Hôpital psychiatrique

Tout de même, il s'apprête à délivrer une sacrée performance. D'abord, il va devoir se montrer au sommet de ses talents de transformiste, passant le plus rapidement possible de maître d'hôtel à serveuse. Ensuite, il lui faudra tout à la fois accueillir ses convives, apporter les entrées, discuter avec les clients, conseiller les vins, les ouvrir, débarrasser, servir les plats, s'assurer que personne ne manque de rien, recommencer pour les desserts.
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mercredi 11 décembre

Contenu

Roman - Thriller

Hôpital psychiatrique

Historique - Médical - Vengeance MAJ mardi 18 décembre 2012

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Inédit

Tout public

Prix: 10,65 €

Raymond Castells
Paris : Rivages, octobre 2012
598 p. ; 17 x 11 cm
ISBN 978-2-7436-2426-2
Coll. "Noir", 880

Actualités

  • 06/04 Prix littéraire: Sélection 2014 du Prix de la Ville de Mauves-sur-Loire
  • 27/03 Prix littéraire: Sélection 2014 du Prix du premier roman policier de la Ville de Lens
    Pour sa huitième édition et dans le cadre de l'axe "soutien à la création artistique" de la politique culturelle de la Ville de Lens, le Prix du premier roman policier récompense chaque année un auteur néophyte du genre. Pour le présent prix, ce dernier doit avoir fait paraître son roman entre le 1er mai 2012 et le 30 avril 2013. Les ouvrages envoyés sont ensuite dument lus et sélectionnés par les quinze membres du comité de lecture, tous issus d'horizons divers, toutes générations confondues et passionnés (évidemment) de lecture de romans policiers. Chargés de noter les ouvrages tout en gardant ces notes secrètes, les jurés ont dévoilé leurs appréciations et quatre ouvrages ont ainsi intégré la sélection finale. Voici les titres découverts le 14 janvier dernier.

    Sélection du Prix du premier roman de la Ville de Lens 2014 :
    - Précieux cadavres, de Dorothée Lizion (Ysec) ;
    - Le Dernier Lapon, d'Olivier Truc (Métailié, "Noir") ;
    - Hôpital psychiatrique, de Raymond Castells (Rivages, "Noir") ;
    - Code 93, d'Olivier Norek (Michel Lafon).

    Comme il est de coutume, le prix du lauréat sera annoncé le samedi 20 mars à 11 h 30 lors de l'inauguration du salon.
    Liens : Le Dernier Lapon |Olivier Truc |Salon du livre policier de Lens

  • 02/11 Édition: Parutions de la semaine - 2 novembre

Hôpital en folie

L'hôpital psychiatrique tel que le conçoit Raymond Castells est un antre de folie où l'ordre, qu'il soit fasciste, communiste, laxiste ou défaitiste, est une aberration condamnée à détruire et s'autodétruire. Le protagoniste principal de cette histoire qui s'est déroulée peu avant la Seconde Guerre mondiale et qui a duré quelques cinq années, Louis, témoigne des raisons qui l'ont amené à être ainsi isolé. Un sombre drame familial sur fond de viol de sa sœur sauf que dans l'histoire le beau-père était un ivrogne de policier, et que ceux qui ont enquêté travaillaient dans le même commissariat. Preuves escamotées, vérité entâchée, enfermement psychiatrique privilégié à un procès, et la haine des flics qui réfutent la véracité des faits. Louis, doté d'une grande intelligence et promis à un bel avenir, se retrouve au début interné avec les plus dangereux des fous. Condamné à l'isolement, il subit la cruauté des gardiens, celle des plus fous des patients avant de peu à peu mettre à son profit les failles d'un établissement dirigé par un homme qui passe son temps dans le quartier des femmes à choisir celles sur qui il fera des expériences sexuelles et celles sur qui il fera des expériences médicales. Habile manipulateur, il utilise ses charmes pour séduire la seule femme de l'établissement qui possède une once de pouvoir, et à monter les plus forts contre les plus faibles afin de les faire disparaitre de son paysage. Louis n'a qu'une envie : s'évader en s'emparant du trésor caché du directeur, qu'il s'imagine à travers la double comptabilité de l'asile, et dont il s'occupe. Mais cette évasion va trouver en Louise, image même de sa sœur dont il tombe amoureux, une autre raison d'être.

Louise qui a été violée et vendue aux plus offrants par ses frères avant de tuer l'un des notable de la petite ville qui abusait d'elle. Louise qui croyait en la justice et qui a été internée par sa mère autant coupable que ses frères sur l'injonction de l'honnête maire qui lui aussi avait profité des faveurs monnayées pour autrui. Louise qu'il est la seule à couver d'un regard bienveillant et qui est encore une fois offerte à tout le monde dans cette enceinte qui n'a de médicale que le nom. Mais la guerre change la donne. Le seul allié de Louis, un docteur qui a compris la vérité que Louis a tue, est juif et comme tel dénoncé aux autorités par le directeur de l'asile devenu plus pétainiste que Pétain. De dangereux truands évadés de l'enceinte psychiatrique ont été enrôlés dans la milice et ont choisi de s'installer avec armes dans les soubassements de cet ancien cloître, qu'ils partageront avec les communistes résistants et leur presse clandestine, pendant qu'un régiment allemand dirigé par un colonel aristocratique aux origines françaises s'installe en surface. Cette cohabitation étrange au milieu de fous faméliques et mourants qui entonnent "Maréchal nous voilà" va aboutir à un étrange Noël meurtrier au cours duquel Jésus sera à nouveau crucifié.

Louis et Louise vont mettre en place une déferlante apocalyptique, éradiquer la pire des communautés hétéroclites, et s'attirer les foudres unanimes. Tout cela, on le comprend dès le début du roman entonné tel un "Je me souviens" par Louis, en mai 2010. Les chapitres courts, dans une écriture froide et clinique, s'enchainent sans respecter forcément l'alternance de narrateurs. Louis tient plus que de raison le crachoir-témoin de l'ignominie humaine et l'on assiste à mesure que les pages défilent à l'implacable vengeance qu'il a mis en place par sa seule volonté. Vous avez dit surréaliste ? Quand on pense que son auteur, Raymond Castells, psychologue et clinicien de son état, explique que "ce roman est inspiré de faits réels", rapporte que cette étrange cohabitation entre des factions chaotiques a vraiment existé en de nombreux hôpitaux psychiatrique, et que l'histoire moderne de la psychiatrie (ne parlons pas de la lobotomie) se faisait dans une confidentialité infernale sur des sujets qui n'avaient pas besoin d'être ébranlés psychologiquement parlant pour être internés (les histoires d'enfermement pour s'éviter un divorce ou se faciliter un héritage pullulent), et qu'il n'a donc fait que rapporter des faits avérés avec un minimum de fiction, ça vous fait froid dans le dos...

Récompenses :
Prix de la ville de Mauves-sur-Loire

Nominations :
Prix littéraire du Goéland masqué 2014

Citation

Le directeur était de plus en plus cinglé, Cloporte et ses adjoints se prenaient pour des héros de la Résistance, Sabine Dumont devenait folle de jalousie à cause de mes longues conversations quotidiennes avec Louise : l'hôpital psychiatrique n'était plus qu'un immense manoir encadré par des malades mentaux psychologiquement aussi atteints que leurs patients.

Rédacteur: Julien Védrenne lundi 17 décembre 2012
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