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Roman - Thriller

Killeuse

Psychologique - Médical - Complot - Secte MAJ vendredi 31 août 2018

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21,9 €

Jonathan Kellerman
The Murderer's Daughter - 2015
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Freddy Michalski
Paris : Le Seuil, mai 2018
506 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-02-136310-4

Pardonnez-nous nos enfances...

Collègue d'un certain Alex Delaware, le docteur Grace Blade est une psychiatre privée prospère et efficace dans son traitement de ce qu'elle appelle les "Hantés", ces gens cabossés par l'existence pour qui elle a un taux de réussite supérieure aux autres. Peut-être parce que la clinicienne froide, dont les relations amoureuses se limitent aux coups d'un soir "hygiéniques", cache un passé trouble fait de familles d'accueil sordides, heureusement illuminé par un assistant social capable de reconnaître son intelligence supérieure, jusqu'à ce qu'elle tombe sur LA famille idéale qui lui a permis de devenir celle qu'elle désirait être. Un passé qui lui a inspiré un article remarqué intitulé "Vivre avec le mal : aspects émotionnels de la parenté avec un meurtrier". C'est cet article qui pousse un certain Andrew Toner à prendre rendez-vous avec elle... Seul problème, ce Toner est l'individu qu'elle a levé dans un bar le soir d'avant !... Leur première séance tourne court lorsqu'il choisit de s'esquiver, puis Toner est retrouvé assassiné avec sur lui une carte professionnelle de Grace. L'affaire va faire remonter une fois de plus les fantômes de son passé, en l'occurrence une secte nommée le Culte de la Forteresse, où des enfants étaient livrés aux caprices d'un gourou dément. Et notamment deux frères, dont l'un ressemble étrangement à Andrew Toner... Qui a intérêt à faire remonter une affaire classée vingt ans plus tôt après un assaut meurtrier sur le ranch ?
Il est peut-être bon que Jonathan Kellerman délaisse un temps la série des "Alex Delaware" qui virait au feuilleton télévisé un brin fade ; et bien des éléments de ce nouveau roman rappelleront à ses fidèles son chef d'œuvre Double miroir (1994). Inutile de dire qu'il ne faut pas s'attendre à un thriller industriel plein de bruit et de fureur, l'auteur, en bon héritier de Ross Macdonald, préférant poser décors et personnages. Sauf que Jonathan Kellerman traite son affaire différemment : là où Delaware est presque trop parfait, Grace Blade fait naître chez le lecteur des sentiments ambivalents, notamment à cause de son histoire personnelle dévoilée petit à petit au cours de l'histoire. Non point à cause de sa sexualité qui semble avoir traumatisé l'auteur de la quatrième de couverture, aspect qui n'a que guère d'importance dans l'intrigue, mais par son absence de véritable empathie qui, curieusement, est l'une des raisons de son efficacité professionnelle. Jonathan Kellerman joue sur la notion populaire voulant qu'il faille tout pardonner à quiconque a vécu une enfance malheureuse, mais ne cherche jamais à excuser, ni condamner les actes de sa protagoniste. Même si, au vu de la facilité avec laquelle elle se débarrasse de deux intrus, on peut voir en elle une graine de psychopathe, peut-être une lointaine cousine de la Catherine Tranell de Basic Instinct à laquelle on pense parfois (est-ce un clin d'œil ? Grace a exactement le même âge que le personnage incarné par Sharon Stone dans le film de Verhoeven...) qui aurait juste choisi une autre direction ! Le tout à travers une enquête menée en solo, complexe en diable, même s'il faut passer sur quelques coïncidences heureusement pas trop flagrantes. On peut regretter qu'une fois de plus, il suffise d'un bon revolver pour tout arranger lors d'une scène finale digne d'un 8 millimètres, et que la langue garde une certaine froideur, même si cela évite de verser dans le pathos. On peut également se demander s'il s'agit effectivement d'un roman unique rattaché un brin artificiellement à la série des "Delaware" (qui n'apparaît jamais), puisque l'héroïne semble sortir de l'histoire comme elle y est entrée, sans véritable contrepoint émotionnel. N'empêche, ce personnage ambigu en diable mérite à lui seul une lecture attentive. On regrettera aussi ce titre particulièrement peu inspiré alors que l'originale, La Fille du meurtrier – ou de la meurtrière ? – est plus frappant.

Citation

Pour survivre, elle aurait fait n'importe quoi. La survie qui avait toujours été son obsession première. Raison pour laquelle elle était toujours de ce monde.

Rédacteur: Thomas Bauduret vendredi 31 août 2018
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