Kraken

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mardi 23 avril

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Roman - Thriller

Kraken

Fantastique - Gothique - Urbain - Horreur-gore MAJ lundi 30 novembre 2015

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 9,8 €

China Miéville
Kraken - 2010
Traduit de l'anglais par Nathalie Mège
Paris : Pocket, octobre 2015
766 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-266-24251-6
Coll. "Science-fiction", 7150

Par delà le mur de la raison

Si vous recherchez une œuvre policière close avec un mort dans les premières pages, une discussion autour d'une tasse de thé ou avec les plaisanteries grasses d'un médecin légiste, passez votre chemin. La couverture est, de ce point de vue, une bonne indication de ce que vous allez trouver : une belle ville (ici ce sera Londres) géométrique et rassurante, avec en son sous-sol des tentacules vibrantes, une vie souterraine incontrôlable. Le roman de China Miéville s'ouvre sur cette fracture. Nous sommes dans un musée, lieu calme et où tout est étiqueté. S'y déroule une visite scolaire normale. Billy Harrow, spécialiste des bestioles sous-marines à tentacules ou céphalopodes, va présenter sa "pièce", un kraken. Mais ce dernier a disparu. Quelques heures plus tard, Billy Harrow voit un autre employé, peut-être impliqué dans le vol, contacté par deux agents d'une brigade spéciale de la police, une sorte de Mulder et Scully complètement paranoïaques, et découvre ainsi un autre Londres, peuplé de sectes et de groupuscules tous plus dangereux les uns que les autres. Ces sectes sont toutes d'accord sur le fait que l'apocalypse va arriver. En revanche, elles s'entretuent afin de savoir quelle fin du monde doit advenir ! Le tout sur fond de réflexion illuminée - l'eau qui recouvre tout, le feu qui purifie, etc. Du coup Billy Harrow se trouve projeté dans l'envers du décor.
L'enquête reste de forme classique car il s'agit avant tout de trouver qui a volé le kraken et pour quelles raisons. Mais les coupables deviennent de plus en plus complexes : des gens qui éventrent les trottoirs pour y lire le futur de la ville, des informateurs fantômes venus du fond des âges et capables de passer d'un objet à un autre pour mieux surveiller, des animaux qui cachent sous leur peau des sorciers. Au cœur, deux forces maléfique étranges : un duo d'assassins écorcheurs qui en remontreraient aux plus coriaces de nos tueurs à gage et une divinité ancienne, qui, pour échapper à la mort, s'est livrée à de biens curieux rituels.
De la même façon que le roman débute sous des abords policiers et lentement vire dans la fantasy la plus débridée, respectant les cadres de la logique (par exemple, pour discuter avec la ville de Londres et son esprit, on chuchote dans les boites pour déposer le courrier), de même China Miéville déploie tout son style pour nous emmener dans ce voyage, calmement. Le lecteur est tranquillement entraîné à la suite des aventures de plus en plus étranges du personnage, sans s'en rendre compte, continuant à y croire de manière extrêmement réaliste. Du coup, malgré son épaisseur, sa densité, le roman est un véritable aspirateur à lecteur. Il est difficile de se détacher de cet univers toujours à la lisière des choses réelles et inventées. Une sorte de voyage où il faut abandonner la raison mais pas la logique. Il y a en écho, la phrase de Shakespeare sur le monde qui est fait de plus de choses étranges que la conscience peut croire, comme l'épisode manquant, primal, où Fox Mulder, incrédule, deviendrait le plus fervent des croyants, comme une aventure d'Alice qui virerait au cauchemar sous acide. Avec Kraken, China Miéville confirme bien qu'il est l'une des pièces angulaires de la "weird fiction".

Citation

Je viens de tomber sur un mec mis en conserve comme un cornichon. Je me fais embaucher par des flics qui me racontent que les adorateurs de Cthulhu doivent être à mes trousses...

Rédacteur: Laurent Greusard lundi 30 novembre 2015
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