La Dernière nuit à Tremore Beach

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Roman - Thriller

La Dernière nuit à Tremore Beach

Fantastique - Ésotérique - Vengeance MAJ vendredi 13 janvier 2017

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22,5 €

Mikel Santiago
La Ultima noche en Tremore Beach - 2014
Traduit de l'espagnol par Delphine Valentin
Arles : Actes Sud, mai 2016
334 p. ; 24 x 15 cm
ISBN 978-2-330-06321-4
Coll. "Actes Noirs"

Prophéties diffuses

Jean Potocki, l'un des grands ancêtres du roman fantastique, était un auteur polonais. Pourquoi parler de lui ? Parce qu'il a situé l'action de son principal roman, Le Manuscrit trouvé à Saragosse, en Espagne. S'il n'effectue pas à proprement parler le trajet inverse, l'Espagnol Mikel Santiago bifurque vers l'Irlande, un pays dont on connait le penchant pour le surnaturel, avec les korrigans qui hantent les landes désertes et d'autres lutins qui s'amusent aux dépends des voyageurs. C'est donc somme toute logique si Mikel Santagio n'hésite pas à situer son roman en Irlande (un pays qu'il a fréquenté) pour écrire son roman qui oscille entre le fantastique et le roman noir. Cela lui permet de développer son décor : un manoir au bord de la mer, des tempêtes qui sillonnent les nues, des ciels de traîne du plus bel effet, du vent qui hurle dans la nuit. Le tout s'accordant avec le caractère de Peter Harper, le personnage central de ce roman, un musicien perturbé depuis sa séparation d'avec sa femme, violent et mélancolique, en panne d'inspiration, encore mal remis de la mort de sa mère.
L'intrigue débute dans un petit village tranquille d'à peine cent cinquante âmes en bord de mer, où les occupations sont simples. Lentement, Peter Harper se remet à vivre en entamant une relation avec une jeune femme du coin, et il voit débarquer ses enfants venus en vacances chez lui. Tout se déroule au mieux lorsqu'une nuit, à la place de l'inspiration féconde, c'est un éclair qui vient le percuter et le traverser. Ce choc va réveiller en lui un pouvoir qu'avait sa mère, un pouvoir extrêmement traumatisant. Il découvre alors qu'il peut apercevoir des brides du futur, qu'il vit comme si c'était son présent - il voit ses enfants mourir, sa compagne saigner. Mais est-ce une prémonition ou des images que lui enverraient des fantômes, sa maison semblant être hantée ? Bien entendu, personne ne le croit, et l'on pense qu'il s'agit de traumatismes suite à l'éclair. La vie reprend son cours lentement, mais les visions se succèdent et Peter Harper se rend compte qu'elles sont liées à ses voisins et amis. Que se passe-t-il donc ? Tout s'accélère lorsque des visions du futur deviennent des scènes de son présent.
Si, au final, il y aura une explication logique aux événements, et si les assassins sont bien réels et non les oripeaux sous lesquels se cachent des fantômes du passé, il n'en reste pas moins que Peter Harper a bien un mystérieux pouvoir, hérité de sa mère. Raconté de l'intérieur, avec l'angoisse de celui qui ne comprend pas ce qui lui arrive, le récit fantastique est mené de main de maître, dans cette longue et lente valse hésitation (Peter Harper est-il réellement possédé ? Est-il fou ? Sa maison est-elle hantée ?). Le décor et les personnages s'accordent à merveille sur cette forme qui emprunte au fantastique : récit maîtrisé, style qui joue avec les peurs et arrive à rendre concrètes les scènes fantasmées, rêvées ou peut-être réelles. On imagine parfaitement le film qu'en aurait tiré Alfred Hitchcock ou que pourrait en tirr Guillermo Del Toro...

Citation

Une spirale maniacodépressive durant laquelle, la nuit, je croyais tenir quelque chose de merveilleux, la mélodie qui marquerait le tournant de mon néant créatif, mais qui, le lendemain matin, me faisait vomir (au sens figuré, sauf deux ou trois fois où j'ai réellement vomi) à la première écoute.

Rédacteur: Laurent Greusard vendredi 13 janvier 2017
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