Lasser : Dans les arènes du temps

Peut-être savait-il plus efficacement explorer la mémoire de mon cerveau.
Joseph Ouaknine - Le Mystère du nain jaune
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

Éclipse totale
Harry Hole a été exclus de la police, ce qui ne l'empêche pas de couler des jours heureux, bouteille ...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

jeudi 28 mars

Contenu

Roman - Noir

Lasser : Dans les arènes du temps

MAJ jeudi 26 novembre 2015

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22 €

Philippe Ward & Sylvie Miller
Rennes : Critic, novembre 2015
482 p. ; 20 x 13 cm
ISBN 979-10-90648-47-0
Coll. "Fantasy"

Conflit ubuesque

Au départ de cette série initiée par Sophie Miller et Philippe Ward, il y avait une sorte d'hommage distancié aux grands auteurs de la fantasy et du roman hardboiled dans l'histoire de Lasser, ce détective privé qui s'alcoolise au whisky dans le bar d'un grand hôtel en attendant que viennent des clients, surtout des dieux du panthéon égyptien. Les enquêtes racontées avaient du mordant et les relations entre Lasser et Fazimel, son assistante, avait le charme acidulé des grandes comédies américaines. Mais il faut aussi savoir se renouveler et les auteurs ont choisi de le faire en lançant de nouveaux clins d'œil. Ici, l'intrigue va se déplacer aussi vers la science-fiction, une science-fiction très classique puisqu'il s'agira de croiser Wells himself et des membres de la Patrouille du Temps, une police chargée de poursuivre ceux qui tentent de falsifier ou déformer le passé.
En fait, tout commence de manière extrêmement classique : Isis, la déesse égyptienne, sœur d'Osiris et femme de Horus, a décidé d'étendre ses pouvoirs du côté de Rome et s'est fait construire un joli temple avec statue en or. Bien entendu, cette statue est dérobée. Lasser et Fazimel sont envoyés pour enquêter. S'ils obtiennent l'aide du parrain local, ils vont aller de déboires en déconvenues. Les dieux romains ne s'entendent pas, et se font des croques-en-jambe permanents, une secte qui se base sur un dieu unique (une hérésie inqualifiable dans l'univers décrit depuis plusieurs volumes) essaie de son côté de s'emparer du pouvoir. Si on y ajoute des armes divines, tout concourt à retarder l'enquête. De plus, au milieu du roman, Lasser découvre un appareil technologique inconnu, qu'il s'empresse de mettre en route, et se retrouve ainsi propulsé dans d'autres périodes historiques. Il lui faut revenir, tandis que, à son époque, les dieux commencent à trouver qu'il exagère d'avoir déserté.
C'est ainsi que Dans les arènes du temps, ce quatrième volet des aventures de "Lasser, détective des dieux", semble partir dans tous les sens au vu de ce résumé, mais c'est uniquement pour maintenir la mécanique d'un roman haletant et drôle - car le récit vise toujours à l'ironie, notamment ici avec cette vision d'un dieu unique encore plus fou que le panthéon précédent, ce qui, d'ailleurs, se discute sans doute encore aujourd'hui. Comme dans un film déjanté de Terry Gilliam, en un peu plus sage, l'intrigue oscille, virevolte, joue sur des ressorts si usés que ses auteurs clignent de l'œil en le faisant (le nombre de fois où le détective se rapproche d'un semblant de vérité et où il est assommé est étourdissant). La description des querelles mesquines des dieux, de la guerre entre polices publiques et détectives privés, la façon dont la mafia est présentée comme une association de malfaiteurs très puissants mais assez bonhommes, rehausse constamment l'histoire. Basé sur l'idée que les Gaulois ont gagné à Alésia, il y a quelques siècles, ce qui a provoqué un monde resté "antique" avec les bienfaits technologiques des années 193O, la série sait toujours approfondir ce sillon tout en se renouvelant. Ici, le personnage de Lasser s'efface un peu au profit du passé complexe de Fazimel. De nouveaux personnages (les dieux romains, la police et les gangsters italiens), la description de la vie romaine ou celle de Pompéi, permettent de rebondir pour changer dans la continuité.
Les références à l'âge d'or de la science-fiction, de la fantasy ou du roman noir, racontés au sein d'une intrigue classique mais réjouissante, toujours sautillante, donnent à l'ensemble de la série, et à ce volume en particulier, un charme un peu désuet mais ô combien agréable. Ces références sont bien reposantes dans l'atmosphère étouffante actuelle, comme un film de Woody Allen ou une comédie d'Alain Resnais. Le plaisir simple de Sylvie Miller et de Philippe Ward permet faire passer leur joie d'écriture à des lecteurs saturés de noirceur. Mission amplement réussie pour ce volume qui confirme par là-même la qualité d'ensemble de cette série réjouissante.

Citation

J'ai claqué la porte de ma chambre et je suis descendu au bar d'un pas léger. La vie continuait, après tout.

Rédacteur: Laurent Greusard jeudi 26 novembre 2015
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page