Trottoirs

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vendredi 19 avril

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Roman - Noir

Trottoirs

Social - Urbain MAJ mardi 13 octobre 2015

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 12 €

Jean-Luc Manet
Serres-Morlaàs : In8, septembre 2015
88 p. ; 21 x 12 cm
ISBN 978-2-36224-063-8
Coll. "Polaroid"

Les ordures veulent nettoyer la ville

Si au départ, les péripatéticiens forment un groupe philosophique qui arpente les rues, les trottoirs ont dépuis bien longtemps été abandonnés par les penseurs. La place est nette, mais elle est occupée par deux catégories un peu déclassées de la société française : les clochards et les prostituées. Chacun se balade sur son bout de rue et quémande de l'argent aux passants. Parfois, des contacts se nouent entre des représentants des deux groupes, mais tout cela reste lointain, un peu comme deux mondes qui s'ignorent.
Dans une autre vie, Romain a été libraire et amoureux. Mais sa femme est morte et depuis il n'a plus goût à rien. Alors, il traîne sa mélancolie et ses ivresses le long des rues parisiennes. Il s'est même pris d'amitié pour une jeune prostituée venue d'un lointain pays de l'Est. Mais la mondialistaion des corps entraîne leur rotation et la belle jeune femme risque de changer de pays, au gré des transferts de ses souteneurs. En même temps, de mystérieux assassins concentrent leurs actions sur les SDF du quartier. Un policier qui a confiance en Romain, tente de le protéger, tout en se servant de lui pour en savoir plus.
Récit court, Trottoirs se concentre autour de son personnage central. Nul attendrissement ou happy end : le clochard est dans une spirale qui convient à son esprit et il ne cherche pas à s'en sortir. Il ne s'y complait pas, mais semble l'avoir intégrée, justement, comme un péripatéticien, en philosophie de vie. Tendu comme un morceau rock, vif comme un riff, le récit sait aussi évoquer sans apitoiement la vie des deux déclassés du monde. Face à eux, les tueurs seront sous le feu des projecteurs dans la lumière de la relation entre les "possédants", qu'ils soient petits propriétaires proto-fascistes, capitalistes avides d'augmenter leur richesses, ou proxénètes sans scrupules (et les adjectifs sont interchangeables, sans aucun doute).
À l'image du final qui se déroule au dernier étage d'un immeuble, Jean-Luc Manet sait prendre de la hauteur et son intrigue ne traîne pas au ras du caniveau, l'endroit où pourtant la bonne société place parfois les clochards et les putes.

Citation

Je ne connais rien à la hiérarchie du pavé, mais Yuliya me semblait n'être jamais montée en grade. La bonne copine, toujours, même dans un monde où la couverture à tirer pour soi se fait rare.

Rédacteur: Laurent Greusard lundi 12 octobre 2015
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