Simone Weber, l'impossible innocente

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Essai - Policier

Simone Weber, l'impossible innocente

Assassinat - Procédure - Faits divers MAJ lundi 22 octobre 2018

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 15 €

Christian Gonzalez
Paris : French Pulp, avril 2018
164 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 979-10-251-0326-5
Coll. "Les Féroces"

Meuleuse et fière de l'être

Christian Gonzales, ex-grand reporter au Figaro Madame, a écrit des romans policiers et des biographies. Il s'attaque cette fois-ci à une star du fait divers : Simone Weber, "look Mamie Nova", accusée, entre autres méfaits, d'avoir découpé à la meuleuse à béton son ancien amant Bernard Hettier avant d'en disperser les morceaux dans des sacs poubelle. L'affaire de la disparition d'Hettier, en 1985, est confiée au juge d'instruction Thiel. "Simone Weber s'achemine sur ses cinquante-cinq ans avec l'allure paisible d'une mercière en rupture de pas-de-porte". L'enquête et les écoutes téléphoniques vont révéler l'autre face du personnage : vol de tampons officiels, magouilles, faux papiers, bigamie, harcèlement, violences diverses dont plusieurs avec un fusil. Thiel est convaincu que les Haag, les vieux voisins habitant l'appartement sous celui de Simone Weber disent la vérité quand ils parlent de bruits stridents dans la nuit et de mystérieuses allées et venues de Simone dans sa voiture avec ses sacs poubelle. Un tronc d'homme est d'ailleurs découvert trois mois plus tard dans un cours d'eau, enfermé dans une valise lestée d'un parpaing taché de bleu. Malgré l'absence des membres et de la tête, les experts confirment qu'il s'agit du tronc du disparu.
Voici donc Simone Weber face au juge Thiel. On retrouve la voiture de Bernard Hettier planquée dans un garage loué sous un faux nom par Madeleine, la sœur de Simone ? C'était pour la mettre à l'abri des PV répond Simone. Thiel est face à une adversaire redoutable. Simone Weber ne cède pas d'un pouce. Elle a réponse à tout. Le juge découvre que Simone, mariée dix ans auparavant à Marcel Fixart, un beau et vieux militaire dont elle a hérité, a organisé son mariage avec une doublure, et trafiqué son testament. Il suspecte même un empoisonnement et fait exhumer la dépouille. Pas de poison mais un dérivé de digitaline n'aurait plus laissé de traces après dix ans... Il découvre aussi que Simone, très jalouse, harcelait violemment Hettier en raison de ses autres connaissances féminines. Hettier en avait peur. Elle était extrêmement violente. Bref l'étau se resserre mais l'accusée nie et fait front en criant à la calomnie.
Christian Gonzalez a un style enlevé et plein d'humour pour retracer le parcours exceptionnel de cette femme d'apparence banale. Il sait mettre en évidence le large éventail des styles d'écriture et de langage de Simone qui va de la poésie, à la revendication politique, du tire-larme à la vulgarité la plus crue. Autant de pistes pour deviner une personnalité multiple et retorse. L'auteur parvient ainsi à faire miroiter les terribles facettes de Simone Weber : cette sorte de haine contenue, de folie meurtrière domestiquée par l'attitude cauteleuse, le bon sourire, l'appel gentil à l'aide (auprès de sa fille, de son gendre, de sa sœur, de ses co-détenues) pour servir ses desseins machiavéliques, comme passer des coups de fil pour faire croire que Hettier est toujours vivant, ou tirer de l'argent avec sa carte bancaire. Il y a des scènes incroyables, comme la reconstitution du découpage à la meuleuse d'une pièce de bœuf dans le petit appartement de Simone Weber. L'auteur se montre aussi très pertinent dans sa gestion de l'historique et surtout dans le récit du procès d'assises qui se déroula sur près d'un mois et demi de début janvier 1999 à février 1999. Condamnée à perpétuité pour le meurtre de Bernard Hettier, mais blanchie pour celui de Marcel Fixart, Simone Weber fera en tout (préventive et peine) quatorze ans de prison où elle imposera son fort caractère face à ses co-détenues. L'interview qui ouvre le livre pour accrocher mais qui aurait dû le conclure pour plus de pertinence, apporte confirmation que, malgré le temps, malgré tout ce qu'elle a enduré, Simone Weber (quatre-vingt-huit ans) au milieu des dossiers épars de son affaire qui envahissent son appartement, s'obstine toujours à nier sa culpabilité.

Citation

Pour le juge, en ce mois de décembre 1988, il s'agit de prouver qu'une petite femme d'un certain âge a pu, sans difficultés particulières, dépecer le cadavre d'un homme robuste, et qu'elle a pu y parvenir sans transformer obligatoirement son appartement en étal de boucherie.

Rédacteur: Michel Amelin lundi 22 octobre 2018
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