Taxi Driver

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mercredi 24 avril

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Roman - Noir

Taxi Driver

Urbain MAJ jeudi 24 octobre 2013

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 16,9 €

Richard Elman
Taxi Driver - 1976
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Claro
Paris : Inculte, août 2013
224 p. ; 19 x 14 cm
ISBN 979-10-91887-15-1

Drive out

"You're talking to me?" La réplique éructée par Robert de Niro, qui incarne un Travis Bickle totalement déboussolé à son retour de la guerre du Vietnam, à son reflet dans un miroir est restée culte. Mais elle est absente de ce très court roman inspiré du scénario de Paul Schrader par le poète new-yorkais Richard Elman, qui conserve cependant nombre de dialogues percutants. L'on pourrait se demander pourquoi ce roman (qui n'est pas à proprement parler une novélisation, puisque écrit en marge du scénario) est resté inédit pendant près de quarante ans, et s'enthousiasmer que les éditions Inculte nous le proposent à la découverte, cependant, hormis de rares fulgurances, c'est une déception malgré un parti pris d'écriture intéressant. En effet, le poète devenu romancier pour l'occasion, plutôt que de suivre pas à pas dans un roman à la facture classique le personnage de Travis Bickle dont les élucubrations et les pensées violentes ne demandent qu'à s'extérioriser, a décidé d'écrire à la première personne le journal de ce chauffeur de taxi, qui découvre la ville de New York de nuit, et ses milieux interlopes, car insomniaque. Ce n'est pas une première pour un coutumier du fait : Richard Elman aime les points de vue. Huit ans plus tôt, il a écrit une trilogie qui offre trois visions d'un même événement, à savoir la destinée d'une famille hongroise au sortir de la Deuxième Guerre mondiale. Ici, entièrement marginal, Travis Bickle souffre de ne pouvoir s'intégrer - et c'est cette souffrance évacuée dans son journal, qu'il nous offre.

Et pourtant, des efforts il en fait Travis Bickle. Démobilisé des marines, esseulé et insomniaque, il devient d'abord chauffeur de taxi à New York, et côtoie ainsi la faune nocturne forcément étrange, atypique, attirante et repoussante à la fois. Touchant et séduisant, il finit même par convaincre Betsy, une jolie jeune femme qu'il a longuement observé de son taxi, d'aller prendre un café, puis d'aller au cinéma. Il ne connait rien à la musique, et encore moins au cinéma, et lui propose une séance de film porno. Fin de l'histoire même pas née sentimentalement parlant. Aussi rejette-t-il la faute sur la société, débusque-t-il tout un arsenal au marché noir par l'entremise d'un collègue. Cette société, incarnée dans un premier temps par le sénateur Palantine en campagne présidentielle soutenu de manière active par Betsy, il entend la combattre avec ses armes (au sens propre et figuré) avant de plonger dans un final halluciné et hallucinant de violence de sauver de la prostitution Iris, une jeune adolescente fugueuse, et de s'offrir une fausse image de héros des temps modernes.

La violence, cependant, n'est pas aussi forte que dans le film, des passages sont largement amoindris comme lorsque Travis Bickle abat froidement un junky dans une supérette, et que le propriétaire maquille la scène de crime. Un premier meurtre dans la vie civile qui dans le film est montré avec une tout autre violence : le propriétaire achève le mourant à coups de batte de base ball. L'exemple est symptomatique du roman, qui peine également à rendre les portraits des personnages secondaires intéressants, et qui ne se focalise que sur un personnage, Travis Bickle. Un postulat, certes, mais qui du coup, car l'on ne peut s'empêcher de comparer roman et film, rend le roman moins intéressant, moins pénétrant, que le film. À noter que la couverture de Yann Legendre est un petit bijou qui cerne parfaitement les atermoiements d'un homme isolé, esseulé après la guerre du Vietnam, abandonné à ses propres démons. Et l'on comprend aisément pourquoi ce portrait de Travis Bickle a séduit Richard Elman, qui toute sa vie n'a eu de cesse de combattre les injustices sociales et politiques, a milité contre la guerre du Vietnam. L'abandon de ces soldats humainement et moralement morts au Vietnam ne pouvait lui être étranger, et l'on comprend qu'il se soit emparé de ce Taxi Driver. Mais c'était peut-être sans penser que Martin Scorcese réaliserait un chef d'œuvre, et que Robert De Niro saurait y ferait preuve d'une prouesse diabolique.

Citation

Au cas ou vous savez pas, je suis le genre de type dès qu'une crise se pointe je sais pas trop me débrouiller.

Rédacteur: Julien Védrenne mardi 15 octobre 2013
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