Miroir obscur

Blanchard commençait à saisir. Son esprit moulinait de nouveau. Une famille entière trucidée dans Paris à cinq cents mètres du quai des Orfèvres, c'était mauvais. Une famille franco-algérienne, ça compliquait les choses. Une épouse avec un tel pedigree, ça attirait les ennuis. Un avocat descendu, ça suscitait des questions. Un avocat descendu qui bosse avec le FLN, ça pouvait être bon ou mauvais, selon qui l'a refroidi. Ça devenait politique. Un frère qui n'était pas censé être là, ça soulevait des interrogations... Bref, un beau bordel.
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vendredi 19 avril

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Roman - Thriller

Miroir obscur

Tueur en série - Artistique MAJ lundi 17 juillet 2017

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20 €

Ivan Zinberg
Rennes : Critic, avril 2017
376 p. ; 20 x 13 cm
ISBN 978-2-37579-005-2
Coll. "Thriller"

Du sang, du crime, vous en voulez encore ?

Si le titre de ce nouveau roman de Ivan Zinberg, qui n'est pas sans rappeler un autre roman, de Helen McCloy, évoque un miroir, la couverture, elle, dessine un puzzle en train de se faire. Et l'image est pour le moins bien trouvée, d'autant que l'association des deux éléments fonctionne.
En effet, d'un côté, nous nous trouvons face à une intrigue qui joue sur les effets de miroir. Chaque indice de l'enquête met en place des reflets qui renvoient à d'autres possibilités, détourne l'attention comme les miroirs chez les illusionnistes. Et le roman jouera sur ces rebondissements, puisque, sans vouloir trop en dévoiler, le lecteur avance dans l'histoire avec des pistes crédibles, des résolutions qui fonctionnent avant de se retourner comme des châteaux de cartes, car c'est un autre élément, un peu à l'extérieur de l'angle de portée du miroir, qui va renouveler la perspective réelle. Par exemple. nous avons affaire à un tueur en série qui filme ses meurtres. Si sa première victime est un vieux médecin spécialisé en obstétrique, les victimes suivantes sont des jumelles. Un vieux journaliste, briscard et qui entend se faire de l'argent avec des affaires people, pour pouvoir enfin travailler comme il l'entend en "vrai" journaliste, se trouve, par des indices détournés, au centre des meurtres, comme un coupable potentiel. Pour trouver le vrai tueur en série, il va chercher l'origine lointaine de cette névrose, de cette fixation sur la gemellité. Mais derrière le coupable évident, qu'il va découvrir, se cache peut-être un autre encore plus machiavélique et peut-être même un troisième. De l'autre côté, c'est également la description d'un puzzle classique où les protagonistes de l'histoire, policiers et journalistes, additionnent les petits faits, les détails troublants, afin de comprendre qui est le coupable. Car s'il est question d'un tueur en série, il est aussi question de la curiosité malsaine du public pour de tels crimes et, donc, des enjeux financiers qu'il développe. Si nous suivons l'enquête du journaliste et de ses deux assistants, les recherches de la police, il y aura aussi, au centre de la toile (à tous les sens du terme), un patron de "presse" du Web qui entend multiplier les ragots et se faire de l'argent, y compris en offrant des dollars au tueur pour obtenir ses aveux.
Miroir obscur est construit comme un véritable thriller où chaque chapitre est l'occasion d'un rebondissement mineur, et chaque partie de rebondissements majeurs qui transforment les pistes de manière labyrinthique. Outre la dénonciation de l'argent facile et de cette téléréalité (ici policière) omniprésente, de notre soif de voyeurisme, le roman de Ivan Zinberg s'appuie sur un style rapide et nerveux, sans grandes fioritures, pour nous emmener à cent à l'heure tourner ses pages. Cette pression continuelle et angoissante laisse un petit goût amer sur la fin lorsque les explications de toute l'intrigue, très intelligente et bien décrite, sont forcément un peu plus lentes. Mis à part cette (très légère) déconvenue finale, le roman est un véritable page turner particulièrement bien construit et bien mené.

Citation

Là Stephen Barr s'écroula en arrière. Aussi mort que les yeux de son assassin.

Rédacteur: Laurent Greusard lundi 17 juillet 2017
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