Tant que dure ta colère

SMERSH était l'acronyme russe de Smiert Spionem, "mort aux espions". Il s'agissait d'une vieille organisation soviétique créée par Staline pendant la Seconde Guerre mondiale, destinée à éliminer tous les traîtres de l'Armée rouge, mais également les espions... et les opposants... et les semblants d'opposants... et les presque contre... et les pas tout à fait pour... et aussi un peu les autres ! Bref, tout ce qui pouvait agacer les gencives du "petit Père des peuples" - et, en effet, le petit père dépeuple !
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jeudi 25 avril

Contenu

Roman - Policier

Tant que dure ta colère

Guerre - Assassinat MAJ mardi 04 octobre 2016

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 200 €

Åsa Larsson
Till dess Din vrede upphör - 2008
Traduit du suédois par Rémi Cassaigne
Paris : Albin Michel, septembre 2016
336 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-226-32399-6

Une morte bien active

Cela commence très fort. "Je me souviens comment nous sommes morts", raconte Wilma Persson, dix-huit ans, qui retrace une plongée en compagnie de Simon Kyrö, son petit ami, dans un lac de montagne de la Laponie suédoise, à la recherche de l'épave d'un avion. La plongée a été un succès mais quelqu'un a obstrué au moyen d'une porte verte le trou dans la glace qui leur a permis de descendre dans l'eau et leur aurait permis d'en ressortir, les condamnant à mort. La suite se déroule entre le 16 avril et le 3 mai, à la troisième personne mais avec des passages à la première placés dans la tête de Wilma (y compris pendant sa propre autopsie !), qui entretient ainsi un dialogue onirique avec Rebecka Martinsson, substitut du procureur de la région, cette fois encore chargée de l'enquête et toujours en bute aux relances érotiques de Måns Wenngren, directeur d'un cabinet d'avocats à Stockholm qui voudrait qu'elle revienne vivre avec lui... Tout commence par la découverte du cadavre de Wilma par quelqu'un venu puiser de l'eau dans le Torneälv. On retrouve aussi la voiture des deux jeunes gens, enfouie sous la neige maintenant en train de fondre et curieusement en panne sèche – comment comptaient-ils rentrer chez eux ? – mais pas le cadavre de Simon. Et l'analyse de l'eau contenue dans les poumons de Wilma prouve qu'elle n'est pas morte dans la rivière. Suite à l'avis de recherches lancé par la police, quelqu'un dit avoir vus les disparus en kayak sur le lac Vittangi, l'automne précédent, et qu'on lui a volé une vieille porte verte en bois. On interroge aussi Hjörleifur Arnarson, qui vit tout nu en été, se baigne chaque jour dans le lac, été comme hiver, et pratique la culture et l'élevage bios. C'est lui qui a été le premier sur les lieux, après le drame, et qui a récupéré les sacs à dos des deux jeunes. Quand Hjalmar et Tore Krekula, deux fortes têtes, oncles de Wilma, qui sont craints de tous dans le secteur, apprennent qu'il a parlé à la police, ils lui rendent une visite qui tourne mal. Une nouvelle enquête criminelle se superpose donc à la précédente, pour Anna-Maria Mella et son équipe (Sven-Erik Stålnacke, Krister Eriksson, qui en pince pour Rebecka, Fred Olsson...). La suite tourne autour d'un avion allemand disparu au-dessus de la région en 1943, des affaires de la famille Krekula pendant la guerre et des relations en son sein. Dès lors, l'intérêt du livre s'oriente définitivement du coté "roman" au détriment du "policier" (le suspense n'a d'ailleurs jamais été bien grand). Étant donné les contorsions auxquelles se livrent les tenants du best-seller à tout prix, on ne peut que se réjouir d'un ouvrage où la peinture du milieu est soignée et convaincante, voire poétique, les caractères bien dessinés et le style exempt de tous ces tics à la mode (la dernière en date, car une autre attend au tournant de la saison littéraire). C'est tellement agréable et presque reposant, qu'il ne faut surtout pas bouder son plaisir. La seule concession au goût (présupposé) du public est un épisode final inutilement dramatique et peu crédible par certains côtés. Mais, d'un autre côté, la participation de la défunte à l'intrigue permet des effets originaux qui hissent ce livre à un niveau bien au-dessus de la moyenne.

Citation

Hjalmar Kerkula avance sur ses skis dans la forêt. Le soleil de l'après-midi chauffe. Il y a dans les arbres des boules de neige nouvelle, mais elle commence à fondre goutte à goutte. Posée entre les perles d'eau dans les bouleaux, je le regarde.

Rédacteur: Philippe Bouquet mardi 04 octobre 2016
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