Une femme d'enfer

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Roman - Noir

Une femme d'enfer

Braquage/Cambriolage - Assassinat - Gang - Chantage MAJ jeudi 12 décembre 2013

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 8,65 €

Jim Thompson
A Hell of A Woman - 1954
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Danièle Bondil
Paris : Rivages, octobre 2013
17 x 11 cm
ISBN 978-2-7436-2647-1
Coll. "Noir", 935

Cauchemar cash

Les personnages des romans de Jim Thompson cultivent des personnalités psychopathes qu'ils tiennent enserrées dans un physique passe-partout, voire étriqué. Frank Dillon, un vendeur au porte-à-porte, ne déroge pas à cette règle. Sa vie est minutée par les escroqueries de l'entreprise qui l'emploie, les magasins Rêves à Crédit - tout un programme qui reflète le regard caustique que porte l'auteur sur notre société. Le soir, fourbu, il retoune retrouver Joyce, sa femme, dans un appartement encombré de vaisselle sale et de poussière, envahi par les cafards. Mais dans cette équation somme toute simple va apparaitre Mona, la femme d'enfer du titre, dont il tombe amoureux. Mona est la nièce d'une vieille femme acariâtre, vendue malgré elle en paiement d'un service en argent pour huit personnes contre une somme de trente-deux dollars quatre-vingt-quinze. Mais Frank n'est pas un homme mauvais, il ne couche pas avec Mona, mais maquille ses comptes afin de la revoir. Un triangle amoureux se forme, et Frank va être attiré par les deux femmes de sa vie, la première ne tardant pas à se faire la malle, alors que ses petites magouilles sont découvertes par Staples, médiocre et mesquin chef. Prison, solitude, magot découvert et surtout chantage : les étapes du roman s'enchainent à une vitesse trop vertigineuse pour Frank, qui commence à péter les plombs. Narrateur du roman, peu à peu il se décrédibilise car son journal intime, que l'on lit à l'issue de certains chapitres, n'explique pas les faits de la même manière, et donne un coup de projecteur sur sa personnalité. Aussi doute-t-on et de ce qui est écrit dans le journal, et de ce qui est vécu, alors que Frank se fait embrouiller par Staples, acculer par Joyce, envahir par Mona. L'homme devient paranoïaque, schizophrène et meurtrier. Mais un meurtrier ordinaire qui dans sa fuite programmée multiplie les bévues. Délesté d'un magot qui lui tendait les bras, il trouvera refuge chez une étonnante personne qui finira par avoir sa peau. Et dans un retournement de situation fataliste cher à l'auteur, lui et Staples, chacun de leur côté, finiront mal, non sans que l'on en soit arrivé à espérer que Frank Dillon, meurtrier récidiviste, ne s'en sorte - et c'est là l'une des grandes forces de Jim Thompson : on se prend d'affection pour ses monstres ordinaires à la normalité freudienne, et l'on espère qu'ils survivront à une chute inévitable déclenchée par un minuscule grain de sable : la société malade, egocentrique et mesquine.

Citation

Tout ce qu'on peut faire, c'est trimer comme tous les autres. Comme le type qui fait le coiffeur pour chien et le type qui balaie le crottin de cheval. On déteste son boulot. On se déteste. Et on espère.

Rédacteur: Julien Védrenne mercredi 11 décembre 2013
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