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Roman - Policier

Les Voleurs de sexe

Braquage/Cambriolage - Corruption - Urbain - Chantage MAJ mercredi 04 novembre 2015

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 18 €

Janis Otsiémi
Paris : Jigal, septembre 2015
200 p. ; 20 x 13 cm
ISBN 979-10-92016-48-2
Coll. "Polar"

No Sex and the City

Avec African Tabloid, l'un de ses précédents romans, Janis Otsiemi détournait avec justesse un titre de James Ellroy, mais il convient sans doute de noter que l'une de ses influences majeures probables est aussi à chercher du côté de Ed McBain. En effet, les romans de Janis Otsiemi s'apparentent à cette gigantesque comédie humaine qui brasse les individus et les milieux dans une grande symphonie collective. Si le romancier américain avait planté son décor dans un district imaginaire (qui ressemblait beaucoup à son New York), l'auteur africain s'installe à Libreville autour d'un commissariat qui voit passer des policiers de toute nature. Il y a un chef, plus concerné par le fait de ne pas faire de vagues et de rendre de bons comptes, et des adjoints qui oscillent entre leurs vues personnelles et professionnelles. Parfois la première prend le pas sur la seconde et, ma foi, s'il y a besoin de faire des entorses à la loi pour s'enrichir, eh bien, pourquoi se priver ? De même, dans le cadre professionnel, si l'on doit recourir à la torture afin d 'obtenir des aveux ou des renseignements, la tolérance est de mise. Avec Les Voleurs de sexe, le récit enchaîne plusieurs intrigues qui ne se recoupent pas forcément, afin de dresser un panorama de la vie à Libreville. On touche les petites gens, des petits délinquants. C'est ainsi qu'un jour un accident se déroule sous leurs yeux et que l'on découvre sur la banquette d'une voiture abîmée des photos compromettantes pour le Président de la République. Un chantage est orchestré mais, très vite, la police doit intervenir dans le plus grand secret pour arrêter cette affaire. En parallèle d'autres gangsters plus "professionnels" se décident à attaquer un patron alors qu'il transporte la paie de ses ouvriers. Et ils s'acoquinent avec un policier afin de trouver les armes nécessaires à leur coup. Mais c'est bien la troisième piste qui donne son titre au roman. Elle est vraiment liée à des thèmes criminels africains : des hommes maraboutés vous touchent et vous perdez votre virilité. Cela pourrait être du plus haut comique, si cette virilité n'était pas érigée en modèle de vie et que les hommes ainsi stigmatisés ne devenaient violents et qu'ils ne commettaient pas certaines exactions sur fond de lynchage de personnes reconnues coupables. Mais dans la réalité que veulent exactement les coupables de ces actions ? Les trois intrigues même si elles ne se recoupent pas dessinent ainsi la vie trépidante d'une métropole africaine avec humour et force. Le style de Janis Otsiemi qui sait passer de scènes d'actions fortes (l'attaque du patron) à des moments plus calmes (la vie des policiers pris dans les contradictions du métier), une description fine par petites touches de la vie africaine (les allusions aux différents clans du pouvoir ou le rôle prégnant des ethnies dans les choix politiques), à travers une langue colorée et inventive, créent un roman intelligent et malin. Janis Otsiemi est définitivement entré dans la cour des grands auteurs du polar. Il fait partie de ceux qui savent créer un univers, une grande fresque à travers une œuvre attachante, construite avec soin et sans volonté de se renier pour attirer d'autres lecteurs.

Citation

Vous avez mon képi sur vous signifiait en langage codé que Koukinda et Envame avaient l'appui des plus hautes autorités de l'État.

Rédacteur: Laurent Greusard mercredi 04 novembre 2015
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