Si, signore !

Dans le silence de la nuit, je regarde la lune par la fenêtre. Je me tourne d'un côté, de l'autre. Je pense aux vacances. Aux vagues. Aux délires. On a peur de rien. On fait gaffe. Unis comme les doigts de la main. Graça, c'est une expérience. Je sais pas ce que ça va changer si ça marche. Si ça vaut la peine. Je tremble. Peur d'une femme ? C'est quoi, ça ? Je vais dormir. Non.
Edyr Augusto - Moscow
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Roman - Espionnage

Si, signore !

Pastiche - Géopolitique - Braquage/Cambriolage MAJ vendredi 09 janvier 2015

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 6,2 €

San-Antonio
Paris : Pocket, juillet 2014
254 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-266-25029-0
Coll. "San-Antonio", 85

Fortissimo !

J'avais pu regretter dans une précédente chronique (En avant la moujik !) que certains "San-Antonio" contrebalancent moins l'invraisemblance assumée de leur scénario par d'autres aspects ô combien importants de l'œuvre (digressions, pittoresque des personnages ou des situations, trouvailles langagières, etc.).
Or, dans cette aventure ritale du commissaire, c'est tout l'inverse qui se produit. Expédiions en deux mots la trame du livre à laquelle personne, y compris l'auteur, ne comprend rapidement plus grand-chose : une histoire de valise volée à l'aéroport de Palerme, valise qui contiendrait des plans hypersecrets et que s'arrachent les Français, les Américains, les Russes, la mafia et d'autres organisations occultes.
Voilà pour le prétexte. Car c'est bien d'un prétexte, qu'il s'agit. Est-ce l'influence sicilienne, où l'auteur s'était rendu quelque temps avant d'écrire ce "San-A", mais la première partie de cet opus est remarquablement influencée par l'atmosphère et la puissance visuelle, fellinienne, du grotesque italien. Le début de ce "San-Antonio" n'est qu'une succession géniale de tableaux, de scènes énormes, de trognes, d'extravagance et de burlesque que n'auraient pas renié certains maîtres de la Cinecittà. Jusqu'à Bérurier qui, dans un numéro de gloutonnerie bolognaise, rappelle le chef-d'œuvre de Marco Ferreri (1973 pour La Grande bouffe, 1974 pour Si, signore !).C'est coloré, chamarré, jamais clicheteux, luisant, enlevé, sautillant comme une tarentelle. On sent le plaisir communicatif qu'a eu l'auteur à visiter cette région et à nous la rendre dans ce qu'elle a de plus latin.
Tout aussi incroyable est la deuxième partie du livre. Frédéric Dard y abandonne certes la palette du peintre, et lorgne davantage du côté de la superproduction Broccoli (et pas pour mettre dans le minestrone...) et de James Bond : organisation secrète, expériences génétiques, décors somptueux et futuristes. Sauf que question second degré et pastiche, on se situe davantage du côté d'Austin Powers que de Ian Fleming. Mais oh ! c'est du San-Antonio, quoi !
Surtout, le point commun à ces deux parties, c'est ce dosage jamais égalé depuis entre une écriture bouillonnante, des trouvailles stylistiques fulgurantes, ce mélange de grotesque, de gaudriole, suivi aussitôt par des considérations bouleversantes sur la mort qui vous cueillent l'âme à froid entre deux éclats de rire.
Ce n'est sans doute pas pour rien que l'Italie est le pays qui a le plus traduit San-Antonio. Car au-delà des aspects purement linguistiques, il n'est qu'à voir avec quelle maestria Frédéric Dard alterne les différents masques de la commedia dell'arte pour comprendre à quel point il avait l'âme transalpine.
De cheval.

Citation

Pourquoi marquer d'une pierre noire le jour où l'on commence à t'oublier ? Ah ! qu'il soit le plus-comme-les-autres possible, celui de ma glissade. Je ne le souhaite pas solstice de juin bien que je sois cancer, mais solstice de décembre ; le plus court possible, comprends-tu ? Que vite une première nuit passe sur mon absence pour en faire vraiment une définitive absence.

Rédacteur: Maxime Gillio dimanche 04 janvier 2015
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