Tristesse de la terre : une histoire de Buffalo Bill Cody

En règle générale, quand on sait où sont enterrés les cadavres, on finit tôt ou tard dans la même fosse commune.
Don Winslow - L'Heure des gentlemen
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Non fiction - Western

Tristesse de la terre : une histoire de Buffalo Bill Cody

Ethnologique - Social - Crépusculaire MAJ mardi 30 septembre 2014

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 18 €

Éric Vuillard
Arles : Actes Sud, août 2014
158 p. ; illustrations en noir & blanc ; 19 x 10 cm
ISBN 978-2-330-03599-0
Coll. "Un endroit où aller"

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    Palmarès :

    Meilleur livre :
    Lauréat : Le Royaume, d'Emmanuel Carrère (P.O.L.).

    Meilleur roman étranger :
    Lauréat : Et rien d'autre, de James Salter (L'Olivier).
    Finalistes : Les Réputations, de Juan Gabriel Vásquez (Le Seuil) & Le Chardonneret, de Donna Tartt (Plon).

    Meilleur roman français :
    Lauréats : Réparer les vivants, de Maylis de Kerangal (Vertical) & L'Amour et les forêts, d'Éric Reinhardt (Galimard).
    Finalistes : La Petite communiste qui ne souriait jamais, de Lola Lafon (Actes Sud) & En finir avec Eddy Bellegueule, d'Édouard Louis (Le Seuil).

    Révélation étrangère :
    Lauréat : Le Fils, de Philipp Meyer (Albin Michel).
    Finalistes : Entre les jours, d'Andrew Porter (L'Olivier) & Le Tabac Tresniek, de Robert Seethaler (Sabine Wespieser).

    Révélation française :
    Lauréat : Les Rands, de Sylvain Prudhomme (Gallimard).
    Finalistes : Si le froid est rude, d'Olivier Benyahya & La Condition pavillonnaire, de Sophie Divry (Noir sur Blancc/Notabilia).

    Premier roman français :
    Lauréat : Debout-payé, de Gauz (Le Nouvel Attila).
    Finalistes : Dans le jardin de l'ogre, de Leïla Slimani (Gallimard) et Tram 83, de Fiston Mwanza Mujila (Métailié).

    Premier roman étranger :
    Lauréat : Notre quelque part, de Nii Ayikwei Parkes (Zulma).
    Finalistes : Le Ravissement des innocents, de Taiye Selasi (Gallimard) & Le Complexe d'Éden Bellwether, de Benjamin Wood (Zulma).

    Récit :
    Lauréat : Tristesse de la terre, d'Éric Vuillard (Actes Sud).
    Finalistes : Le Météorologue, d'Olivier Rolin (Le Seuil) & Amour de pierre, de Grazyna Jagielska (Les Équateurs).

    Polar :
    Lauréat : Après la guerre, de Hervé Le Corre (Rivages).
    Finalistes : Ombres et Soleil, de Dominique Sylvain (Viviane Hamy) & Un vent de cendres, de Sandrine Collette (Denoël).

    Roman noir :
    Lauréat : Une terre d'ombre, de Ron Rash (Le Seuil).
    Finalistes : 911, de Shannon Burke (Sonatine) & Ne reste que la violence, de Malcolm Mackay (Liana Levi).

    Enquête :
    Lauréat : Extra pure : voyage dans l'économie de la cocaïne, de Roberto Saviano (Gallimard).
    Finalistes : Smart : enquête sur les Internets, de Frédéric Martel (Stock) & Une si jolie petite fille, de Gitta Sereny (Plein Jour).

    Biographie :
    Lauréat : Fouché : les silences de la pieuvre, d'Émmanuel de Waresquiel (Tallandier/Fayard).
    Finalistes : Jules Ferry, de Mona Ozouf (Gallimard) & Notre Chanel, de Jean Lebrun (Bleu autour).

    Histoire :
    Lauréat : Le Feu aux poudres : qui a déclenché la guerre en 1914 ?, de Gerd Krumeich (Belin).
    Finalistes : La Chute de Rome, de Bryan Ward-Perkins (Alma) & Dictionnaire amoureux de la Résistance, de Gilles Perrault (Plon/Fayard).

    Autobiographie :
    Lauréat : Et dans l'éternité je ne m'ennuierai pas, de Paul Veyne (Albin Michel).
    Finalistes : Un homme amoureux, de Karl Ove Knausgaard (Denoël) & Les Feux de Saint-Elme, de Daniel Cordier (Gallimard).

    Sciences :
    Lauréat : Le Code de la conscience, de Stanislas Dehaene (Odile Jacob).
    Finalistes : Plaidoyer pour la forêt tropicale, de Francis Hallé (Actes Sud) & Pasteur et Koch, de Annick Perrot & Maxime Schwartz (Odile Jacob).

    Voyage :
    Lauréat : Les Oies des neiges, de William Fiennes (Hoëbeke).
    Finalistes : Pô, le roman d'un fleuve, de Paolo Rumiz (Hoëbeke) & L'Oural en plein cœur, d'Astrid Wendlandt (Albin Michel).

    Bande dessinée :
    Lauréat : La Technique du périnée, de Ruppert & Mulot (Dupuis/Aire Libre).
    Finalistes : L'Arabe du futur, de Riad Sattouf (Allary Editions) & Moi, assassin, d'Antonio Altarriba & Keko (Denoël Graphic).

