La Grande anthologie des chambres closes et du crime impossible, 1

Erik ralentit à peine en arrivant près de la masse compacte des rennes affolés, il fallait briser le cercle à tout prix, éparpiller les bêtes, il s'accrocha tant les remous étaient violents, dans une écume blanchâtre qui se confondait avec la bave moussante qui coulait de la gueule des rennes.
Olivier Truc - Le Détroit du Loup
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

Éclipse totale
Harry Hole a été exclus de la police, ce qui ne l'empêche pas de couler des jours heureux, bouteille ...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

jeudi 28 mars

Contenu

Nouvelle - Policier

La Grande anthologie des chambres closes et du crime impossible, 1

Huis-clos - Énigme MAJ jeudi 17 juillet 2014

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 25 €

Collectif
Anthologie présentée par Roland Lacourbe
Préface de Martin Winckler
William Brittain (nouvelle)
Christianna Brand (nouvelle)
Joseph Commings (nouvelle)
William Krohn (nouvelle)
Arthur Porges (nouvelle)
J. Barine (nouvelle)
Bill Pronzini (nouvelle)
Patrick Pommier (nouvelle)
Charles B. Child (nouvelle)
Edward D. Hoch (nouvelle)
Jack Wodhams (nouvelle)
Lillian de La Torre (nouvelle)
Traduit du français par Danièle Grivel, Christiane Aubert, Œuvrard
Templemars : Manannan, juin 2014
544 p. ; 24 x 15 cm
ISBN 9791091036108

Tour du monde criminel

Roland Lacourbe au fil des années s'est fait une spécialité du meurtre en chambre close et du crime impossible au point d'en égrener les anthologies chez de nombreux éditeurs. Pour les éditions Manannan, il présente des nouvelles disparates dans un ordre cohérent avec une large place à des auteurs contemporains français ce qui, avouons-le, est un pied de nez aux idées reçues. Non, le meurtre en chambre close ne se trouve pas uniquement dans de vieux romans anglais et américains poussiéreux des années 1920-1930. Et si l'on a en plus en tête que le crime impossible sera résolu par un détective orgueilleux et infaillible, les deux premières nouvelles permettent de se rendre compte que parfois aussi le criminel surclasse l'enquêteur, voire se joue de lui.

La préface de Martin Winckler montre avant tout l'admiration qu'il a et pour les chambres closes et pour Roland Lacourbe, et par le biais de sa fascination pour les nouvelles de Edward D. Hoch consacrées aux Chambres closes du Dr Hawthorne, l'on se remémore son excellent article paru dans Le Monde le 20 juillet 2012. Un écho littéraire et ludique tout particulier avant que l'on se jette à lecture perdue dans ces ingénieuses nouvelles. Ne nous y méprenons pas ! Celles-ci proposent des crimes ordinaires dans des situations extraordinaires avec une pléthore de détectives ou d'assistants de détectives (des professeurs, des scientifiques...) tous plus ou moins mais surtout plus excentriques. Très peu sont des professionnels, beaucoup sont des amateurs. La passion, la jalousie, l'enrichissement sont les moteurs des criminels. Le principal mérite de Roland Lacourbe, outre le fait d'avoir sélectionné ces textes courts qui appartiennent plus au "kommenkafé" qu'au "kikafé", est de les contextualiser et de nous faire une présentation de l'auteur dans un style simple, érudit et pourtant très agréable à lire. Ces nouvelles, qu'elles soient historiques ou contemporaines, urbaines ou rurales, le lecteur sait qu'elles vont doucement le bercer et le berner. Il y a des empreintes impossibles, des machines improbables, des machinations ourdies, des observateurs patentés et des criminels impulsifs mais intelligents. L'on se promène sous la neige avec la peur du piège à loups, l'on descend sur la plage où le sable révèle des indices étonnants, l'on escalade une colline sans se douter qu'un simple cerf-volant peut servir à fomenter un crime et établir un alibi, un rocher peut être le témoin accusateur d'un meurtre, un arbre celui de la disparition d'un homme. Parfois, l'auteur prend un malin plaisir à cacher des éléments qui pourraient nous mettre sur la voie. Parfois, au contraire, la solution nous parait hautement évidente, mais le style rend la résolution agréable. Et puis il y a les trois nouvelles de Patrick Pommier dont on ne mesurait pas la force narrative, et qui sont une belle surprise.

