Rédemption

Parler d'éthique avec un banquier est absurde. Je te mets en garde, si tu veux le comprendre : vous êtes en train de créer un système monstrureux qui ne pourra pas résister longtemps. Des industries partout, des usines partout : à qui vendra-t-on si la plupart des gens sont pauvres ?
Stefano Massini - Les Frères Lehman
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

Éclipse totale
Harry Hole a été exclus de la police, ce qui ne l'empêche pas de couler des jours heureux, bouteille ...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

vendredi 19 avril

Contenu

Roman - Thriller

Rédemption

Ethnologique - Road Movie MAJ vendredi 21 juin 2013

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20 €

Amanda Coetzee
Redemption Song - 2012
Traduit de l'anglais (Afrique du Sud) par Yoko Lacour
Paris : Le Toucan, avril 2013
314 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-8100-0533-8
Coll. "Toucan noir"

Les pistolets aboient et la caravane passe

Avec Rédemption, Amanda Coetzee a décidé de jouer avec nos nerfs mais d'une manière différente de celle à laquelle nous ont habitué les thrillers. L'intrigue course-poursuite et les grands moments de bravoure ne sont pas en son cœur, mais survivent en périphérie. L'histoire est simple : Harry O'Connor, officier de police londonien d'origine gitane, mis au repos pour soigner ses blessures, est envoyé par Emily Meadows, une amie assistante sociale, en Albanie pour exfiltrer une femme et sa fille qui sont sous la coupe d'un chef mafieux et politique. L'on pourrait penser que ce sera l'occasion du morceau de bravoure habituel sur l'incompréhension puis l'amour naissant entre le héros et sa rescapée, mais Amanda Coetzee a décidé que cela se passerait différemment. Si dans le même temps le lecteur voit se profiler des scènes dignes d'une jeu entre chats et souris - entre les victimes potentielles et un bourreau -, des bagarres longues et dangereuses entre le policier et le mafieux, elles ne sont que présentes, expédiées rapidement.

Harry O'Connor est un chevalier médiéval qui, pour l'amour de sa belle - un amour qui oscille entre le platonique et le très compliqué -, va dans un pays lointain remplir une mission comme s'il était en croisade. L'un des intérêts principaux de ce récit est que pour arriver à ses fins, il va s'appuyer non pas sur les forces locales mais sur l'internationale gitane, ce qui permet à Amanda Coetzee de développer des pages ethnologiques sur ce monde à part, sur les liens de fidélité clanique, et sur les superstitions. C'est ainsi que pour échapper aux surveillances dont elle fait l'objet, la jeune fille protégée par Harry O'Connor est contrainte de se déguiser en garçon. Ce faisant, elle transgresse un des pires codes du monde nomade, et met se dresse contre un tabou. Le récit s'offre en outre une petite touche fantastique car, restée en Angleterre, une chef gitane est capable de rêver les dangers auxquels doit faire face O'Connor, ce qui contribue à la création de ressorts décalés.
Mais la volonté stylistique et le point central de Rédemption consistent surtout en un focus appuyé sur Harry O'Connor, personnage central, policier à la dérive, hanté par des difficultés relationnelles, pris dans une relation amoureuse très complexe, qui se retrouve au milieu d'une histoire tendue qui le dépasse. Autour de lui gravitent des personnages esquissés en quelques lignes mais avec force et rendus crédibles rapidement - un camionneur passeur de clandestins, le bras droit du gangster, une sorcière albano-gitane...

Rédemption pourra déconcerter un peu car il prend un chemin de traverse, se sert du thriller pour aussi présenter une communauté et un personnage singulier au sein d'une intrigue rapide : la fuite entre l'Albanie et l'Angleterre avec un gangster aux petits pieds à leurs trousses. Un vagabondage logique puisque le policier lui-même vient d'une famille de "voyageurs", de ceux qui parcourent l'Europe en musardant et observant, et non dans des TGV fonçant d'une gare à une gare, dans des centres-villes uniformes et des quartiers d'affaires "copiés-collés".

Citation

Lorsque le hibou est parti, je me suis assise dehors et j'ai regardé la rivière noire devant notre maison, puis j'ai vu une longue file de mulots, de morts qui marchaient.

Rédacteur: Laurent Greusard vendredi 21 juin 2013
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page