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Inédit
Tout public
C'est dans l'Eire
Sale affaire pour Mehrlicht, l'improbable commissaire à tête de grenouille, et son équipe : dans les toilettes d'un pub irlandais, un sexagénaire est trouvé assassiné de trois balles — une dans chaque rotule, une dans la tête — en ce qui ressemble fort à une exécution. Le mort, de nationalité anglaise, était couvert de tatouages celtiques et le tueur, qui n'a rien fait pour dissimuler ses traces, a dessiné IRA sur son front. Il a également laissé une étrange signature : le dessin d'un bonhomme avec les mots "NA DEAN MAGGADH FUM". Affublé d'une nouvelle stagiaire, Laura Renier, Mehrlicht commence son enquête : la balle dans chaque rotule était le châtiment des traîtres en Irlande du Nord. Le dessin et l'inscription, eux, désignent le Far Darrig, l'Homme Rouge de la mythologie celte, lutin malfaisant connu chez nous sous le nom de Croquefeu : Na Dean Maggadh fum signifie "Ne te moque pas de moi", sa devise. Et alors qu'un Croquefeu d'un genre nouveau met Paris à feu et à sang, son origine se retrouve dans l'Irlande des années 1960, lorsque la haine religieuse et les persécutions engendraient peu à peu des monstres...
Parfois, il est bon de revenir aux fondamentaux du polar : un flic, un meurtre, une enquête. On avait découvert Mehrlich avec l'attachant L'Heure des fous, et Nicolas Lebel a continué de creuser son sillon, abordant ici des thèmes exploités (fort différemment) par Xavier-Marie Bonnot dans Les Àmes sans nom. Ici, pas de codes prémâchés pour série téloche, on prend le temps de poser les éléments en présence, frôlant une fois de plus le procédural, et l'auteur s'attarde sur les personnages périphériques selon une trame de saga en usant parfois d'un style "dur à cuire" bien senti. Pas de véritable énigme, on sent dès le premier flashbacks en Irlande de ce qu'on appela pudiquement les "troubles" qui est le coupable, monstre humain né d'une absurde guerre fratricide sur base d'un dieu "de paix et d'amour" justifiant les pires atrocités (on pense parfois au glauquissime film Resurrection men) pour déboucher sur un "méchant" flamboyant digne de celui du Sharko de Franck Thilliez ! Seul problème : quatre cent quinze pages bien tassées, c'est un peu long et ça risque de faire décrocher le lecteur (mais il paraît qu'il FAUT publier des pavés, alors...). Le tout sous une très belle présentation et une couverture magnifique ce qui est toujours un plus !
Citation
L'enquêteur est un inventeur d'histoires vraies. Tirant les fils un à un, il devait reconstituer une trame cohérente, un canevas complet qui figurait le mobile de l'assassin et anticipait ses actions futures. Alors il se racontait une histoire à voix haute fondée sur des peut-être, des pourquoi pas qui devaient être étayés, ligne après ligne, chapitre après chapitre, jusqu'au dénouement.