Chapeau claque et fins limiers : enquêtes à la Belle Époque

Si, pour les autorités, ils étaient tous considérés comme des fugitifs, paradoxalement ils ne s'étaient jamais sentis aussi libres de leur existence. Car leur liberté signifiait que la vérité était en marche.
Bertrand Puard - Vol 1618
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Roman - Policier

Chapeau claque et fins limiers : enquêtes à la Belle Époque

Arnaque - Assassinat MAJ jeudi 09 mai 2013

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 28 €

Le passé a du bon

Toute avancée humaine, qu'elle soit scientifique, technologique ou sociologique, ne s'est pas faite spontanément. Elle s'est construite par étapes, au fil du temps, par l'aboutissement de découvertes, l'agglomérat de réalisations. Pourquoi le polar échapperait-il à cette règle ? La littérature policière que nous connaissons, et apprécions aujourd'hui, s'est édifiée peu à peu par l'agrégation de trouvailles. Mais, quels sont les principales bases sur lesquelles s'est fondé le genre ?
Si tout le monde s'accorde à considérer Edgar Allan Poe et Émile Gaboriau comme les concepteurs du genre, qu'en est-il du reste ? Certes, de nombreux auteurs viennent à l'esprit, mais, qui le premier a conçu un crime en chambre close ? Quelle est la première femme à vivre de l'écriture de polars ? Quel est l'auteur du premier bestseller ? Etc. Les réponses sont plus difficiles.
Les éditions Omnibus, avec le recueil Chapeau claque et fins limiers : enquêtes à la Belle Époque, se proposent de répondre en partie, en proposant six textes, romans et nouvelles, écrits vers la fin du XIXe, début du XXe siècle, période faste dans les pays anglo-saxons en œuvres pionnières. Elles contribuent, ainsi, à établir l'esquisse d'une histoire du genre, à lui donner des lettres de noblesse - si besoin était !

Le Mystère du hansom cab (The Mystery of a Hansom Cab – 1886)
Un quotidien relate un fait divers dans son édition du samedi 28 juillet 18.. La veille, on a retrouvé un individu assassiné dans un fiacre. Le cocher, qui a fait la macabre découverte, livre un étrange témoignage. Il a chargé, en pleine nuit, un homme présenté comme ivre par l'individu qui l'accompagnait, celui-ci se défendant de le connaitre. L'identité du défunt reste un mystère pendant plusieurs jours, car personne ne signale de disparition inquiétante. Un détective chargé de l'affaire remonte jusqu'à une richissime famille de Melbourne. Or...
Une superbe énigme qui se base sur un mystère familial où se superposent deux enquêtes menées par deux détectives professionnels rivaux. Mais, seule l'une d'entre elles conduira au coupable.

Le Crime de la Cinquième Avenue (The Leovenworth Case – 1878)
Le secrétaire de Mr Leavenworth, affolé, raconte à un avocat, que son patron a été assassiné d'un coup de revolver. Il était assis, en soirée, à sa table de travail dans la bibliothèque de sa demeure, au cœur de New York. Personne n'a rien entendu, n'a rien vu. L'avocat, qui est l'avoué du défunt, (et aussi le narrateur) remarque nombre de faits et d'éléments discordants. Une des deux nièces, recueillies par le trépassé, semble avoir une attitude étrange. Et puis, pourquoi une servante s'est-elle volatilisée ?
Là aussi, un secret familial est le nœud de l'affaire. Mais l'auteur en joue avec subtilité avant de le dévoiler avec habilité.

Le Mystère du Big Bow (The Big Bow Mystery – 1892)
Mme Drabdump, pour vivre, loue deux chambres. Elles sont occupées par des représentants syndicaux. Un matin, l'un d'eux ne répond pas lorsque sa logeuse tente de le réveiller en frappant à sa porte. Elle finit par appeler à la rescousse un inspecteur de Scotland Yard, en retraite, qui habite de l'autre côté de la rue. Celui-ci se résout à enfoncer la porte. Ils découvrent l'homme égorgé. Il affiche une mine paisible comme tué pendant son sommeil. Il n'y a pas de traces de lutte ni de l'arme du crime.
Israel Zangwill, dont le présent roman est la seule incursion dans la littérature policière, offre la première énigme en chambre close. Il conçoit un superbe tour de passe-passe d'une simplicité confondante. De plus, il livre une magnifique description du milieu populaire et du monde syndicaliste de l'époque.

"La Communauté de Redhill" ("The Redhill Sisterhood" – 1894)
Une vague de cambriolages sévit dans les environs de Redhill, au point que Loveday Brooke, de l'agence de Fleet Street, est dépêchée sur place. Un informateur a signalé l'installation d'une étrange congrégation dont les membres, qui s'occupent d'enfants handicapés, mendient afin d'avoir les ressources suffisantes pour les élever. Or, c'est après leur passage que les cambriolages ont lieu...
Loveday Brooke est la première enquêtrice professionnelle. Cette nouvelle, traduite pour le présent recueil révèle une traque de la vérité pleine de psychologie.

"Le Cercle des Étourdis" ("The Absent-Minded Coterie" – 1904)
Eugène Valmont, un français installé à Londres, résout les affaires que lui présente Spenser Hale, inspecteur à Scotland Yard. Pour l'heure, ce dernier enquête sur un individu soupçonné d'écouler de la fausse monnaie. Le Yard a placé près de lui un policier, sous la couverture d'un majordome. Mais celui-ci ne trouve rien. Valmont se lance sur la piste pour découvrir une affaire fort différente, mais astucieusement montée, basée sur...
Le fait est suffisamment rare pour être signalé : un auteur anglo-saxon (certes écossais !) prend un Français pour héros. Avec celui-ci, le romancier se laisse aller à nombre de considérations et comparaisons sur les approches respectives, sur la façon d'appréhender les situations et d'y apporter des solutions des deux côtés du Channel. La présente nouvelle propose une astucieuse énigme qui s'appuie sur une étude fine de la nature humaine.

La Partie se joue dans le noir (Max Carrados – 1914)
Il s'agit d'un recueil de nouvelles avec pour héros Max Carrados, un aveugle. Celui-ci, pour tromper son ennui et par vanité, résout les énigmes que vient lui proposer l'inspecteur Carlyle.
L'auteur met en scène, avec brio, les capacités nouvelles que peuvent développer les autres sens quand l'un vient à manquer. Ainsi, le détective amateur n'est plus influencé par ce qu'il voit et ne se laisse pas séduire, par exemple, par un visage angélique. Une suite d'enquêtes d'une grande finesse.

Chapeau claque et fins limiers : enquêtes à la Belle Époque se révèle une compilation remarquable de detective novels, de romans à énigmes d'une grande qualité. On ne peut qu'encourager les éditions Omnibus et Jacques Baudou à continuer à proposer d'autres textes fondateurs, soit tombés dans l'oubli, soit difficiles d'accès parce non réédités ou non traduits depuis des décennies.

Citation

Les hommes de génie ont les cheveux longs ; il y a trois raisons à cela. La première est qu'ils oublient que les cheveux poussent. La deuxième, c'est qu'ils les aiment longs. La troisième est une question d'économie.
Cette particularité des génies peut vous attirer une réputation de nécessiteux.

Rédacteur: Serge Perraud lundi 15 avril 2013
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