Mauvais calcul

Un coup sans risque, Tyler. Garanti sur facture. Je sais ce que tu penses. Tu te dis : 'Sid le Foireux va encore m'attirer des emmerdes.' Tu as tort. Promis. Cette fois c'est du tout cuit. On se connait depuis assez longtemps, non ?
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jeudi 25 avril

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Roman - Noir

Mauvais calcul

Politique - Social - Chantage MAJ mardi 16 mai 2023

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Réédition

Tout public

Prix: 19 €

Anders Bodelsen
Hændeligt uheld - 1968
Traduit du danois par Anne Renon
Paris : Autrement, octobre 2014
320 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-7467-3500-2
Coll. "Littératures"

Bagnole sans freins moraux

Le roman de Anders Bodelsen commence comme les romans durs de ce brave Georges Simenon avec Henrik Mörk, directeur d'une usine d'assemblage, un peu engoncé dans son rôle, coincé entre une femme qui picole et une fille pour lequel il est Dieu : un homme ordinaire qui mène une vie banale. Un soir de 1969, après la signature d'un contrat de construction de la nouvelle usine d'assemblage d'Autonord, Henrik Mörk se laisse entraîner par des jeunes à une fête et s'enivre. Au retour, au volant d'une voiture d'un jeune homme avec lequel il s'est disputé, il écrase un cycliste. Il choisit la fuite pour protéger sa carrière et sa famille... Mais ses nouvelles fonctions l'obligent à se mettre en avant et à passer dans les journaux et la télévision. Le roman vire donc au travail hitchockien avec la venue d'un maître chanteur et les relations troubles qui s'instaurent entre les deux personnages, surtout lorsque le maître chanteur ne demande pas de l'argent mais à travailler dans l'entreprise puis à rencontrer la famille de Mörk.

Mauvais calcul devient alors aussi, à la mode nordique des années 1960-1970, sociologique : la vacuité de la démocratie sociale, le poids des conventions, le retrait du pouvoir masculin, la naissance d'une jeunesse alternative hippie et vivant dans le confort, le tout avec en fond l'industrie automobile, lieu commun de l'homme moderne, l'ennui profond qui s'empare de cet Occident trop sûr de lui. Jusqu'à un final où la mauvaise conscience l'emporte plus par inertie que par méchanceté, comme si tout glissait sur les ventres rebondis des riches Européens. Symboliquement, tout tourne autour de la maison que veut construire Mork. Située sur un terrain marécageux, objet de prêts qui grèvent le budget du personnage, elle se construit cahin-caha entre les décisions de sa femme qui au fur et à mesure change les plans et exaspère l'architecte. Lorsqu'elle est enfin construite, le couple se plaindra que la ville ait fait planter des arbres qui vont lui gâcher un peu de soleil.

On songe évidemment, par proximité géographique et temporelle aux romans de Maj Sjöwall et Per Wahlöö qui ont disséqué la société suédoise. On voit l'influence du roman simenonien pour un auteur qui s'est créé une place dans la littérature danoise, même s'il n'a pas percé en France, malgré la présence dès 1970 au sein du catalogue de Stock du présent roman sous le titre Crime sans châtiment, Grand prix de la littérature policière en 1971.

Citation

Mork faisait durer les dernières gouttes de son verre. Involontairement, il prêtait l'oreille aux propos qu'échangeaient les jeunes : il s'agissait toujours de cette fête dans une maison de campagne.

Rédacteur: Laurent Greusard mercredi 24 avril 2013
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