Protocole 118

À ce moment-là, s'il y a bien une chose qu'il a comprise en tant que meurtrier, c'est que tuer allait devenir une addiction. Il venait de se condamner à la quête d'une extase qu'il approcherait, sans jamais plus atteindre le même degré d'intensité, d'où la nécessité de toujours se renouveler et d'être créatif. Un tueur a finalement les mêmes obligations qu'un écrivain de littérature noire, s'il ne veut pas décevoir.
Pierre Pouchairet - Du sang sur le Quai
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

La Cité sous les cendres
Dix ans ont passé depuis que Danny Ryan et son fils ont dû fuir Providence et la vengeance d'une fami...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

vendredi 04 octobre

Contenu

Roman - Thriller

Protocole 118

Psychologique - Énigme - Assassinat MAJ lundi 07 avril 2014

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 15 €

Claire Le Luhern
Paris : La Tengo, septembre 2013
380 p. ; 19 x 14 cm
ISBN 978-2-35461-048-7

Le passé ne disparaît jamais

Dans une enquête policière classique, un meurtre est commis, la police cherche l'assassin et celui-ci essaie de lui échapper. Mais que se passe-t-il lorsque l'on commet - ou que l'on croit commettre - un crime et que les années passent sans que l'affaire soit résolue ? C'est autour de cette thématique que Claire Le Luhern bâtit son roman. Il y a trente-cinq ans, un meurtre a été perpétré sur une jeune femme. Un homme s'est senti coupable et est même allé jusqu'à s'accuser du crime mais son meilleur ami l'a "sauvé" en effaçant toutes les traces. Comment leur amitié peut-elle survivre ? Les failles de l'enquête ont permis d'arrêter Cipras, qui a été condamné, au grand soulagement du véritable meurtrier qui a décidé d'oublier. Cipras, un homme amnésique, a été interné dans un hôpital psychiatrique. Sa mort et son autopsie révèlent cependant que pour des raisons médicales il ne pouvait être l'assassin. Juliette, une jeune policière de la brigade criminelle est chargée de mener l'enquête, en équipe avec deux vieux policiers proches de la retraite et qui semblent bien embêtés par cette vieille histoire qui refait surface... La jeune inspectrice se trouve fort décontenancée lorsque les première pistes la conduisent soit vers l'équipe des médecins légistes (avec qui elle a des bonnes relations) et qui ont peut-être été plus ou moins liés à la morte initiale des années auparavant, soit vers ses deux coéquipiers qui ont eu un passé un peu agité et avaient eux aussi côtoyé la victime.
Cela aurait pu suffire à construire le roman, d'autant plus que les pages sur l'amitié brisée entre les deux policiers, suite à un vieux malentendu en opposition au travail classique de la police obligée de revenir sur une enquête très ancienne, sont montrés avec intelligence et en utilisant un style dépouillé organisé sur la progression chronologique de l'intrigue. Voulant appuyer son propos, et montrer plus avant les ravages et les remords qui s'emparent d'un être (en lieu et place de s'intéresser aux pensées des policiers qui sont passés volontairement à côté de l'affaire trente-cinq ans plus tôt), Claire Le Luhern ajoute une contre-intrigue centrée sur le personnage de Juliette, lui aussi, obnubilé par une faute commise, qui l'entraîne dans des désarrois psychologiques et des solutions pharmaceutiques. Même si c'est intéressant, cela éloigne quelque peu de l'histoire policière qui du coup semble un peu lointaine et fait disparaître les deux victimes (la jeune femme et l'aliéné) au profit des bouleversements que la relance de l'enquête fait surgir. Ces deux jambes de nature différente et inégales en taille dans le roman font légèrement boiter l'intrigue et gênent quelque peu la fluidité de lecture ce qui peut faire passer le lecteur à côté d'une réflexion intéressante sur la culpabilité, la trahison et le temps qui passe matériellement sur des gens qui restent bloqués dans leur propre temporalité.

Nominations :
Prix de la ville de Mauves-sur-Loire
Prix littéraire du Goéland masqué 2014

Citation

En cet instant, elle était à nouveau cette interne débutante et balbutiante, qui remplissait des panneaux de niveau de pisse, qui vidait des bocaux et posait ses mains sur des corps. Juliette avait toujours détesté les hôpitaux.

Rédacteur: Laurent Greusard vendredi 28 mars 2014
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page