La Malédiction d'un jardinier Kibei

J'aimerais pouvoir parler, mais j'ai la langue bétonnée par des années de silence, la bouche collée par la honte. De temps en temps, du coin de l'œil, elle me regarde pleurer et ne rajoute rien. Le silence est encore plus incisif que ses phrases.
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Roman - Policier

La Malédiction d'un jardinier Kibei

Ethnologique - Guerre MAJ vendredi 11 mars 2016

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21 €

Naomi Hirahira
Summer of the Big Bachi - 2004
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Benoîte Dauvergne
La Tour-d'Aigue : L'Aube, septembre 2015
320 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-8159-1241-9
Coll. "Noire"

Onde de choc d'Hiroshima

Depuis une certaine enquête du Nameless, le détective décrit par Bill Pronzini, et les romans de James Ellroy, on connaît un peu plus le sort des Nisei, ces Japonais émigrés aux États-Unis et qui ont dû subir la foudre des Américains après l'attaque-suprise Pearl Harbor durant la Seconde Guerre mondiale. On connaît un peu moins le sort des Kibei. Au contraire des Nisei, les Kibei sont des enfants de Japonais nés aux États-Unis et retournés au Japon avant la Deuxième Guerre mondiale afin de parfaire leur culture ancestrale. Lors de l'entrée en guerre, ces enfants et adolescents furent coincés au Japon.
Mas Arai (le protagoniste de ce premier roman de Naomi Hirahara, une auteur que l'on avait découvert dans l'anthologie Los Angeles Noir pour une thématique coréenne similaire) a été l'un d'eux. Il se trouvait même à Hiroshima, le jour de l'explosion de la bombe atomique. Retourné aux États-Unis, il y a vécu avec sa femme, morte maintenant, a eu une fille avec qui les relations sont complexes, et s'achemine lentement vers la retraite en continuant son activité de jardinier. Pour se détendre, il joue aux cartes avec quelques amis dont un certain Joji, revenu d'Hiroshima comme lui. Encore aujourd'hui, des médecins japonais viennent régulièrement les voir pour s'assurer de leur bonne santé liée aux radiations. Mais pourtant, un jour, son destin bascule lorsqu'il se trouve confronté à un problème. Des Japonais recherchent Joji car c'est l'héritier possible de terrains au Japon. Or, Mas Arai sait bien que ce Joji n'est pas ce qu'il prétend être même s'il aurait du mal à le prouver.
L'intrigue assez lente de ce roman, s'explique sans doute par le fait que le "détective" de l'histoire est un homme fatigué par la vie, vieillissant. Il voit même ses clients le quitter petit à petit. Mais lorsque les villains de l'histoire tentent de le faire taire, ils lui volent sa camionnette. Cela donnera lieu à une scène émouvante lorsque Mas Arai la retrouvera, même en mauvais état.
Naomi Hirahara a travaillé autour d'un milieu qu'elle connaît bien. Elle sait insuffler dans son histoire les éléments qui font "vrai" : détails sur les personnages, leurs goûts, leurs envies et rêves, leur façon de voir le monde. À l'intérieur de la société américaine, ils sont en porte-à-faux, ni japonais, ni américains, ni riches ni pauvres, rejetés par leurs enfants qui ont réussi ou qui ne veulent plus respecter les règles ancestrales. La résolution de l'énigme donnée au début du récit par un détail original, montre le soin avec lequel l'auteur a construit son histoire, un peu à l'instar dans une intrigue des Cinq dernières minutes, comme le travail de son personnage central, Mas Arai : minutieux, artisanal et méticuleux. Certains diraient à la japonaise, quoi !

Citation

À une époque, Mas voyait régulièrement un jardinier de Satwelle, un fou de jeu de go. Le vieil homme lui-même y jouait plutôt bien ; il avait chez lui deux bols de pierres plates et polies - l'un noir, l'autre blanc - fermés par des couvercles et un plateau de jeu en bois, qui se pliait en deux grâce à une charnière.

Rédacteur: Laurent Greusard vendredi 11 mars 2016
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