L'Innocence

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Contenu

Roman - Thriller

L'Innocence

Fantastique - Psychologique MAJ mardi 30 septembre 2014

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20 €

Brian Deleeuw
In This Way I Was Saved - 2009
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Claro
Paris : Super 8, septembre 2014
350 p. ; 20 x 14 cm
ISBN 978-2-37056-012-4

Précis de solipsisme

En 1992, les lecteurs de la collection "Terreur" chez Pocket découvraient Thomas Tryon à travers son roman L'Autre (qui fut même adapté pour le cinéma). L'Autre parlait de deux frères jumeaux dont l'un était (évidemment) le double maléfique de l'autre. Avec un sens aigu du suspense, l'écrivain, puis le cinéaste posaient même la question de savoir s'il s'agissait réellement de jumeaux ou si l'enfant ne se dédoublait pas, comme certains tueurs en série auraient une double personnalité. C'est un thème quasiment similaire qu'utilise aujourd'hui Brian Deleeuw dans ce roman. Luke a six ans et se rend compte que ses parents vont divorcer. Alors apparaît Daniel qui va jouer avec lui, puis vivre avec lui. Très vite, le lecteur comprend que ce double est fantasmé, contrôlé plus ou moins par une camisole chimique. Tout le suspense du roman tient à l'imagination de l'auteur, à une description réaliste, lente et minutieuse, des tentatives de contrôle du corps par ce double qui utilise toutes les ruses et les possibilités pour faire basculer Luke du côté obscur...
L'Innocence est un roman d'atmosphère, d'ambiance et de grignotage des marges dont la lecture voit naitre l'angoisse de cette impression que, quoi qu'il se passe, le mal va percer la frontière et prendre les commandes. Là où L'Autre se situait dans les méandres des années 1930, dans une Amérique rurale, L'Innocence déploie ses toiles d'araignée dans la grande ville, de nos jours. Pas de grandiloquence, d'envolées sanglantes gore, juste un "ami" qui tombe dans un trou, un chien qui vomit et meurt, une scène amoureuse qui vire au voyeurisme. Et pourtant, l'angoisse, la peur d'être dépossédé de sa propre volonté, l'impression de regarder sa propre vie en spectateur (renforcée par des scènes où le personnage revit le passé familial en rêvant qu'il s'introduit dans une maison de poupées représentant la demeure ancestrale), le soin méticuleux à décrire une vie d'innocence rongée, peu à peu et de toute part, constitue le tour de force littéraire d'un ouvrage éloigné des canons classiques du genre, se faufilant entre policier psychologique, fantastique psychanalytique et retour du refoulé à travers les générations.

Citation

J'aimais l'idée d'une Claire définitivement enfermée dans sa chambre, reléguée tel un secret honteux ; je voulais que cette situation se prolonge aussi longtemps que possible.

Rédacteur: Laurent Greusard mardi 30 septembre 2014
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