Des morts bien pires

En temps ordinaire, on dénombre 38000 cas de suicide annuellement. Pour l'an dernier, cela représente 4500 décès supplémentaires. De ce que je sais, le taux a grimpé à 15,5 sur le premier trimestre de cette année. En projection annuelle, on comptera 8400 suicides de plus au 31 décembre prochain.
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vendredi 19 avril

Contenu

Roman - Policier

Des morts bien pires

Urbain - Finance MAJ jeudi 26 juin 2014

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21,5 €

Francisco González Ledesma
Peores maneras de morir - 2013
Traduit de l'espagnol par Jean-Jacques Fleury, Marie-Neige Fleury
Paris : Rivages, avril 2014
376 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-2737-9
Coll. "Thriller"

Actualités

  • 16/06 Prix littéraire: Sélections 2014 des GPLP
    Mardi 17 juin, dans les locaux de la BiLiPo, le jury du Grand Prix de Littérature Policière a procédé à sa sélection de romans tant français qu'étrangers pour l'année 2014. Chaque sélection est composée de quatorze ouvrages inédits en France parus entre début juin 2013 et fin mai 2014. Le prix, lui, sera proclamé début septembre 2014. Rappelons que ce prix purement honorifique est l'un des plus vieux et respectés en France et qu'il est décerné par une brochette de spécialistes du genre. Assez classique dans ses choix, espérons qu'il accouchera de deux lauréats surprises. Rendez-vous est pris à la rentrée littéraire pour voir ce qu'il en est !

    Sélection française 2014 :
    - Pur, d'Antoine Chainas (Gallimard, "Série noire") ;
    - Chiens enragés, de Marc Charuel (Albin Michel, "Thrillers") ;
    - La Traque de la musaraigne, de Florent Couao-Zotti (Jigal, "Polar") ;
    - Terminus Belz, d'Emmanuel Grand (Liana Levi, "Policier") ;
    - Du vide plein les yeux, de Jérémie Guez (La Tengo) ;
    - Le Grand sacrifice, de Daniel Hervouët (Le Rocher, "Ligne de feu") ;
    - L'Homme qui a vu l'homme, de Marin Ledun (Ombres noires) ;
    - Yeruldegger, de Ian Manook (Albin Michel) ;
    - La Faux soyeuse, d'Éric Maravélias (Gallimard, "Série noire") ;
    - Aux animaux la guerre, de Nicolas Mathieu (Actes Sud, "Actes noirs") ;
    - La Madonne de Notre-Dame, d'Alex Ragougneau (Viviane Hamy, "Chemins nocturnes") ;
    - La Chute de Mr Fernand, de Louis Sanders (Le Seuil, "Seuil policiers") ;
    - Dawa, de Julien Suaudeau (Robert Laffont) ;
    - L'Hexamètre de Quintilien, d'Élisa Vix (Le Rouergue, "Rouergue noir").

    Sélection étrangère 2014 :
    - La Marionnette, d'Alex Berg (Actes Sud, "Actes noirs") ;
    - 911, de Shannon Burke (Sonatine) ;
    - La Danse de la mouette, de Camilla Läckberg (Actes Sud, "Actes noirs") ;
    - Le Dernier message de Sandrine Madison, de Thomas H. Cook (Le Seuil, "Seuil policiers") ;
    - Témoin de la nuit, de Kishwar Desaï (L'Aube, "L'Aube noire") ;
    - Des morts bien pires, de Francisco Gonzales Ledesma (Rivages, "Thriller") ;
    - Ghostman, de Roger Hobbs (Robert Laffont, "Best-sellers") ;
    - Dans la rue j'entends les sirènes, d'Adrian McKinty (Stock, "Cosmopolite noire") ;
    - Une disparition inquiétante, de Dror Mishani (Le Seuil, "Seuil policiers") ;
    - La Fille du bourreau, d'Oliver Pötzsch (Jacqueline Chambon) ;
    - Une terre d'ombre, de Ron Rash (Le Seuil, "Cadre vert") ;
    - Empty Mile, de Matthew Stockoe (Gallimard, "Série noire") ;
    - Zarbi, de Cathi Unsworth (Rivages, "Thriller") ;
    - Né sous les coups, de Martyn Waites (Rivages, "Thriller").
    Liens : Pur |La Traque de la musaraigne |Terminus Belz |L'Homme qui a vu l'homme |Yeruldegger |La Faux soyeuse |Aux animaux la guerre |L'Hexamètre de Quintilien |La Danse de la mouette |Témoin de la nuit |Une disparition inquiétante |Une terre d'ombre |Empty Mile |Zarbi |Né sous les coups |911 |Dawa |La Marionnette |Antoine Chainas |Florent Couao-Zotti |Emmanuel Grand |Jérémie Guez |Daniel Hervouët |Marin Ledun |Ian Manook |Louis Sanders |Élisa Vix |Camilla Läckberg |Thomas H. Cook |Kishwar Desai |Ron Rash |Matthew Stokoe |Cathi Unsworth

