Tes yeux dans une ville grise

Ils ont l'air d'Apaches. À côté d'eux, les Apaches sont des agneaux. Ce sont des Pimas. Comment gagnent-ils leur vie ? Pour tout prisonnier évadé ramené vivant ils gagnent 25 $. Mort, ils gagnent 50 $.
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jeudi 28 mars

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Roman - Noir

Tes yeux dans une ville grise

Urbain MAJ mercredi 13 février 2013

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 16 €

Martín Mucha
Tus ojos en une ciudad gris - 2011
Traduit de l'espagnol (Pérou) par Antonia García Castro
Paris : Asphalte, janvier 2013
184 p. ; 18 x 13 cm
ISBN 978-2-918767-28-2
Coll. "Fictions"

Les yeux rêvent au vert

"Parfois je me déteste, c'est vrai. Mais surtout, je déteste les autres." Une telle première phrase pourrait laisser penser que l'on met les pieds dans une sordide histoire de misanthropie. Ce n'est pas le cas. Mucha nous raconte sa ville en de très courtes scènes, une page et demie, deux pages, comme des saynètes de son enfance et de son adolescence. Comme décor : Lima. Et un bus. Ce combi qu'il a pris tous les jours pendant de si longues années. L'occasion de voir derrière une vitre sale, ces coins de rues, ces façades qui l'ont marqué de tant de souvenirs. Tes yeux dans une ville une grise, c'est l'histoire d'un jeune homme, Jeremías. Il semble perdu et pourtant bien ancré dans sa ville dont il connaît chaque recoin. C'est l'histoire de la misère, cette misère quotidienne qui a bercé et heurté son enfance. Quand face au "mur de Berlin" qui sépare le Lima des riches de celui des pauvres, il se demande pourquoi il est du mauvais côté, la réponse toute simple de son grand-père lui apparaît comme une évidence : parce que "c'est comme ça". Elle est comme ça la vie de Jeremías. Elle est comme ça et elle est vue avec ce mélange de poésie et de lucidité qui donne tout son charme à cet étrange roman. Mucha ne cherche pas à émouvoir, il raconte avec ses mots simples. Ses peines de cœur, ses peines de coup, ses amis, et la funeste galerie de personnages qui l'entourent : les mendiants, les filles violées, les riches, les pickpockets. Il essaie de comprendre, de voir les liens qui les unissent tous. "Les pickpockets n'ont pas tous le même physique. Pas la même carrure. Mais ils sont presque toujours minces. Oui, ça pourrait être un modèle. C'est sans doute du fait de leur agilité ou de la faim. Ou des deux." Jeremías avance vers sa mort. On ne sait rien, quasiment rien, comme si seul le décor comptait, parce qu'il sait qu'il n'est qu'un personnage, que l'un des nombreux figurants de cette grande toile. Peu importe après tout ce qui va lui arriver parce que l'on sait dès le début que l'arme du crime sera Lima.

Une langue simple, poétique, certains chapitres sont si courts qu'ils paraissent des strophes, constitués juste d'une impression d'une sensation, d'une couleur de ce grand tableau. C'est simple, c'est attachant, comme le personnage principal qui avance par étape sans trop savoir où il va mais cherchant à accrocher son regard partout où il le peut. Un livre comme une étrange chanson qui reste en tête, comme une mélodie mélancolique d'une époque qui paraît perdue, d'une ville oubliée alors qu'elle existe bel et bien. Un étonnant hommage à ce peuple de Lima. Sans jugement. Juste un regard perdu dans cette foule, ne pouvant pas fuir le gris ambiant. "Je passe par là quand je peux. J'aime bien les tons verts dans l'ensemble. C'est évident que c'est ma couleur préférée, même si je ne le reconnaîtrai jamais. Je passe en ayant l'air de quelqu'un de perdu."

Citation

Est-ce que je porte la douleur de la génération du désamour ?

Rédacteur: Gilles Marchand mardi 12 février 2013
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