la violence à la violence narrative, de Mamadou Kalidou Ba (L'Harmattan, "Critiques littéraires")
    La Lame et la plume : une littérature de Jack l'Éventreur, de Max Duperray (L'Harmattan, "Sang maudit")

    Jeunesse :
    L'Échappée (pou) belle, de Frida Nilsson (Bayard jeunesse, "Estampille")

    Problèmes sociaux et sécurité publique :
    Le Sale boulot : confessions d'un flic à la dérive, de Marc la Mola (Jean-Claude Gawsewitch)
    Polices d'Empires : XVIIIe-XIXe siècles, sous la direction de Vincent Denis & Catherine Denys (Presses universitaires de Rennes, "Histoire")
    Liens : Manipulations |Le Chant du diable |Raymond Khoury |Scott Phillips |Jérôme Camut |Deborah Crombie |William Diehl |Philippe Berthet |Tonino Benacquista | Achdé |Jacques Tardi |Pierre Dragon |Frédérick Rapilly

Cancer de la justice

John Bernard Books. Ce nom ne vous dit sûrement rien mais dans Le Tireur, du regretté Glendon Swarthout, il est le héros d'un western crépusculaire par excellence. Nous sommes en 1901. C'est un homme à la gâchette sure mais pas forcément précise. Il faut entendre par là qu'il n'y a aucune hésitation dans ses gestes au moment de tuer et que c'est ce qui fait la différence, plus que la précision. C'est la raison pour laquelle ce quinquagénaire est encore en vie alors que trente autres adeptes du colt non. Seulement voilà : la renommée fait que les autres aussi veulent entrer dans la légende, et qu'il est devenu au fil des années l'homme à abattre. Le dernier. Un drôle d'homme d'ailleurs, au regard noir, à l'ancienne, habitué à être obéi au doigt et à l'œil, et surtout atteint d'un cancer de la prostate en phase terminale venu mourir dans une chambre d'hôte d'El Paso après avoir entendu le diagnostic du seul médecin en qui il avait confiance : celui qui lui avait un jour ôté une balle du ventre, et lui avait sauvé la vie.

Western crépusculaire par excellence puisque Books est, dans ce XXe siècle naissant, le mal curable des siècles passés atteint par un mal incurable. Et à mesure que la maladie prend le pas sur lui il retrouve une humanité perdue. Cela ne l'empêchera pas d'orchestrer sa mort de la plus belle des manières en entrant dans les livres d'histoire à l'instar du plan concocté par Terence Hill à Henry Fonda dans Mon nom est Personne. Il y aura en guise de feu d'artifice un ultime duel héroïque à un contre quatre dans un saloon déserté de ses habitués. Mais avant John Bernard Books met de l'ordre dans ses affaires. Différents personnages défilent dans sa chambre, le temps pour lui de tomber amoureux de sa logeuse, Bond Rogers, de refuser des interviews, d'échapper à un assassinat nocturne en règle, d'éconduire un ancien amour, de vendre son cheval, de se faire offrir un cercueil et d'accepter qu'un photographe lui fasse le portrait.

Il faut bien dire qu'il finit par comprendre le monde dans lequel il entre les pieds devant. Chacun tirera profit de sa mort : l'un en vendant des reproductions de photos de lui veste entrouverte sur ses deux armes, l'autre en exposant moyennant un droit de regard sa dépouille, le dernier en vendant ce qui a appartenu au Tireur. Son seul échec sera Gillom, le fils de sa logeuse, pour lequel il s'est pris d'une affection incomprise. Gillom, c'est l'adolescent adorateur d'un mythe vivant qui le voit dans sa déchéance et qui le désacralise. Mais c'est aussi un mauvais homme en devenir qui n'a pas moralement survécu à la mort de son père (il a perdu son père génétique d'une crise cardiaque, et il va perdre son père spirituel d'un cancer de la prostate ; il aura donc par deux fois perdu un père qu'il adorait sans avoir la moindre chance de le tuer philosophiquement parlant, et d'avancer dans sa vie), et qui est en lutte incessante contre sa mère. Sur la mauvaise pente après avoir commis de menus larcins, il finit par ne plus rien respecter, et l'on comprend qu'un jour il sera tué pour avoir voulu jouer les bad guys. Mais il est aussi le révélateur de l'inanité de John Bernard Books, celui qui détruit tout ce que le héros mourant aura voulu construire en un ultime effort salvateur.

C'est cette histoire complexe et profondément humaine qu'a écrit Glendon Swarthout en un peu moins de deux cents pages mûrement réfléchies. Une aventure crépusculaire au héros détrôné par un moins que rien, parfaitement maîtrisée et adaptée au cinéma par Don Siegel avec John Wayne dans son dernier grand rôle. Tout un symbole.

Citation

Books remarqua qu'il tenait son chapeau de la main gauche et gardait la droite libre, que son col le comprimait, que ses chaussures crissaient et, plus important encore, qu'il avait le souffle court face à ses responsabilités. Ce qui signifiait qu'il était suffisamment remonté pour effectuer le sacrifice civique suprême si nécessaire, ce qui le rendait imprévisible, ce qui le rendait dangereux.

Rédacteur: Julien Védrenne samedi 29 juin 2013
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