Les Gros mensonges

Les pénalistes, créatures plutôt solitaires, aisément identifiables à nos dossiers boursouflés, nos serviettes usées, nos cheveux en manque d'une visite chez le coiffeur, et nos vêtements d'un tour chez le teinturier et nos visages marqués par un cynisme las.
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mardi 23 avril

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Nouvelle - Noir

Les Gros mensonges

Politique - Braquage/Cambriolage - Faits divers MAJ jeudi 09 avril 2015

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 15 €

Max Obione
Bihorel : Horsain, mai 2014
238 p. ; 21 x 13 cm
ISBN 978-2-369070085

À bicyclette

Voici le troisième recueil de nouvelles de Max Obione, dont celle qui donne son titre à l'ensemble, évoquant les affres de la création romanesque, journal de bord d'un soutier de la fiction policière, qui tel Balzac doit pondre des lignes au kilomètre. C'est en lorgnant du côté des menteurs, au fond les vrais romanciers du quotidien, qu'il fournit à la littérature sa raison d'être, tournant son sacerdoce alimentaire en manuel à l'usage des scribes, des lecteurs, de ce Bien commun qu'est devenu à tort le polar. On l'aura compris, la nouvelle donne le ton de ce curieux recueil, fort de récits qui collent au genre comme un vice à la peau, tandis que d'autres prennent leur distance pour nous parler d'autre chose, creusant d'un coup cet abîme des raisons d'écrire avec lesquelles, au vrai, nul n'en a jamais fini. Mais Max Obione est plus retors encore, lui qui se refuse à abandonner l'écriture policière, d'avoir trop aimé sans doute camper ses histoires dans cette société croupissante qui est devenue la nôtre, pour en dénoncer l'insanité. Il joue certes à l'envi de la mise en abîme comme pratique du bel art d'écrire, comme dans cette nouvelle où l'auteur finit par croiser en plein XIe arrondissement de Paris sa création. Jusqu'au final roué, qui convoque au bout de l'écriture la phrase inaugurale, comme s'il ne restait plus que cela au roman policier, ce pur jeu formel, dérisoire, où sombrent nombre de fictions contemporaines toutes plus artificielles les unes que les autres. Moins oulipien donc, qu'un art factice à bout de souffle. On s'interroge du coup : où diable veut-il nous mener ? Quand déjà il nous a embarqué vers d'autres méandres du genre, nous livrant une remontée d'Histoire ("History") comme on aurait une remontée d'acidité gastrique, de celles qui de longtemps ont justifié le roman policier dans sa quête de vision sociale. Non sans talent, il scrute alors, par exemple, cette nouvelle marée brune qui se profile à notre horizon. Et puis radicalement, ayant éprouvé si j'ose dire, ces possibilités polardeuses d'écrire, Max Obione se tourne vers autre chose, empreint d'une autre envie d'écrire. La nouvelle "La Périssoire" en est l'heureuse illustration, toute empreinte qu'elle est de nostalgie. Voilà qu'il nous y balade à bicyclette, cheveux dans le vent, Yvonne à portée de désir. Une partie de campagne, la nature saisie dans sa pleine dilection pour les œuvres humaines, portée par de somptueux éclats de mémoire. Le registre est plus tendre, la tonalité nostalgique. L'écriture, sereine et douce, limpide.

NdR - Le recueil comporte les nouvelles suivantes : "Les Gros mensonges", "La Défaite du dormeur", "L'Alibi d'os", "Cutter", "Marie-France", "Las des haines", "Véroli & Vérolé", "Orphans", "Tomato Kecchappu Kôtei", "Choc", "No pasaran!", "So suspicius", "Carlito", "Parpaings", "Les Sacoches", "Jab", "Arte nera", "La Périssoire" & "La Chatte bottée".

Citation

C'est moche, partout c'est moche.

Rédacteur: Joël Jégouzo jeudi 26 mars 2015
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