Les Anges de l'abîme

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Roman - Noir

Les Anges de l'abîme

Vengeance - Trafic - Faits divers MAJ mardi 09 décembre 2014

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

À partir de 14 ans

Prix: 14,9 €

Magnus Nordin
Avgrundens änglar - 2013
Traduit du suédois par Emmanuel Curtil
Rodez : Le Rouergue, octobre 2014
342 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-8126-0716-5
Coll. "DoAdo Noir"

Vengeance organisée

Alice – ou quelque soit son prénom, elle ne sait plus et a appris à ne plus se poser la question – a enfin trouvé des amis dans ce nouveau lycée qu'elle fréquente. Un exploit qui s'explique finalement assez simplement : tout comme elle, Hannes, Molly et Samira ont subi bien plus que ce que la vie ne devrait infliger à chacun d'entre nous. Harcelés ou agressés sexuellement, ils ont en commun de devoir vivre avec cette blessure mais aussi et surtout de savoir que leurs bourreaux n'ont pas été réellement inquiétés. Depuis, ils se cachent et vivent dans la peur ; double peine pour ces jeunes adultes qui restent résolument à l'écart de leurs camarades. Bien sûr qu'ils veulent se venger, mais cette option ne parait pas en être une tant qu'ils sont isolés. Pourtant, lorsqu'ils se rencontrent "par hasard", le projet prend naturellement forme – les Anges de l'abîme en sont l'incarnation - et les conduira bien plus loin qu'ils ne l'avaient soupçonné. La nature humaine peut être incommensurablement sombre ; ils apprendront cette leçon à leurs risques et périls.
La petite ville suédoise de Fjärlunda parait bien calme. Lorsque Alice et sa mère, qui fuient un passé violent dans l'anonymat et par de multiples déménagements, s'y installent, la jeune femme pense que cette fois il leur sera possible de ne plus regarder par-dessus leur épaule à chaque pas. Avec brio, Magnus Nordin tisse dès les premières lignes cet atmosphère si sombre et oppressant qui caractérise ce roman et qui renvoie à l'état d'esprit d'Alice. Si elle est déterminée à vivre envers et contre son père, la peur est omniprésente ; c'est pourquoi lorsque l'une de ses professeurs, Molly, lui propose de rencontrer d'autres jeunes abîmés par la vie, elle pense trouver là des alliés pour se reconstruire. Or, leurs projets sont tout autre : ils traquent les délinquants sexuels qui chassent sur le net, attirant dans des pièges des pédophiles amateurs ou confirmés. Mais avec leurs passés tourmentés, cette quête de la vengeance les conduit sur les traces de leurs propres drames, rouvrant des plaies jamais réellement cicatrisées.
L'auteur n'a aucune pitié pour son lecteur : il l'immerge dans cet univers de perversion dans lequel évoluent des monstres tellement réalistes et des proies anéanties et brisées. Difficile parfois de supporter la violence des descriptions et des tortures, d'autant que comme les Anges, nous ne sommes pas préparés, pour la plupart d'entre nous, à rencontrer cette effrayante part de l'humanité. Nous sommes ballotés entre peur et révolte, répulsion et pitié, effroi et... envie de vengeance. Une vengeance qui sera très périlleuse pour les jeunes gens, mais aura-t-elle cette vertu curative en laquelle ils voulaient croire ? Magnus Nordin a cherché – et réussi - à faire comprendre à quel point les victimes sont doublement atteintes lorsque les preuves ne sont passez nombreuses (ou pas recherchées) pour confondre leurs agresseurs, à quel point les systèmes judiciaires peuvent être dépassés par ces criminels, souvent aussi malins que redoutables. Magnus Nordin nous offre un polar nordique glaçant qui s'adresse aux lecteurs avertis, et pose la question de la prise en charge des victimes, de l'intérêt et de la pertinence de la vengeance, de la difficulté de traquer en ligne les pervers et de les empêcher d'agir. Une réflexion dérangeante mais passionnante, une intrigue haletante et effrayante, et un ouvrage qui trouble et interroge incontestablement à ne pas mettre entre toutes les mains.

Citation

Car lorsque l'âme humaine est confrontée aux pires épreuves, il arrive toujours un moment où elle craque , comme un disjoncteur cédant quand la charge électrique est trop forte [...] Elle se répéterait alors, tel un mantra : Non, ce n'est pas en train d'arriver. Non, ce n'est pas en train d'arriver ...

Rédacteur: Catherine Thiéry vendredi 05 décembre 2014
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