    Jeunesse :
    Lauréat : Adam et Thomas, d'Aharon Appelfeld (L'École des loisirs).
    Finalistes : Humains, de Matt Haig (Hélium) & Le Livre de Perle, de Timothée de Fombelle (Gallimard jeunesse).

    Livre audio :
    Lauréat : Éloge de l'ombre, de Junichirô Tanizaki, lu par Angelin Preljocaj (Naïve).
    Finalistes : L'IInsoutenable légèreté de l'être, de Milan Kundera, lu par Raphaël Enthoven (Gallimard) & Une femme aimée, d'Andreï Makine, lu par Bertrand Suarez-Pazos (Thélème).
    Liens : Moi, assassin |Après la guerre |Le Chardonneret |Un vent de cendres |Une terre d'ombre |911 |Une si jolie petite fille : les crimes de Mary Bell |Maylis de Kerangal |Hervé Le Corre |Dominique Sylvain |Ron Rash |Lire

  • 10/11 Presse: Pas de Prix Wepler-Fondation La Poste pour Éric Vuillard
  • 06/11 Prix littéraire: Deuxième sélection 2014 du Prix des Libraires
  • 22/10 Prix littéraire: Sélections 2014 du Prix Femina
  • 13/10 Prix littéraire: Première sélection 2014 du Prix des libraires
  • 09/10 Prix littéraire: Deuxième sélection 2014 des Prix Femina
  • 30/09 Librairie: Buffalo Bill sur la Canebière
  • 10/09 Prix littéraire: Sélection 2014 du Prix Wepler-Fondation La Poste
  • 10/09 Prix littéraire: Prix littéraire du Monde 2014 : Carrère plutôt que Vuillard

L'art du spectacle

Dans une vision toute cinématographique, Éric Vuillard nous propose la dernière partie de la vie de Buffalo Bill Cody, fantasmée et édulcorée, en un texte plaisant qui ouvre quelques pistes sur l'émergence de la société du spectacle au crépuscule de la conquête de l'Ouest. Et c'est bien ainsi que l'on doit décrypter les dernières années de la vie d'un homme qui est quelque peu dans notre imaginaire l'égal de Davy Crockett. Pourtant, à l'instar du représentant de l'État du Tennessee, l'homme est un "holy bastard", exterminateur sans pitié de bisons dans le but avoué de repousser (au mieux) les indiens au fin fond de réserve désertiques où ne poussaient que des bouteilles de mauvais alcool.

Mais le pan de sa vie qui intéresse l'auteur est celui que le tireur consacre à sa troupe de théâtre populaire, le Buffalo Bill's Wild West. Il nous fait plonger dans un monde étonnant qui évoque la résurgence des jeux du cirque avec des spectacles à couper le souffle, des batailles épiques revisitées qui portent haut la gloire de la nation et qui font pousser des hurlements de haine chez les spectateurs qui veulent voir le sang des indigènes couler. Rien ne semble échapper à son œil. Le lecteur plonge dans les affres techniques et administratives car si le show est souvent réussi, il ne tient qu'à un fil financier. Et pourtant, le Buffalo Bill's Wild West, pionnier du genre, va à la rencontre de spectateurs avides aussi bien aux États-Unis qu'en Europe.

L'Europe, et la France, c'est là que Éric Vuillard réussit peut-être à dresser le plus joli et intéressant portrait de Buffalo Bill en mettant en avant la solitude d'un homme ravagé par l'alcool, la noirceur d'une vie, qui se nourrit sexuellement de femmes de petites vertus et qui tombe peu à peu dans une décrépitude physique.
C'est là aussi qu'il fait ressurgir l'aspect visionnaire et empreint d'américanisme d'un homme tourmenté entre ses amitiés qu'il souhaite indéfectibles et son besoin de faire surnager sa dernière œuvre, son spectacle artistique avec toute sa grandeur. Dans un souci dans mettre plein la vue, Buffalo Bill aura convaincu l'un des plus grands chefs sioux, le respectable Sitting Bull, de faire partie de son show. L'indien ne sera pas autorisé à partir en Europe, dans l'intervalle il soutiendra les adeptes de la danse des esprits - un mouvement religieux indien qui trouvera une sanglante résolution lors du massacre de Wounded Knee - ce qui lui vaudra une tragique tentative d'arrestation et un lâche assassinat. Parti se recueillir sur sa dépouille, Buffalo Bill n'en oubliera pas moins de récupérer des reliques, marketing oblige.

C'est cette histoire doublement tragique et bouleversante, que nous narre Éric Vuillard. Elle est romancée, magnifiée, rendue légendaire, mais elle est aussi critique.
Le lecteur intéressé, curieux d'en savoir plus sur cet homme, incarnation de l'épopée américaine, pourra se plonger dans Vie et aventures de Buffalo Bill, un ouvrage d'Albert Bonneau, qui a été réédité l'année dernière aux Ateliers Fol'Fer. Albert Bonneau (1898-1967) étant l'une des figures marquantes de la littérature populaire française, l'une des figures de proue du western.

Récompenses :
Prix Joseph Kessel-SCAM 2015
Prix d'une vie 2014

Citation

Ainsi, tandis que Buffalo Bill poursuivait son immense périple autour du vide, n'attirant plus autant les foules qu'auparavant, perdant de l'argent même, et cependant incapable de s'arrêter, Elmer fondait Luna Park.

Rédacteur: Julien Védrenne mercredi 12 novembre 2014
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