Une question de justice

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vendredi 19 avril

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Roman - Policier

Une question de justice

Historique - Religieux - Procédure MAJ mardi 17 septembre 2013

Note accordée au livre: 5 sur 5

Poche
Inédit

Tout public

Prix: 8,4 €

Anne Perry
Blind Justice - 2013
Traduit de l'anglais par Florence Bertrand
Paris : 10-18, août 2013
408 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-264-06103-4
Coll. "Grands détectives", 4747

Jusqu'où aller pour faire condamner un criminel ?

La justice anglo-saxonne a toujours eu un fonctionnement fort différent de celle qui préside en France. Avec la série "William Monk", Anne Perry met dans ses intrigues le fonctionnement de cette institution. Avec Une question de justice, elle aborde un autre aspect de celle-ci de façon attrayante. Un nouveau volet fort réussi par une reine du polar historique de l'ère victorienne.

Hester Monk retrouve, dans la clinique qu'elle a fondée pour les femmes des rues, Joséphine Raleigh. L'infirmière est bouleversée. Elle finit par révéler la situation de son père. Il s'est endetté pour faire des dons à l'Église qu'il fréquente et ne peut faire face aux remboursements. Hester se souvient avoir vécu une situation similaire. Absente, elle n'avait pu aider son père qui s'était suicidé.
Aussi, décide-t-elle, en accord avec William, son époux, de trouver le moyen d'arranger la situation. Elle se rend, avec Scuff, l'enfant des rues qu'a adopté le couple, dans cette église non conformiste. Elle y rencontre le révérend Abel Taft et Robertson Drew, son bras droit, qui l'engage à aider les pauvres dont ils s'occupent.
En rentrant, elle demande à Squeaky Robinson, le comptable de la clinique, un ancien délinquant, de trouver les preuves d'une escroquerie dans les comptes de l'œuvre tenue par Taft et Drew.
Les preuves réunies, les plaintes déposées, un procès est programmé. C'est Sir Oliver Rathbone, récemment nommé juge, qui accepte de conduire ces audiences délicates.
Blair Gavinton, un avocat visqueux, défend les accusés. Par des demi-vérités, des allusions, des demi-mensonges, il remet en cause, aux yeux des jurés, la moralité des accusateurs. Rathbone, de peur de voir les coupables échapper à la justice, confie à l'avocat général un cliché, pris par son beau-père, qui montre Drew dans une position pornographique. Devant cette photo, Gavinton est accablé. Le procès est renvoyé au lendemain.
Au matin, Rathbone apprend que Taft s'est tiré une balle dans la tête après avoir étouffé sa femme et ses deux filles. Puis, il est arrêté et emprisonné, accusé, en tant que juge, d'entrave à l'exercice de la justice. Le révérend s'est-il suicidé après avoir tué sa famille, ou ont-ils été assassiné ? Hester, Scuff et William Monk s'emploient alors à rechercher la vérité...

Une question de justice est le dix-neuvième volet des enquêtes de William Monk, le commissaire amnésique de la brigade fluviale à Wapping, sur la Tamise. On retrouve tous les héros de la saga, à savoir Hester, devenue son épouse, Scuff et Oliver Rathbone. Celui-ci, qui vient de gagner un procès épineux, est pressenti pour mener un tribunal ayant à statuer sur la culpabilité d'un révérend, une affaire éminemment difficile. En effet, pour le public, les religieux sont par nature, par vocation, irréprochables. Pensez ! Des hommes de Dieu !

Anne Perry mène, dans cette série, un travail remarquable sur le fonctionnement des tribunaux, les procédures et le déroulement des procès dans la seconde moitié de XIXe siècle, dans l'Angleterre victorienne. Elle explicite les liens, les relations, les rapports entre les différents acteurs qui interviennent dans une affaire. Elle montre bien les difficultés, les problèmes auxquels sont confrontés les juges pour faire éclater la vérité tout en gardant l'impartialité qui sied aux représentants de cette institution, ceux qui ont, entre leurs mains, le futur d'individus.

Mais au-delà de l'aspect formel du fonctionnement de la justice, elle propose une réflexion sur la place de celle-ci dans la construction d'une société, sur son poids pour faire régner un ordre moral, sur l'importance du châtiment par rapport à la faute, sur l'exemplarité de la sanction, sur le fait que trop de criminels échappent à un juste châtiment. Elle fait émettre, par ses personnages, cette obligation de sanction sans laquelle les criminels se sentent intouchables.

Elle revient aussi sur la nature du crime, désignant la fraude comme un acte hautement délictueux qui, malgré un aspect apparemment non violent, amène nombre de dégâts dans la société et peut conduire des individus à la mort.
Elle propose des portraits ciselés, des personnages aux caractères et aux profils psychologiques riches, élaborés, d'une grande complexité, très proches de l'être humain.
Elle met en scène, avec maestria, les joutes verbales auxquelles se livrent les acteurs d'un procès, tous les jeux de dialogues, tout l'art de la rhétorique pour mettre en cause les accusés et les témoins, tenter de les déstabiliser soit pour faire triompher l'idée de justice, soit pour prouver le peu de valeur de leurs témoignages.

Bien qu'une part importante du roman tourne autour des salles d'audiences, l'intrigue ne se démet pas, la tension est palpable et le récit d'une grande attractivité. Avec Une question de justice, Anne Perry signe un magnifique roman, passionnant de bout en bout.

Citation

La fraude est un vol, exactement comme si elle était commise en plein jour et qu'on vous pointe un couteau sous la gorge. Certes, il n'y a pas de peur physique, mais on oublie ou on néglige le sentiment de choc et de trahison.

Rédacteur: Serge Perraud lundi 09 septembre 2013
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