La Petite sauvage

Elle avait été ligotée à une section du Saardam échouée sur la plage. Les nœuds étaient serrés et le morceau d'épave trop lourd pour qu'elle puisse le bouger. Elle n'avait pas dû être inconsciente plus de deux heures car le ciel était toujours sombre et leur feu continuait de brûler.
Stuart Turton - L'Étrange traversée du Saardam
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

Éclipse totale
Harry Hole a été exclus de la police, ce qui ne l'empêche pas de couler des jours heureux, bouteille ...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

jeudi 18 avril

Contenu

Roman - Policier

La Petite sauvage

Historique - Anthropomorphisme - Assassinat MAJ mercredi 20 janvier 2016

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Inédit

Tout public

Prix: 9,1 €

Jean Zimmerman
Sauvage Girl - 2014
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Elisabeth Kern
Paris : 10-18, septembre 2015
600 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-264-06128-7
Coll. "Grands détectives", 4969

Un conte d’amour et d’horreur

Dans un appartement, au cœur d'un parc privé de Manhattan, Hugo attend l'arrivée de la police, se demandant s'il est le meurtrier de son condisciple dont le corps gît près de lui. Rejeton d'une richissime famille, deux avocats parmi les ténors de la profession lui rendent visite dès son arrivée en prison. Ils écoutent son récit, un récit qui débute presque un an plus tôt à Virginia City, au Nevada, où la fièvre de l'argent brûle la région. C'est là que Friedrich Delegate, son père, a bâti sa fortune à partir d'un minerai pur à soixante-huit pour cent. Son père et Anna Maria, sa mère, s'intéressent depuis toujours aux enfants sauvages. Aussi quand ils découvrent, dans un Freak Show, une gamine élevée parmi les loups, ils l'adoptent. Elle s'adapte peu à peu à la société huppée de New York, s'intégrant au sein de la famille. Hugo, d'un caractère neurasthénique, peine à terminer ses études de médecine légale. Et puis, des meurtres se produisent dans l'entourage de la famille, des lacérations sanglantes, des organes amputés... Chaque fois, Hugo se trouve à proximité du lieu de ces morts violentes. Pourtant, il ne se souvient de rien. Et les morts se multiplient...

Les enfants sauvages, les enfants-loups ont, de tous temps, intrigués, fait naître une grande curiosité, donnés naissance à des légendes qui perdurent. Rome n'a-t-elle pas été fondée par deux enfants nourris par une louve ? Mais, comment séparer une certaine vérité de la supercherie ? La dernière affaire d'une fillette ayant vécu parmi les loups, dans la Pologne des années 1940, s'avère avoir été une énorme tromperie.
Nombre d'individus ont été présentés comme tels par leur aspect proche de celui d'animaux. Par exemple, ceux qui sont atteints de l'hypertrichose, cette maladie génétique qui provoque une ressemblance à cause d'un système pileux surabondant. Cependant, au cours de l'Histoire, des enfants ont survécu dans des conditions précaires loin de toute société humaine, plus ou moins intégrés dans des groupes d'animaux.
Ce sont ces deux formes de l'histoire humaine qui intéressent Jean Zimmerman et qu'elle a assemblées dans ce roman, l'enfant-loup et l'enfant sauvage, prenant pour héroïne une fillette enlevée par un animal dès sa naissance. Avec ce personnage passant de l'univers sordide des exhibitions de foire à l'intégration dans la société fortunée des États-Unis dans les années 1870, elle aborde plusieurs domaines passionnants tout en proposant une intrigue riche en suspense, en tension, jouant sur les apparences, sur un flou né de situations incertaines.
Elle s'attache à explorer, sur les pas de Friedrich, l'influence de l'éducation, de l'adaptation à un nouveau milieu, prenant en compte ce qui relève de l'inné ou de l'acquis. L'enfant sauvage, pour ce faire, représente le sujet idéal dans la mesure où il est une page vierge. Elle donne une photographie fouillée d'une période et d'une société avec une foultitude de détails, des images saisissantes, offrant un récit alerte et rythmé soutenu par un vocabulaire riche.
Après son remarquable Maître des orphelins (10-18, 2013), Jean Zimmerman propose, toujours dans le décor de Manhattan, un roman passionnant de bout en bout.

Citation

Hummel, tout en noir, tel un corbeau, observe un deuil perpétuel, dit-on, pour la mort de sa conscience.

Rédacteur: Serge Perraud mercredi 13 janvier 2016
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page