Satan était un ange

À la suite vient le vin d'honneur coutumier. Le Boss a plusieurs fois confié à Gustave qu'il s'agit selon lui des moments les plus importants des campagnes, boire un verre, même si on n'en a aucune envie, pour ne pas paraître bégueule, tenir des discussions animées avec des hommes et des femmes qu'on ne reverra probablement jamais, même si on n'a rien à leur dire, paraître à tout moment intéressé et intelligent, ouvert et souriant, séduire sans être pour autant trop proche, sans pour autant que ça se voie, voilà quelle est la gageure, celle que neuf candidats sur dix ne parviennent pas à surmonter. Les journalistes et les médias n'en ont que pour le fond. Le programme, les idéologies, les idées. Ils oublient que le fond, tout le monde ou presque s'en moque. Ce qui fait le vainqueur, ce qui les départage, c'est uniquement la forme. Le sourire, les bises, les attitudes. La tenue de la fourchette et la façon de trinquer.
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Roman - Thriller

Satan était un ange

Road Movie - Gang MAJ mardi 02 décembre 2014

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 18,9 €

Karine Giébel
Paris : Fleuve, novembre 2014
336 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-265-09839-8
Coll. "Fleuve noir. Thriller"

Rétro-noir

François Davon, avocat à succès, prend un jour sa voiture pour s'enfuir. Pourtant, il ne peut distancer son futur assassin : une tumeur au cerveau. Mais sa vie va basculer une fois de plus lorsqu'il prend en stop le jeune et sympathique Paul Costino. Il apprend vite que celui-ci est poursuivi par des tueurs bien réels, et une étrange relation va se nouer entre l'homme hanté par sa mort programmée et le criminel en mal de rédemption...
Après un Purgatoire des innocents qui a partagé les lecteurs de par sa complaisance dans la violence qui en faisait un équivalent littéraire du "torture porn" cinématographique, Karine Giébel continue d'exploiter les grands thèmes du polar avec cette course poursuite très années 1970-1980 (on y compte d'ailleurs en francs et l'époque où se situe l'action n'est pas donnée, bien que sans déflorer, une référence à une actualité passée la situe temporellement). On en vient à évoquer une improbable rencontre entre un Lino Ventura ou un Jean Rochefort avec un jeune loup d'alors, Bernard Giraudeau ou Gérard Lanvin, dans les rôles principaux d'un film inexistant... L'ensemble fonctionne et prend peu à peu de l'ampleur au fil des pages, déployant les thèmes chéris de l'auteur : l'engrenage de la violence, la rédemption toujours possible, et un souci de dénonciation des tares actuelles, à commencer par la lâcheté ordinaire et le confort intellectuel illusoire (ne ratez pas la postface qui ancre le roman dans la réalité sordide). En bref, d'appuyer là où ça fait mal ce qui la distingue des usineurs de thrillers industriels au kilo. Reste le style, tant décrié par les puristes, mais qui insuffle au récit un rythme haletant, loin des astuces des dits usineurs de thrillers industriels se contorsionnant pour cacher le fait qu'il ne se passe pas grand-chose, sans oublier l'émotion et l'empathie pour les personnages. Un roman qui ne révolutionnera pas le genre et n'en a pas l'ambition, mais qui réussit son pari (démesuré) de distraire sans insulter l'intelligence du lecteur. De nos jours, c'est déjà pas mal...


On en parle : Lire n°434 |L'Indic n°23

Citation

Dans la même voiture, sur une même route, deux hommes que tout semble opposer et qui pourtant fuient ensemble des destins différents. Après tout, pourquoi sans cesse trouver des explications ?

Rédacteur: Thomas Bauduret mardi 02 décembre 2014
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