La Blanche Caraïbe

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vendredi 19 avril

Contenu

Roman - Noir

La Blanche Caraïbe

Politique - Social - Assassinat MAJ lundi 17 juillet 2017

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 18,5 €

Maurice Attia
Paris : Jigal, mai 2017
272 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-37722-004-5
Coll. "Polar"

Razzia pour la chnouf

À l'instar de James Ellroy, Maurice Attia livre des trilogies, situe ses actions dans le passé, et nous refourgue ses personnages de roman en roman, les intrigues des uns servant de passerelles aux intrigues des autres. Bien lui en prend d'ailleurs car il est en train de composer une œuvre très intéressante, qui tient la route (le bonhomme est aussi scénariste et ça se sent), cohérente, tenue, et dont on attend le prochain volet avec impatience. Après Alger la Noire, Pointe Rouge et Paris Blues, tous trois édités chez "Babel Noir" c'est, depuis, chez l'excellente maison Jigal que le romancier a décidé de nous balancer son nouvel opus (le premier, donc, d'une série qui en comptera trois) : La Blanche Caraïbe.
Personnellement, ce petit séjour aux Antilles m'a régalé (ce qui n'est pas le cas des héros qui, eux, sont loin d'y passer des vacances). Bien sûr, je partage avec Maurice Attia un amour du polar bien ficelé, une passion pour le cinéma (les références pullulent) et un goût pour le dépaysement temporel (l'action se passe en 1976), mais il n'y a pas que ça. Je crois que Maurice Attia est de ces grands auteurs de roman policier, qui vous embarquent dans leur univers, qui vous emmènent en voyage, qui vous font vous évader de votre quotidien, et dont on peut rapidement devenir addicte, parce qu'ils sont tout simplement magiques et que cela ne s'explique pas. Ça s'explique d'autant moins qu'à bien me pencher sur son cas je me suis aperçu que son style, efficace et impeccable (c'est un auteur qui sait écrire), n'est pas en recherche de révolution (cela dit chaque chapitre est traité selon le point de vue de l'un des personnages qui pour l'occasion prend le rôle du narrateur. Le "je" n'est donc pas toujours le même, ce qui est quelque peu déroutant au début mais qui au fur et à mesure du récit renforce l'intérêt du lecteur et la force captatrice de l'histoire puisque ni l'un ni l'une n'ont jamais l'occasion de s'appesantir dans le confort), que ses dialogues ne sont pas spécialement percutants, que si ses intrigues sont bonnes, haletantes, elles ne rivalisent pas (elles ne cherchent pas à le faire d'ailleurs) avec le fameux coup de théâtre de mamie Agatha qui nous cloue sur place, que ses héros sont attachants mais n'ont rien de pittoresques, bref, que rien ne semble être là pour vous en foutre plein la vue. Oui, sauf que tout est réuni pour vous empêcher de fermer les yeux avant d'arriver à un provisoire mot "Fin" puisque To be continued...
En 1968, Tigran Khoupiguian, dit Khoupi, flic de la brigade criminelle de Marseille, après avoir réglé ses comptes avec le SAC (Service d'Action Civique, ou en d'autres termes : le service d'ordre du pouvoir, alors aux mains du Général de Gaulle) s'enfuit pour les Antilles avec sa compagne Éva. Une fois sur place, les amants, s'ils sont soulagés d'apprendre qu'en Métropole on a décidé de les oublier (1968 n'était pas vraiment une année à laisser le temps de se consacrer aux cas particuliers, à moins de s'appeler Dany le Rouge, et encore !) doivent trouver du boulot et un logement. C'est alors qu'un notable de Pointe-à-Pitre, un architecte avec des vues politiques locales, Célestin Farapati, entre dans leur vie. Tandis qu'Éva décroche un poste d'enseignante en histoire-géographie dans un collège, le sieur Farapati propose à Khoupi de les loger dans l'appartement que sa mère, malade, ne peut plus occuper, et l'engage pour découvrir qui lui envoie des lettres de menace. Reconverti en détective privé/garde du corps, Khoupi commence à enquêter mais sa vie privée parasite rapidement sa nouvelle activité quand il découvre qu'Éva s'envoie en l'air de plus en plus souvent avec des inconnus. Atteint par le mal du pays, le manque de Marseille, fatigué par l'inaction et la météo tropicale, l'ancien flic de la Crim' sombre dans l'alcoolisme. Il finit par quitter Éva en espérant que cet "électrochoc" la fera revenir définitivement vers lui. Il n'en n'est rien. Khoupi ne tarde pas à apprendre qu'Éva partage la vie et les nuits de Farapati. Huit ans plus tard, engagé comme vigile sur le chantier d'un hôpital dont Farapati est l'architecte, Khoupi assiste, par hasard, à l'assassinat et à l'immersion sous du béton de son ancien patron. Comme il est toujours alcoolique de sa rupture avec Éva, que celle-ci est toujours la compagne de Farapati, et que celui-ci est mort sur le lieu de travail de son "rival", Khoupi se dit qu'il aura le profil du coupable idéal quand la police en cherchera un. Paumé, il a le réflexe d'appeler Paco. Paco qui était son partenaire à la Crim'. Paco à qui il a sauvé la vie ainsi que celle de sa compagne, Irène. Paco qui vit maintenant à Aix-en-Provence, qui est devenu journaliste et qui couvre les rubriques judiciaires et cinématographiques au Provençal. Paco qui accepte, sans hésiter, de venir aider son ami...
Je l'ai déjà dit mais je le répète, c'est simple et efficace !

Citation

Elle s'est détachée de moi, s'est levée en titubant, a ramassé ses vêtements et a tenté de fuir, se reprochant déjà d'avoir livré son secret. Mais cette fois-ci, je n'étais pas ivre et je n'ai eu aucun mal à la rattraper et à la plaquer dans le sable. Sans savoir comment, l'instant d'après nos langues et nos corps se sont emmêlés en une étreinte chargée de désespoir et de passion. Nous étions l'un dans l'autre, l'un sur l'autre, l'un sous l'autre et nos peaux, l'une contre l'autre, avaient un parfum ineffable, un mélange de sable, de sel, de sueur, de rhum, de douleur et d'amour fou. Dieu a béni notre union d'une pluie tiède et douce. Nous étions encore soudés l'un à l'autre, endormis, quand la lumière du soleil a inondé nos corps...

Rédacteur: François Legay lundi 17 juillet 2017
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