Vagabond

Les oreilles bourdonnantes, je lève la tête et je vois Eddie penché au-dessus d'un des braqueurs étendus, le canon de son Browning à quelques centimètres du cœur et bang, il tire encore. Puis il s'occupe de l'autre de la même manière. Toujours s'assurer. Une vieille règle.
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vendredi 19 avril

Contenu

Roman - Noir

Vagabond

Musique - Urbain MAJ dimanche 29 janvier 2017

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Réédition

Tout public

Prix: 8,9 €

Franck Bouysse
Paris : La Manufacture de livres, septembre 2016
86 p. ; 21 x 10 cm
ISBN 978-2-35887-135-8
Coll. "Territori"

L'homme à la guitare

Avec un style très imagé, voire métaphorique, et une écriture créative Franck Bouysse nous trimballe dans les rues sombres et les rades crades de Limoges en compagnie de son narrateur, un homme, musicien à la guitare, ni plus sombre que les rues qu'il traverse, ni plus crade que les rades qu'il investit. Cet homme renferme une sourde peine en lui qu'il évacue en jouant des rythmes de blues de sa propre composition, parfois, des grands musiciens de jazz, souvent. Son cœur, il l'a perdu il y a quinze ans quand Alicia, sa compagne, est parti des rêves de gloire plein la tête. Seulement, Alicia est de retour, au Styx, pour un récital improbable, et tout ce qui était enfoui remonte alors le fleuve intarissable et surtout insaisissable de la pensée de ce narrateur dont on ne connaitra jamais le nom, et qui ira chercher enterré dans un garage rural un vieux .22 pour tout exploser. La trame de cette novella est ordinaire, et Franck Bouysse réussit à la transcender de son écriture minutieuse, ingénieuse et lyrique. L'auteur est un auteur d'atmosphère, et il sait parfaitement et en quelques lignes planter son décor à l'ambiance aux influences américaines subtiles entre le bluesman Robert Johnson et l'écrivain Raymond Carver. Le personnage joue avant tout pour lui, pour gagner quelques maigres billets de la main de Mitch, un gars qui tente vainement de comprendre cet être bourru qui ne s'ouvre à personne et qui en devient presque, je dis presque, antipathique. Car le narrateur est avant tout un homme au cœur tendre, un humaniste sans le sou qui peut filer tout ce qu'il a plus deux cigarettes à un clochard auprès de qui il s'assoit et fume sans un mot – car les échanges les plus riches chez Franck Bouysse sont ceux qui se passent sans un mot. Le personnage joue également pour cette femme qui vient l'écouter le soir assise au fond de la salle, et qu'il finira par raccompagner à la porte d'entrée de chez elle. On le devine, elle seule peut le sauver. Mais y arrivera-t-elle ou le voudra-t-il ? C'est une question qui ne trouvera sa réponse qu'après quatre-vingts courtes pages d'un récit enlevé, joliment troussé, teinté d'une nostalgie musicale de la part d'une âme en peine. Vagabond est une errance urbaine poétique. Enivrant !

Citation

Il se tint longtemps au bar, tout au fond de la salle. Il était devenu l'homme qui regardait la femme sur la scène, avec la sensation d'être un mot déjà lu dans un livre de prières.

Rédacteur: Julien Védrenne dimanche 29 janvier 2017
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