Séance infernale

La nuit était noire comme dans un tiroir. Elle seule. Eux seuls. Sans écho. Après, une série de bruits. Le vieux et la vieille regardaient la télévision. Chaque soir depuis qu'ils avaient acheté la télévision, le vieux et la vieille regardaient la télévision.
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Roman - Thriller

Séance infernale

Tueur en série - Ésotérique - Artistique MAJ mardi 18 décembre 2018

Note accordée au livre: 2 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21 €

Jonathan Skariton
Séance infernale - 2017
Traduit de l'anglais par Jean Demanuelli, Claude Demanuelli
Paris : Sonatine, septembre 2018
384 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-37056-100-8

Les premières lanternes magiques

Alex Whitman est un chercheur, qui n'est pas un universitaire, plutôt un homme qui recherche des documents, des affiches, des bobines rares sur le cinéma qu'il vend à de riches collectionneurs. Il travaille surtout pour un certain Valdano, un riche homme d'affaires, avec lequel il entretient d'étranges relations dont les motivations sont assez confuses. Ce dernier le lance à la recherche d'un mystérieux film, sans doute le premier film à récit de quelques secondes réalisé par Augustin Sekuler qui fut le premier véritable inventeur du cinéma (inspiré par un Français qui devança les frères Lumière). Toujours est-il que cet Augustin a disparu dans d'étranges conditions et que sa famille fut également victime de morts et de disparitions restées inexpliquées. Personne ne sait exactement ce que contient ce film intitulé Séance infernale, mais il y a sans doute un rapport avec un personnage sulfureux de l'époque, magicien et grand adepte des sectes ésotériques sataniques. Serait-ce d'aillerus son influence qui aurait provoqué les disparitions et autres bizarreries passées ? En parallèle, un tueur en série actuel enlève des petites filles qu'il tue en les brûlant de manière horrible alors qu'elles sont encore vivantes. Y-a-t-il un rapport ? Sans doute mais lequel ? Le fait est que peu à peu on découvre que le tueur en question habite l'une des maisons qui a été occupée par le savant inventeur du cinématographe, là où il tournait des films avec un gourou ésotérique. Et si le film maudit cachait des preuves d'anciens crimes ? Et si le tueur essayait de reproduire des scènes de ce film ?
Comme on le voit, ces questions vertigineuses pourraient donner lieu à des intrigues diaboliques et machiavéliques, à des rebondissements et du suspense. Mais le roman de Jonathan Skariton ne s'attarde pas autant qu'il le pourrait, centrant aussi son histoire sur les démêlés du détective en herbe chargé de retrouver les films, et sur les sombres manigances de son commanditaire. Du coup le roman donne lieu à des questions vertigineuses, à des scènes particulièrement réussies : une ville sous la ville, constituée des ruines sur lesquelles se sont installés les nouveaux bâtiments et dans lesquels les amateurs de vieux films ont reconstitué une sorte de société parallèle où ils viennent vivre leurs fantasmes et leur passion entre eux, des liens entre les périodes bien amenés et qui font réfléchir au sein d'une intrigue labyrinthique, mais l'ensemble reste un peu trop disparate pour parvenir à constituer un roman construit et prenant. Plaisant et intelligent, brillant par instants, Séance infernale qui parle du culte des images, de scènes subliminales, ressemble à un rêve, un cauchemar éveillé dont, au final, on ne sait trop où il nous a conduit, comme dans certains rêves, où à notre réveil, dans cette semi-torpeur où nous sommes, nous sommes obligés de renouer certains films, d'inventer des bouts pour leur donner une logique et un sens normal. Captivant, hypnotisant, mais avec un léger gout d'inachevé qui risque de laisser le spectateur sur sa faim, un peu comme à la fin d'un film, l'on se dit : "Tout ça pour ça...". Les lecteurs habitués et intéressés par les publications des éditions Sonatine ou Super8 ne seront pas dépaysés et y trouveront leur compte, les autres sans doute un peu moins.

Citation

Sortis de nulle part, des doigts délicats vinrent doucement essuyer les larmes qui inondaient sa joue droite. Des cils effleurèrent son visage ; elle sentait le chèvrefeuille. Il ne rouvrit pas les yeux ; il refusait de bouger, de peur que l'illusion se dissipe.

Rédacteur: Laurent Greusard mardi 18 décembre 2018
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