Pour agrémenter le tout, Roland Lacourbe rappelle quelques véritables faits divers sur fond d'arnaque ou d'intelligence canine ; quelques uns sont des supputations qui laissent planer un doute paranoïaques, d'autres sont avérés laissant penser que l'imagination machiavélique n'a pas de limites. Celle des écrivains non plus et, franchement, après la lecture de ces cinq cent cinquante pages, vous n'aurez qu'une envie : celle de vous replonger dans les œuvres de John Dickson Carr et de vous confronter à ces détectives qui pratiquent, à l'instar de la Miss Marple d'Agatha Christie, la résolution en vase clos d'un meurtre - le nec plus ultra du genre, la mise en abime du crime impossible et du meurtre en chambre close. Heureusement qu'en France, il se trouve des éditeurs pour faire confiance à Roland Lacourbe. Y aura-t-il un deuxième volume ? Espérons-le...

NdR - L'anthologie comporte les nouvelles suivantes : "La Première chambre close", de Lillian de La Torre ("Murder Lock'd In", 1980 ; traduction de Danièle Grivel), "Les Grillons de maître Gemminy", de Christianna Brand ("The Gemminy Cricket Case", 1968 ; traduction deM. Œuvrard), "Un as dans la manche", de Bill Pronzini ("Ace in the Hole", 1986 ; traduction de Danièle Grivel), "L'Impossible assassinat du Dr Satanus", de William Krohn ("The Impossible Murder of Dr Satanus", 1965 ; traduction de Danièle Grivel), "L'Arme à gauche", de Patrick Pommier (2000), "La Maison du noyé", de Patrick Pommier (2004), "La Tente du verdict", de Patrick Pommier (inédite), "Le Crime impossible", de J. Barine (2006), "Mort dans la quatrième dimension", de Charles B. Child ("Death in the Fourth Dimension", 1952 ; traduction de Danièle Grivel), "Au sommet d'un arbre...", d'Edward D. Hoch ("The Tomb at the Top of the Tree", 1969 ; traduction de Danièle Grivel), "Dans le gouffre du temps", de Jack Wodhams ("Big Time Operator", 1970 ; traduction de Danièle Grivel), "L'Empreinte impossible", de William Brittain ("The Impossible Footprint", 1974 ; traduction de Danièle Grivel), "Un escalier vers le néant", de Joseph Commings & Edward D. Hoch ("Stairway To Nowhere", 1979 ; traduction de Danièle Grivel), "Un suspect trop évident", de Arthur Porges ("A Puzzle on Sand", 1961 ; traduction de Danièle Grivel), "La Mort silencieuse", de Arthur Porges ("The Silent Death", 1968 ; traduction de Danièle Grivel), "Le Language des fleurs", de Arthur Porges ("Those Daisies Told", 1968 ; traduction de Christiane Aubert), "Mystère et boule de gomme", de Arthur Porges ("A Sticky Case", 1967 ; traduction de Danièle Grivel), "Meurtre au sommet", de Arthur Porges ("First Degree Murder", 1962 ; traduction de Danièle Grivel), "Le Syndrôme fantastique", de Arthur Porges ("The Unnatural Cause", 1960 ; traduction de Danièle Grivel) & "Meurtre en vidéo", de Arthur Porges ("Murder on Video Tape", 1966 ; traduction de Danièle Grivel).

Citation

Il n'existe pas d'innocents, seulement des moins coupables. Cet homme mérite de mourir, et il mourra, croyez-moi.

Rédacteur: Julien Védrenne jeudi 17 juillet 2014
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page