Citizen Sidel

- Vous n'incinérez pas ces morts. Il y a une raison ? - C'est mon flair de policier. Ces deux hommes ne sont pas morts par simple noyade, je crois. Et si je me trompe, leurs proches pourront toujours voir leur dépouille.
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Roman - Noir

Citizen Sidel

Politique - Corruption - Urbain - Complot MAJ mardi 09 décembre 2014

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 7,5 €

Jerome Charyn
Citizen Sidel - 1999
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Marc Chénetier
Paris : Rivages, novembre 2014
238 p. ; 17 x 11 cm
ISBN 978-2-7436-2922-9
Coll. "Noir", 973

Raskolnikov ou Tolstoï

Quand en 1973 Jerome Charyn écrit Zyeux bleus, il crée Isaac Sidel, un étrange personnage de roman, Don Quichotte juif au grand cœur, qui combat le Mal new-yorkais avec des méthodes toutes personnelles. Inspecteur, commish, puis maire de la ville : son ascension est fulgurante comme seule peut l'être celle d'un mythe. Pourtant, Isaac "Sinbad" Sidel n'est pas exempt de tous reproches, et le surnom qui le suit tout au long de ce Citizen Sidel alors qu'il est co-listier pour les Démocrates de J. Michael Storm aux élections américaines est révélateur : Sinbad n'est pas seulement le marin qui navigue en eaux troubles, c'est l'image du Mal dans toute son ampleur, c'est l'association des termes anglais "sin" et "bad". Est-ce utile de vous faire un dessin ? Celui qui fut un temps affligé d'un ver solitaire par des épiciers mafieux juifs, n'a gardé que la solitude et son amour pour Margaret Tolstoï, une tueuse à gages et à varices qui couche avec le Préze actuel car elle seule est encore capable de le faire bander. Un amour qui le dévore à petit feu et que ne parviendront pas à combler la toute jeune adolescente Marianna et le rat Raskolnikov. Peut-être parce qu'il a à une époque fait tuer Zyeux bleux, l'amour de sa fille Maryline la dingue, Isaac Sidel prend à cœur le meurtre par des bouffons casqués de Dougy, le fils du capitaine Knight, celui qui se pavanait avec un pantalon orange et qui amassait les billets froissés de un dollar. Mais Isaac est surtout au centre des calculs politiques, ceux qui ont professionnalisé le complot, le retournement de veste et la corruption. Personne ne le respecte et il fait peur à tout le monde. Alors il prend beaucoup de coups, en rend quelques-uns, passe un temps fou à penser et panser ses plaies, croise et recroise Margaret Tolstoï, amoureuse de lui et qui pourtant doit le tuer avant que le FBI ne s'en charge. L'univers urbain et fantasmé de Jerome Charyn est de ceux qu'il est difficile d'aborder. Surtout quarante ans après qu'il en a réalisé les premières esquisses dans la "Tétralogie de Isaac", mais il est unique et merveilleux. La langue est époustouflante et novatrice, les personnages sont foutraques et pourtant réels, les situations sont ubuesques mais paraissent normales : jamais New York n'a été aussi vivant. Corruption et politique vont de pair mais ne peuvent exister sans la ville que s'est approprié Jerome Charyn. Une ville démoniaque, meurtrière et cacophonique dans laquelle vit une population faite de beaucoup de chair, encore plus de sang et de sacrés mauvais coups.

Citation

C'est à vous que j'en veux, Bull. Margaret était à moi et vous l'avez balancée au Préze. C'était une idée de Timmy, hein ? Veiller à ce que le Président ne puisse plus se passer de l'une des putes des services de l'État, le compromettre et lui couper les pattes pendant que Tim me fait lanterner.

Rédacteur: Julien Védrenne mardi 09 décembre 2014
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