Du bleu sur les veines

Il n'arrivait pas à être bouleversé. Il pensait seulement à comment remplir les douze heures à venir. Ce n'était probablement pas une réaction chrétienne, mais cela n'avait pas de valeur en soi. L'important, c'était de se comporter conformément aux attentes des gens.
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Roman - Noir

Du bleu sur les veines

Social - Drogue MAJ mardi 26 février 2013

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Inédit

Tout public

Prix: 9,5 €

Tony O'Neill
Digging the Vein - 2006
Préface de James Frey
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Annie-France Mistral
Puzol : 13e Note, février 2013
312 p. ; illustrations en noir & blanc ; 18 x 11 cm
ISBN 978-84-938027-3-8
Coll. "Pulse"

L'écriture ou la mort

Du bleu sur les veines s'ouvre sur une description d'Hollywood en août 2000. Le soleil brille jusqu'à la nausée sur une ville artificielle dopée au cinéma et à la came. Entre ces deux pôles, c'est le néant. Un néant fréquenté par les touristes qui bavent sur le glorieux passé des grands studios. En fait, Hollywood est une ville dangereuse pour qui veut se la jouer dans la cour des grands, surtout quand on vient d'un milieu prolo d'Angleterre, qu'on a joué dans un bon groupe classé dixième au Top of the Tops et qu'on se retrouve ensuite sans rien faire, sinon des clips pourris pour des sous-groupes de Heavy Metal et que la fille qu'on aimait devient froide comme un congélateur dès qu'on tente de l'approcher.
À partir de ce moment-là, la vie n'est plus du tout un fleuve tranquille, mais une rivière amère pleine de cailloux qui pourraient bien être du crack. Du bleu dans les veines raconte la descente aux enfers de Tony O'Neill dans la drogue. Tout y passe, mais c'est l'héroïne surtout qui le mène en bateau. Au lieu d'écrire ou de composer, Tony passe son temps à écumer les bars et les soirées festives à la recherche des paradis artificiels, en compagnie de potes aussi camés que lui et de filles qui veulent bien tout négocier contre une petite pipe.
Ce récit devient alors une sorte de flux halluciné où on dort rarement, où on fraye avec la mort tous les jours, tandis que le soleil brûlant d'Hollywood n'en finit pas de chauffer à blanc les désirs et les consciences. Mais comme dans d'autres récits de ce type, il arrive un moment où le coup de gong retentit ; dès lors, le choix s'impose : la désintox ou la mort !
Ce parcours, Tony O'Neill l'a vécu dans sa chair jusqu'à l'insupportable. Aucune complaisance dans ce récit. Pas de romantisme noir pour ce qui ressemble purement et simplement à un désir de mort. On pense par moment à Moins que zéro de Brett Easton Ellis, notamment dans la perception "sous contrôle" du personnage face à ses compagnons d'infortune et surtout face à une ville dominée par les démons de l'argent et du sexe. Du bleu dans les veines est un grand texte, qui fait froid dans le dos et montre aussi que le désir de vivre peut être plus fort que l'autodestruction.

Citation

J'avais dix-neuf ans et je m'envolais pour L.A. Qu'ils aillent se faire foutre ! Je ne deviendrais pas un has-been à Londres, alors que je pouvais repartir du bon pied dans la ville dont j'étais tombé amoureux.

Rédacteur: Pascal Hérault lundi 25 février 2013
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