La Dame de Zagreb

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lundi 14 octobre

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Roman - Policier

La Dame de Zagreb

Historique - Guerre MAJ lundi 18 avril 2016

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22,9 €

Philip Kerr
The Lady of Zagreb - 2015
Traduit de l'anglais par Philippe Bonnet
Paris : Le Masque, janvier 2016
448 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-7024-4557-0
Coll. "Grands formats"

De nouveaux massacres pour Bernie !

En 1956, Bernhard Gunther est sur la Côte d'Azur. C'est en allant au cinéma qu'il reçoit un choc et revit des événements qui lui avaient permis, en 1943, de rencontrer la vedette féminine du film qu'il visionne dans cette petite salle. Mais tout commence après la mort de Heydrich à Prague. Gunther est rentré à Berlin et malgré ses convictions antinazies, il bénéficie d'une certaine mansuétude de la part des responsables qui reconnaissent son exceptionnelle capacité à mener des enquêtes. C'est la raison qui motive Arthur Nebe pour le nommer au Bureau des crimes de guerre. En contrepartie, il lui impose de participer, en tant qu'orateur, à la Commission internationale de police criminelle pour exposer le processus qui l'a amené à confondre et arrêter le tristement célèbre étrangleur Gordmann. Et c'est un an plus tard, en revenant de Katyn, qu'il est convoqué par Joseph Goebbels, le ministre de la Propagande du Reich. Celui-ci est amoureux de la très belle Dalia Dresner, vedette de l'UFA-Babelsberg. D'origine yougoslave, elle veut que l'on retrouve son père. Goebbels s'appuie sur Gunther, malgré ses convictions, parce qu'il a besoin d'un bon détective qui saura être discret. Mais, le voyage de Bernie en Yougoslavie n'est pas de tout repos et ce qu'il découvre, là-bas, risque de déplaire à son mandant et à sa cliente. Le père de la belle, un prêtre défroqué retourné à la religion, est un criminel de la pire espèce...

Une fois encore, Philip Kerr revient dans l'Allemagne nazie et concocte une intrigue à plusieurs tiroirs pour illustrer des faits, des situations, des collusions dont la matière n'est pas suffisante pour structurer un roman de la taille de ceux qu'il écrit. Il traite ainsi des trafics auxquels se livraient des responsables nazis notoires qui profitaient des circonstances pour s'enrichir sans vergogne avec, par exemple, l'aryanisation des biens et des entreprises. Il met en scène la tenue, en 1942, de cette conférence organisée dans le cadre de la Commission internationale de police criminelle, à laquelle nombre de représentants de pays en guerre ont participé. Cette commission sera plus connue, dès 1956, sous le nom d'Interpol. Il évoque des liens entretenus entre des Suisses et les Nazis pour la livraison d'armes, de munitions, rappelle la crainte que la Fédération avait d'être envahie quand elle a décidé de se refaire une "virginité" vis-à-vis du reste de l'Europe. Il revient sur cette vieille affaire qui risquait de compromettre des proches du Führer...
L'affectation de son héros au Bureau des crimes de guerre donne à l'auteur une voie royale pour évoquer les plus retentissants d'entre eux selon une certaine chronologie. Ainsi, après les massacres du Katyn dans Les Ombres de Katyn, son précédent roman, il s'attache à ce qui se passait en Yougoslavie, cet agrégat de populations ennemies qui éclaté avec les événements dramatiques dans ces dernières décennies. Pour l'heure, Philip Kerr raconte les horreurs commises par les Oustachis, particulièrement dans le camp de Jasenovac où quatre-vingts mille à cent mille Serbes, Tziganes et Juifs furent massacrés. Il parle de Hadj Amin al-Husseini, grand mufti de Jérusalem, comme d'un triste sire. Il ne permit pas de sauver cinq mille enfants juifs qui furent envoyés à Auschwitz et gazés.
Certains de ses personnages, comme Dalia sont construits à partir de deux ou trois personnes authentiques. Pour elle, il s'est appuyé sur Pola Negri et Hedy Lamarr. Cette dernière, était, outre une vedette de l'UFA, une mathématicienne de talent qui co-inventa une composante clé de tous les systèmes modernes de données sans fil.
Mais, il s'attache, à travers les événements auxquels il mêle son héros avant de partir accomplir sa mission principale à décrire une Allemagne quelque peu différente de celle présentée de façon manichéenne. Tous les Allemands n'étaient pas des nazis et certains faisaient acte de résistance, à leur manière, dans un régime dictatorial sans pitié.
La dame de Zagreb ne dépare pas la série des "Gunther" tant la matière historique est dense, et le héros attachant avec son humour et la galerie des personnages réaliste.

Citation

Si j'avais possédé davantage d'imagination, j'aurais peut-être trouvé un moyen de cesser de travailler ou même de disparaître ; après tout, quantité de gens disparaissaient dans l'Allemagne nazie. Tout le problème était d'arriver à le faire sans que ce soit définitif.

Rédacteur: Serge Perraud mardi 02 février 2016
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