Yellowstone

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Roman - Thriller

Yellowstone

Anticipation - Social - Terrorisme - Crépusculaire MAJ jeudi 04 décembre 2014

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21 €

Ludovic Albar
Saint-Laurent-d'Oingt : Mnémos, octobre 2014
362 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-35408-279-6

Pire à venir

Les éditions Mnémos ont surtout publié dans les littératures de l'imaginaire fantastique ou science-fictif où elle se sont taillé une solide réputation. Ludovic Albar, l'auteur de ce Yellowstone, s'est fait également connaitre du public par une trilogie nettement située dans un futur lointain. Aussi, il était logique que le passage en littérature étiquetée "Thriller" serait quand même teintée des caractères génériques d'origine. Le cadre de l'intrigue est nettement futuriste, mais dans un futur proche comme une simple extrapolation pessimiste de notre présent. La civilisation européenne est en train de s'effondrer : d'un côté des savants et des politiques qui espèrent trouver une solution dans l'expansion vers l'espace en partenariat avec les Américains et l'empire chinois. De l'autre, des populations qui vivent dans la crise, les ruines et les derniers feux d'une culture mourante. Diverses communautés tentent de survivre dans des quartiers ghettoïsés, sous la surveillance d'une police militarisée et violente. Les révoltes et les coups d'État couvent, et les néo-fascistes qui ont du mal à poser les jalons d'une Europe ethniquement pure (malgré des pogroms et autres tentatives de génocide) sont prêts à faire couler le navire sociétal, quitte à sombrer avec.
Dans cette atmosphère de déliquescence extrême, un groupe de trois policiers est chargé d'une mission de la dernière chance en infiltrant les ferments révolutionnaires ou policiers. Les éléments d'anticipation sont importants : armes nouvelles, animaux clonés jusqu'au bizarre (puisque l'un des protagonistes a un chat qui peu à peu se transforme en tigre-sabre), stations orbitales en chantier, policiers qui ont une puce qui leur permet de ressusciter dans un autre corps. Mais les éléments policiers ne sont pas en reste : complots, luttes de pouvoirs entre les différentes factions gouvernementales, liens entre police et mafia pour contrôler les populations, violences de gangs urbains, enquêtes pour découvrir qui a saboté un vaisseau spatial ou qui est à l'origine d'un charnier.
Les deux éléments se répondent pour renforcer la noirceur de l'ensemble d'un texte dont le titre est une référence au parc, et surtout au volcan qui se réveille au milieu du roman et prépare la disparition du peuple nord-américain avec son exode vers l'Europe et le début d'une nouvelle phase de la destruction de l'humanité. Vu principalement par un policier qui infiltre une unité dont le chef fait peut-être partie des comploteurs néo-fascistes, le récit ne tourne pas à la grandiloquence version Maurice G. Dantec mais cerne, avec justesse, dureté et noirceur, la vie misérable dans un Paris qui n'en finit pas de mourir. Le récit pourrait être, de l'intérieur, celui d'un citoyen romain de la fin du IVe siècle lorsque tout part à vau-l'eau, et que l'Empire se désagrège devant les hordes barbares, pourtant Ludovic Albar parvient par le dynamisme de ses personnages à captiver le lecteur, à lui donner l'envie de continuer à regarder sombrer la civilisation qu'il décrit car, malgré l'angle futuriste, cet avenir semble dangereusement crédible et déjà présent dans notre quotidien.

Citation

Je rêve, alors que déjà les hommes fuient, carbonisés par leur bêtise, rongés par leur avidité, leur stupidité sans limites et sans honte.

Rédacteur: Laurent Greusard jeudi 04 décembre 2014
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