Pourquoi ils font le djihad

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Essai - Guerre

Pourquoi ils font le djihad

Terrorisme MAJ mardi 01 mars 2016

Note accordée au livre: 1 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19 €

Jean-Paul Ney
Préface de Siwar Al Assad
Monaco : Le Rocher, septembre 2015
320 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-268-07646-

Mugir ces féroces soldats

L'ouvrage glace le sang, mais par les temps qui courent, il donne le pouls de la crispation sécuritaire qui menace la société française. Il s'ouvre pourtant sur un constat intéressant, mais qui ne semble pas interpeller beaucoup la classe politico-médiatique, alors qu'il pourrait donner lieu à une prise de conscience plus mature de la situation et autoriser les possibilités d'un traitement "social" du problème terroriste en France. Qui sont les djihadistes français en effet ? Des faibles d'esprit, des imposteurs en réalité très peu croyants, des voyous, des esprits fragiles, des paumés, nous dit l'auteur de ce document, Jean-Paul Ney. Des traits de caractère qui se reflètent dans ce mélange de professionnalisme et d'amateurisme qui entachent tous leurs crimes, on l'a vu lors de chaque attentat. Pour lui des "désintégrés", qui font le djihad pour "se tester" -l'expression est malheureuse, mais elle laisse cependant bien entrevoir cet horizon fumeux où campe leur entrée dans cette délinquance radicale. Des gamins passés en outre par la case prison – mais l'auteur ne s'interroge même pas sur cet étonnant dispositif qu'est la prison française, où l'on entre petit délinquant et où l'on ressort terroriste... Des gamins qui seraient in fine plus les otages d'un groupe que d'un système. Voilà qui nous disculpe.
Et à partir de là, l'analyse prend son tournant sécuritaire, l'auteur poussant aussi loin qu'il est possible sur le sujet, interrogeant un bien troublant chercheur – pseudo caution scientifique - qui prétend, au mépris des rapports qui se sont accumulés sur la question depuis plus de vingt ans, qu'au fond, ces jeunes désintégrés ont "bénéficié du système social français et de l'école"... Là, le livre tombe des mains, quand toutes les études menées par exemple sur le terrain de l'école montrent toutes, sans exception, que cette école est aujourd'hui plus inégalitaire qu'elle ne l'était il y a cinquante ans... Quand toutes les études sans exception montrent que les jeunes des quartiers sensibles n'ont aucun avenir scolaire sitôt franchi le seuil de leurs seize ans... Quand toutes les études montrent que pour l'essentiel, ils ne pourront rallier qu'un sous-emploi précaire, s'ils en trouvent un...
Mais l'on voit bien les raisons d'une argumentation aussi factice : il s'agit de dénoncer rien moins que "la schizophrénie française" et cette "jeunesse qui se complaît dans le luxe de la plainte et de l'assistanat"... Il s'agit de dénoncer cette "victimisation mal placée" des jeunes des banlieues bercés par des "histoires abracadabrantes" - on se rappelle l'expression : elle est de Chirac au moment des émeutes de 2005. Et d'affirmer que face à des rebelles fascinés par la violence, il ne reste qu'à "décréter l'état d'urgence" (c'est fait), et envoyer l'armée (on y vient)... Comme en 1964, aux États-Unis, lors des émeutes de Watts ? Plus de contrôle, plus de répression, et cette fois, un cran au-dessus, mener cette guerre sur le sol français contre ces "enfants-rois" "d'une société qui leur a tout accordé"...
On imagine un Laurent Wauquiez battre des deux mains face à de telles propositions, lui qui veut rouvrir les bagnes français pour y envoyer les quelques dix mille personnes qui font l'objet, en France, d'une fiche "S", mais dont on sait que parmi elles l'on dénombre également pas mal de victimes de dénonciations calomnieuses... Alors soyons réalistes et non plus "angéliques", proposons plutôt, puisque les prisons françaises sont pleines, d'enfermer les possibles djihadistes français dans leurs cités et menons la guerre, puisque tout le monde semble la vouloir, aux terroristes d'ici et de là-bas... Mais, n'est-ce pas ce que les États-Unis font déjà depuis 2001, avec pour seul résultat qu'en 2001 on ne comptait guère qu'un camp de formation de terroristes et aujourd'hui, plus d'une quinzaine ? Bah... une guerre perdue d'avance semble, du point de vue de la dignité nationale, ou plutôt des éléments de langage qui la signale comme telle à nos yeux, valoir mieux qu'une réflexion enfin conséquente sur le sujet...

Citation

La juste vérité interdite : il faut décréter l'état d'urgence, sans l'armée on n'arrivera à rien.

Rédacteur: Joël Jégouzo lundi 16 novembre 2015
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