La Fille-Hérisson

Son quotidien était minable : des petits malfrats, des cas sociaux, des pseudo-braqueurs de banques et de boutiques qui devaient rembourser leurs dealers et ne pensaient même pas à masquer leur visage avant d'agir, ou alors omettaient intentionnellement de le faire pour être pris au plus vite et pour pouvoir rester quelques temps à l'abri de leurs persécuteurs.
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vendredi 29 mars

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Roman - Noir

La Fille-Hérisson

Social - Urbain MAJ lundi 22 octobre 2018

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19 €

Jonas T. Bengtsson
Sus - 2017
Traduit du danois par Alex Fouillet
Paris : Denoël, octobre 2018
176 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-207-14013-0
Coll. "Et d'ailleurs"

S.O.S. d'une sociopathe en détresse

Suz est née dans ces tours d'immeubles dans la banlieue pauvre de Copenhague, et elle y a toujours vécu. À dix-neuf ans, elle est livrée à elle-même. Son père est en prison pour le meurtre de sa mère, et son frère est dans le coma. Son allure chétive lui permet de se mêler aux collégiens dans les cours de récréation et de leur vendre du hash. Mais Suz a besoin de plus. Elle est lasse de subir sa vie, alors elle décide de se prendre en main et de passer à l'action. Elle se lance des défis de plus en plus extrêmes : prendre de la masse musculaire, voler des objets dans des magasins, se battre avec des garçons, tuer un chaton, pour finalement atteindre son but ultime : assassiner un homme.
La Fille-Hérisson est le troisième roman de Jonas T. Bengtsson, après Submarino (adapté au cinéma par Thomas Vinterberg, le réalisateur de Festen, en 2010) et À la recherche de la dame blanche, tous parus aux éditions Denoël. L'auteur continue de développer ses thématiques de prédilection à savoir l'enfance, la marginalité, l'hérédité et la quête de soi-même, et nous livre un court roman fataliste, tragique où la plus faible lueur d'espoir est immédiatement annihilée, mais heureusement empreint d'un humour touchant qui apporte un souffle de légèreté bienvenu.
La description de l'environnement de Suz, les barres HLM, la pauvreté, est en complet décalage de l'image que nous pourrions avoir des pays scandinaves, États-providence où il fait bon vivre. Elle est enfermée par les buildings qui l'entourent et qui l'écrasent, et par les carcans d'une éducation et d'une société qui ne lui permettent pas d'échapper à son destin. Enfin elle est prisonnière de son propre corps et de son esprit malformés et qu'elle ne maîtrise pas. À la lecture de ce récit intérieur choc, nous ne pouvons pas ne pas penser à Lisbeth Salander, l'héroïne de la saga Millénium, mais surtout nous avons l'impression d'assister à la naissance d'un Patrick Bateman au féminin, le personnage d'American Psycho de Bret Easton Ellis. Un roman noir, suffoquant, qui fait naître des sentiments antagonistes envers Suz, l'auteur décrivant à la perfection "la manière dont les sociopathes arrivent si bien à susciter la pitié", comme le déclare l'acteur Matt Dillon à propos de son rôle de serial killer dans le dernier film de Lars Von Trier, The House that Jack Built.

Citation

Considérez-moi comme une catastrophe naturelle. Ou un accident de la route. Vous n'êtes pas forcément responsable de quoi que ce soit, mais le camion vous renverse malgré tout. C'est très triste, mais ça arrive.

Rédacteur: La Rédaction lundi 22 octobre 2018
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