Un vent printanier

Le vieux torpilleur Cäsar Dönnecke, cet homme dont l'entrée à la brigade criminelle remonte à l'empereur Guillaume II. Qui est intervenu plusieurs fois aux côtés de collègues de la Gestapo au cours des années brunes, et qui a réussi, on ne sait comment, à échapper aux coups de balai des Britanniques après la guerre, quand les vainqueurs ont licencié des policiers pourtant moins compromis que lui.
Cay Rademacher - Le Faussaire de Hambourg
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

La Cité sous les cendres
Dix ans ont passé depuis que Danny Ryan et son fils ont dû fuir Providence et la vengeance d'une fami...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

mardi 12 novembre

Contenu

Roman - Guerre

Un vent printanier

Historique - Huis-clos - Crépusculaire MAJ mercredi 03 juin 2015

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20 €

Michel Vigneron
Saint-Romain-de-Colbosc : Atelier Mosésu, février 2015
324 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 979-10-92100-40-2
Coll. "39-45"

Vel d'hiv, côté gore

Après 1945, diverses écoles culturelles se sont affrontées sur la question essentielle de comment parler de la Shoah. Fallait-il même seulement en parler devant l'horreur indescriptible ? Ce débat a fait rage dans l'ensemble des arts. À côté de l'holocauste, proprement (salement, plutôt) dit, d'autres événements ont fait moins de remous. Prenez la rafle du Vélodrôme d'hiver. Si elle était connu des spécialistes, c'est le président Jacques Chirac qui l'a remis sous les feux des projecteurs dans les années 1990 lors d'un discours célèbre qui d'ailleurs ouvre ce roman. Le prélude met en scène deux protagonistes âgés qui sont venus écouter justement le discours et qui se reconnaissent. Ils ont eux-mêmes vécu une aventure en 1942, aventure liée à la rafle. Ce point de départ permet de suivre plusieurs personnages de cette période. D'une part, un policier de base qui va se retrouver impliqué dans l'opération Vent printanier, celle qui a consisté justement à effectuer une grande rafle des Juifs étrangers de Paris. En parallèle, nous suivons un autre policier, antisémite, vexé que sa sœur sorte justement avec un Israélite, et qui décide de profiter de l'occasion pour discrètement liquider ce Dom Juan de pacotille en l'intégrant à la rafle. Afin de compléter le tableau, Michel Vigneron introduit une petite équipe de jeunes Juifs qui vont se trouver eux aussi coincés. L'un d'entre eux a même le privilège horrifique de voir son père abattu sous ses yeux par le policier peu sympathique évoqué plus haut.
Si une première partie du texte évoque les préludes de l'histoire et de l'intrigue (en y installant d'ailleurs une boulangerie hantée par un boulanger qui s'est lui-même carbonisé dans son four), la suite se centre véritablement sur la rafle. L'opération de police est décrite dans sa triste brutalité entre des policiers qui font leur métier parce que c'est leur métier, d'autres qui ont honte (certains se font même porter pâle), et les derniers qui accomplissent cette tâche dans la joie et la bonne humeur. Quant à la suite, c'est une lente et longue descente aux enfers dans le Vélodrome d'hiver. Au fil des pages, nous allons suivre les différents acteurs du drame, oscillant entre des moments de gloire et de grandeur, et des purs moments d'abjection qui iront jusqu'à l'ignominie la plus totale. Dans la confrontation polémique, Michel Vigneron a choisi : il est possible de parler du génocide. Il répond par l'affirmative en n'hésitant pas à s'arrêter sur des détails glauques - le manque d'hygiène, l'horreur du regroupement dans le Vélodrome d'hiver, la folie meurtrière d'un policier qui profite de l'occasion donnée pour se livrer aux pires méfaits, comme autant de préludes sadiques à ce qui allait s'effectuer avec bien plus d'ampleur dans les camps de concentration. La question de l'éthique, du choix du thème et de son traitement reste cependant encore d'actualité car la frontière apparaît souvent floue entre description et voyeurisme. Mais le discours avec recul du romancier est quant à lui très explicite.

Citation

Les gosses osaient à peine regarder les corps qui gémissaient, ces enveloppes agonisantes qui exhalaient le parfum rance et suffocant de la mort triomphante.

Rédacteur: Laurent Greusard lundi 01 juin 2015
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page