Tout éteindre et partir

Depuis sa première apparition dans le roman policier, Mendez est un flic atypique : vieux, lymphatique, n'écoutant que ses sympathies pour les gens de peu et les prostituées, il a mené une longue carrière terne où même ses "succès" d'investigation n'ont pas entamé sa nostalgie et son mal de vivre. Et ce n'est pas un hasard si cette nostalgie se manifeste tout au long de l'intrigue qui relate son ultime enquête : dès les premières lignes, Francisco Gonzalez Ledesma revient sur une affaire très ancienne où, sans le faire exprès, son inspecteur a abattu un voleur. Aujourd'hui, il vient fleurir la tombe de sa victime, puis il commence une enquête autour de vieux immeubles que les promoteurs convoitent, attendant la mort des derniers locataires, murant les appartements désertés au fur et à mesure.
Le ton est donné et, sans appuyer exagérément, l'auteur va teinter de couleurs automnales son histoire : vieux logements qui suintent la pauvreté, demeures de familles bourgeoises à l'ancienne, finissantes et vendant les bijoux de famille l'un après l'autre, poubelles qui servent de maisons aux abandonnés. Des morts bien pires joue sur la dichotomie entre cet ancien monde des petites gens, de la solidarité, qu'elle soit catholique ou communiste, et les parvenus qui s'appuient sur le capitalisme moderne, sur des sociétés écrans en cascade, sur la violence, la corruption et la mondialisation pour asseoir encore davantage leur pouvoir.
Aucune illusion chez Mendez car les riches truands resteront impunis, seuls les petits et les pauvres trinquent. Si des méchants paient, c'est uniquement parce que d'autres plus vicieux et plus gros, veulent prendre leur place. Mendez déambule dans sa ville et Francisco Gonzalez Ledesma décrit Barcelone comme dans un long poème mélancolique où tous les éléments se répondent avec talent pour annoncer la mort de la vieille Barcelone, peut-être même de l'Espagne. Le seul personnage qui provoque l'action est une jeune Ukrainienne, sortant d'asile, comme pour signaler que le dynamisme et l'énergie viennent d'ailleurs, bousculant la vieille Europe, engluée dans une longue et lente agonie, presque douce.
Des morts bien pire décrit, à travers l'itinéraire d'un personnage, sans pathos, comment meurt une civilisation, sans convulsions, mais d'épuisement, de langueur, de trop d'humanité dans un univers trop cynique. Un chant du cygne rendu avec délicatesse et touches fines, au sein d'une intrigue en colimaçon, revenant sans cesse sur elle-même, pour progresser, et qui montre un Francisco Gonzalez Ledesma au sommet de son écriture.

Nominations :
Grand prix de la littérature policière - roman étranger 2014

Citation

Elle aussi avait cherché un monde meilleur, et maintenant elle découvrait, au milieu de l'indifférence des masses informes qui arpentent les trottoirs, insensibles à une réalité autre que la leur, que ce monde meilleur n'existait pas et que probablement il n'existerait jamais.

Rédacteur: Laurent Greusard samedi 14 mai 2016
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