Autopsie d'un bouquiniste : menace sur Arcachon

Direction Lescoff, commune de Plogoff, la pointe du Finistère, là où finit la terre. Ce qui intéresse aujourd'hui le groupe d'enquêteurs est surtout le fait que Jean-Luc Kernivel ait fini sa vie à cet endroit. Pour comprendre les raisons de sa mort, ils ne seront pas aidés par le ciel caché derrière une épaisse couche de nuages.
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samedi 20 avril

Contenu

Roman - Policier

Autopsie d'un bouquiniste : menace sur Arcachon

Enquête littéraire - Assassinat - Artistique MAJ mercredi 20 mai 2015

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 10,9 €

François Darnaudet
Préface de Jean-Bernard Pouy
Chester Himes (sujet d'ouvrage)
Gudensberg-Gleichen : Wartberg, mai 2015
168 p. ; 20 x 12 cm
ISBN 978-3-8313-2833-8
Coll. "Zones noires"

Retour en Arcachon (plan B)

À côté des figures tutélaires, il existe toute une floraison de "petits maîtres", d'artisans doués, d'écrivains ancrés dans leur terroir, leurs amitiés et leur plaisir du travail bien fait. À côté d'un Dashiell Hammett ou d'un James Ellroy qui battent le pavé et épatent le chaland, s'éclairent d'une lumière discrète des auteurs populaires, au sens le plus noble du terme : des romanciers qui savent raconter une histoire, construire une intrigue et dresser des personnages humains, sans esbroufe, avec juste ce qu'il faut pour être suivis de livre en livre. Pour ne citer que quelques français, il y aurait Jean-Pierre Andrevon, ou Pierre Pelot, ou Jean-Bernard Pouy ou enfin François Darnaudet.
L'histoire pourrait être simple : un homme, Roger, est tombé de son appartement. La police, pressée d'en finir, conclut au suicide, mais son épouse, Béa, et ses amis n'y croient pas trop. Darnet, ami de jeunesse de Roger, et amoureux transi de Béa, vient pour en savoir plus. Par une suite subtile de flashbacks, l'auteur tourne autour de la soirée où Roger s'est défenestré, remonte des témoins possibles, des moments de la vie de quelques noctambules de la cité, pour décrire et expliciter le crime, l'air de rien, avec justesse. Mais l'enquête est aussi l'occasion pour Darnet, de revenir sur des lieux où il vécut, de revoir des gens qu'il connaissait, de renouer avec sa jeunesse, ses amours, ses rêves et ses envies. Petite plongée mélancolique montrée avec soi, de manière stylistiquement simple mais réaliste, entre un geste de mains qui ne s'oublie pas, un verre de vin, un baiser fugace (la vie quoi).
L'enquête, c'est aussi la raison pour laquelle on aurait pu tuer Roger. Qui voudrait avoir besoin de liquider un pauvre bouquiniste de la baie d'Arcachon ? À moins que son métier ne cache de plus louches activités ? Toujours est-il qu'une piste se dégage. Celle d'un autre romancier, noir américain, qui oscilla longtemps, justement, entre le statut de grande figure tutélaire (même si elle l'est pour les amateurs, son nom n'est cependant pas, je pense, parvenu, jusqu'aux grands circuits littéraires) et de petit maître : Chester Himes. Avant de se lancer dans la carrière policière avec ses personnages Cercueil et Fossoyeur, il a commis quelques romans de littérature générale, centré sur le problème racial aux États-Unis. Ayant besoin de calme, il a séjourné à Arcachon, le temps de fignoler un final de roman. Y aurait-il un manuscrit inédit qui traîne dans une vielle malle d'une immense villa balnéaire ? C'est l'occasion, à travers cette période difficile, pour François Darnaudet, d'évoquer un écrivain attachant, humain, au cœur du métier, de lancer des ponts vers sa biographie entière et de glisser des éléments sur l'œuvre. Cela n'est jamais fait comme une fiche Wikipédia digérée, mais comme le travail amoureux d'un écrivain qui rend hommage ainsi à un autre auteur.
L'enquête policière, la nostalgie du personnage qui va profiter de l'occasion pour réfléchir et organiser sa vie et le moment de bonheur que fut Arcachon dans la vie de Chester Himes, trois éléments qui pourraient sembler indépendants, mais dont François Darnaudet sait tisser les fils, pour construire un récit attachant, fluide. Jamais, la mélancolie ne devient pathos, car c'est là la noblesse du roman populaire, qu'il ne faudrait confondre avec le texte vulgaire.
Tiens, en plus, il y a une préface de Jean-Bernard Pouy, dont nous parlions en début de chronique. Comme quoi, il n'y a pas de hasard...

Citation

Il n'aimait plus. On ne l'aimait plus. Personne ne l'attendait. Il n'attendait personne. Il sourit. La vie était aussi absurde qu'un polar de Chester Himes.

Rédacteur: Laurent Greusard mercredi 20 mai 2015
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