La Véritable histoire de l'assassinat d'Elvis Presley

Quand l'empereur Claude était malade, entouré de ses gardes, ils réussirent quand même à le tuer en empoisonnant la plume qu'il s'enfonçait dans la gorge pour se faire vomir. Aujourd'hui, on n'a plus de ces trouvailles ; on fourre de l'arsenic dans le café de sa victime, ou bien – méprisant des méthodes si efféminées – on se sert tout bonnement d'une mitrailleuse.
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Roman - Policier

La Véritable histoire de l'assassinat d'Elvis Presley

Enquête littéraire - Artistique MAJ jeudi 18 août 2016

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 16 €

John Barnett
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Patrick de Friberg
La Celle-Saint-Cloud : In Octavo, juin 2015
198 p. ; 21 x 13 cm
ISBN 978-2-84878-206-5

Métalepse désinvolte

Pour contrer les théories littéraires à la mode au siècle passé, les Américains avaient lancé l'idée, avec quelques intellectuels français, du post-modernisme. L'entreprise (louable) a permis de marquer les esprits dans les années 1980-1990, mais cet incendie intellectuel n'a été qu'un feu de paille. L'un des points forts du courant consistait en un travail même de déconstruction. L'auteur se regardait écrire et s'introduisait dans sa propre narration. C'était faire fi de vieux auteurs comme Laurence Sterne ou Denis Diderot qui avaient déjà mis cet exercice en pratique, et d'une partie de la littérature populaire, où le héros, détective privé ou espion, savait se mettre en scène, voire se moquer de ses propres forces. C'est une leçon qu'a retenu John Barnett. L'individu, déclaré auteur d'une série publiée chez In Octavo sous la présumée traduction de Patrick de Friberg, est décrit comme un auteur à succès, donc très riche. Il utilise toutes les ficelles du métier pour nourrir ses intrigues, y compris les pires stéréotypes, et il raconte les aventures de Jack Pasolky qui vit avec sa secrétaire, qui n'est autre que la fille de John Barnett, ce qui permet de recevoir plein d'informations et d'aides lorsque nécessaire.
Jack Pasolsky est le propre narrateur de ses aventures, et il fait constamment référence à son auteur, aux intrigues - y compris celles d'autres romans -, ou aux astuces scénaristiques de son auteur. De même, il est présenté sans complexe avec un regard ironique sur sa propre culture. Le détective est un mélange entre l'esprit des espions américains et des Américains en général qui jugent les choses à l'aune de leur propre pays, et qui ne font pas dans la nuance idéologique. Cette distance ironique à l'encontre de ses personnages, de sa propre intrigue, joue aussi avec les mythes modernes. Ici, l'histoire va tourner autour d'Elvis Presley : pourquoi après quelques succès qui l'ont hissé au firmament de la musique populaire, le chanteur s'est-il compromis dans des films de piètres qualité et semble-t-il être un has been ? Lorsque l'impresario du chanteur demande l'aide de Jack Pasolsky, ce dernier ne se rend pas compte qu'il va aussi devoir travailler sur le frère du chanteur - pas celui qui est mort au berceau mais un troisième, plus inconnu, mais qui est la poisse incarnée. Dès le début de son enquête, Jack Pasolsky va aussi découvrir que le passé du colonel Parker (pour les jeunes générations, c'est l'éminence grise, la part noire, l'impresario d'Elvis Presley) cache lui aussi bien des secrets qui vont pousser le détective à foncer en Hollande et à faire un petit détour par la Russie.
Il faut de la maitrise et du métier pour s'installer dans une intrigue de ce genre qui joue avec les codes, s'en amuse en même temps qu'ils nous sont présentés au premier plan, comme un magicien qui montre ses tours pendant qu'il les accomplit. C'est un défi auquel des auteurs comme Frédéric Dard se sont essayés dans la période la plus complexe et déconstruite de ses "San-Antonio". Patrick de Friberg sait manier l'ironie et le dandysme pour raconter ces aventures, pardon, les traduire. Il faut aimer ce côté désinvolte, cette distance, comme chez Richard Brautigan pour le polar, ou Kurt Vonnegut en S.-F., Laurence Sterne en littérature générale (ou plus récemment La Septième fonction du langage de Laurent Binet) pour apprécier cette balade en dehors de chemins balisés mais avec tous les ingrédients du genre.

Citation

Mais qu'est-ce que je faisais dans cette galère n'arrêtais-je pas de me dire, en tournant en rond comme un fauve en cage, un Pancrasse sans alcool, une Joe sans vernis à ongles ou bibi devant un violoniste.

Rédacteur: Laurent Greusard jeudi 18 août 2016
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