Délicieuse

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jeudi 28 mars

Contenu

Roman - Thriller

Délicieuse

Vengeance - Scientifique - Complot MAJ vendredi 02 novembre 2018

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 0 €

Marie Neuser
Paris : Fleuve noir, août 2018
474 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-265-11798-3

Virtuel mortel

Martha Delombre se retrouve face au pire cauchemar d'une femme entre deux âges : après vingt ans de mariage, son mari veut la quitter pour une plus jeune. Aline Pélissier, tel est le nom de l'élue, une fille de son temps, et donc si accessible. Car Martha Delombre est psychiatre criminelle et voit directement, à travers un patient qu'elle appelle Petit Narcisse, mais aussi bien d'autres cas, les ravages de l'exhibition permanente que sont les réseaux sociaux. Des réseaux où tout un chacun est à portée de clic... Alors endossant le rôle de la mère courage, Martha s'invente un alter ego, Sakura la séductrice, Messaline aux rets dangereux. Et elle tend lentement, patiemment, un filet dans lequel la "Délicieuse" qui a osé lui prendre son bien ira s'engluer sans même s'en rendre compte...
Il faut bien le dire : Marie Neuser n'est pas une auteure de polar. Ou alors elle se trouve à cheval sur cette frontière entre littérature blanche et noire, cette zone grise riche en joyaux (comme une bonne partie de l'œuvre d'Hervé Commère ou le bouleversant La Dame de pierre de Xavier-Marie Bonnot). Mais revenons à Marie Neuser. Ses deux excellents premiers romans parus à L'Écailler relevaient à peine du noir. Le diptyque Prendre Lily / Prendre Gloria, lui, était inspiré de la plus concrète des réalités, soit un fait divers. Et on ne peut pas dire que l'auteure se repose sur ses lauriers... Elle part de la situation la plus banale qui soit, digne d'un vaudeville tragique. Le récit entier se présente sous forme de monologue intérieur, technique chère à James Joyce pour virer peu à peu au récit de vengeance toujours servi par une langue magnifique sans jamais céder à la gonflette littéraire. Forme casse-figure, mais qui permet de jouer de cette narratrice omniprésente qui, quatre cent soixante-quinze pages durant, ne se heurte jamais à un regard extérieur, offrant un huis-clos mental étouffant à la hauteur de son obsession. Du coup, tout est question d'appréciation : s'agit-il vraiment d'amour ou juste de possessivité ? Du récit d'une descente dans la folie ? Faut-il tout prendre pour argent comptant ? Quant à la conclusion glaçante, sans déflorer, elle ramène à la thématique du mal compris Je tue les enfants français dans les jardins : il n'y a ni démonstration, ni volonté de stigmatiser, juste la puissance dérangeante d'un glacial constat. Pour une fois qu'un auteur postule que son lecteur est intelligent, cela vaut la peine d'être noté... Ceux que le tournant du diptyque précité avaient déconcerté peuvent être rassurés : Marie Neuser est de retour, et en pleine forme. On attend déjà avec impatience de voir ce que cette ensorceleuse nous prépare pour la suite...

Citation

Ce gamin n'existait pas. Lors de l'enquête, il avait été prouvé qu'il n'avait même pas d'amis en chair et en os. Il avait donné naissance à une foule de courtisans virtuels, pour se façonner une aura de célébrité aux compétences inexistantes. Ce type était fait d'air. Un produit constitué de bulles invisibles ; le crime les avait révélés, en y pchittant au spray un nuage de sang.

Rédacteur: Thomas Bauduret vendredi 02 novembre 2018
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