La Sibylle de la Révolution

Les blocs gris [...] scellaient ces immeubles plus sûrement que des tombes, et pourtant, peu à peu, des trous étaient apparus aux fenêtres, crevant leurs paupières de béton.
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vendredi 19 avril

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Roman - Policier

La Sibylle de la Révolution

Historique MAJ mercredi 02 décembre 2009

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19 €

Nicolas Bouchard
Paris : Belfond, octobre 2009
312 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-7144-4431-8

Une voyante... voyante !

Gabriel-Jérôme Sénard est rédacteur auprès de Vadier, le président et doyen du Comité de sûreté générale. Il travaille sur le compte-rendu des atrocités dont il a été le témoin, à Nantes, sur la Loire, quand son patron le convoque. Dans une pièce située au troisième étage, fermée de l'intérieur, un homme a été écartelé vivant. Ses membres reposent sur son tronc selon un schéma précis.
Après que Gabriel se soit remis du spectacle, Vadier lui explique que ce cadavre est celui du vicomte de Tavannes. Le Comité le soupçonne d'être le bras droit d'un mystérieux personnage, sorte de fédérateur des différentes loges maçonniques sous le nom du Philosophe Inconnu. Gabriel est chargé de retrouver l'assassin et, mieux encore, l'identité du Philosophe. Pour débuter son enquête, Vadier l'envoie auprès de Mademoiselle Lenormand, à la prison de la Petite Force.
Dans la cellule, il trouve une jeune femme pimpante qui l'accueille par un : "Tiens, je me demandais quand le citoyen Vadier allait enfin daigner s'intéresser à moi." Il essaie de s'imposer, mais enjouée, elle se moque de lui. Informée du crime, elle lui donne l'identité du défunt et révèle qu'elle connaît bien les loges. Mais il faut qu'elle soit libre pour pouvoir l'aider à entrer en contact avec ses membres.
Peu à peu, Sénard découvre la vitalité des cercles de la franc-maçonnerie, des courants ésotériques qui continuent leur activité malgré la répression du Comité. Mais les responsables de ces structures savent se défendre contre les intrus et les menaces. Le danger est réel, d'autant qu'il lui faudrait approcher une loge noire, issue de l'illuminisme initié par un professeur allemand en 1776 et menée, d'après les rumeurs, par un démon. Qui, à part un démon a la force pour arracher les membres d'un homme ? Et Vadier s'impatiente. Pour précipiter les choses, il fait passer son rédacteur pour un contre révolutionnaire recherché alors par toutes les forces de Paris…

Nicolas Bouchard fait des intrusions de plus en plus fréquentes dans le roman historique. Il s'attache, pour ce livre, à Marie-Adélaïde Lenormand, une figure qui, même si elle ne s'est pas hissée dans les premiers rangs, joua un rôle non négligeable dans la pantomime de la Révolution française. Il adjoint, à la voyante, un candide pour explorer les méandres et les marais putrides de ce que fut l'essentiel de cette période.
Parallèlement à une intrigue enlevée, riche en révélations et rebondissements, il relate le parcours de la Sibylle, depuis la révélation de son don de voyance jusqu'aux événements qui l'ont amenée à rencontrer le jeune rédacteur, à la prison de la Petite Force. Il donne à cette prophétesse un caractère enjoué et facétieux ainsi qu'une grande liberté et un aspect ingénu. Il construit son roman sur les loges maçonniques, sur le comte de Saint-Germain, sur les luttes meurtrières que se livrèrent les différents courants révolutionnaires.
Nicolas Bouchard, comme à son habitude, a étudié à fond la question. Il fait preuve d'une érudition presque sans défaut dans la restitution de ce que fut la franc-maçonnerie, ses racines, ses buts et son fonctionnement. Il en donne une vison exhaustive avec les fables qui s'y rattachent, les interprétations, voire les extrapolations qui n'ont pas manqué de se développer auteur d'une organisation aussi discrète. Il restitue le climat de folie de l'époque, les excès de toutes natures, les débordements, les exactions, les trahisons, les abus des dirigeants, les malversations des petites gens. Mais il met en scène des personnages pour qui l'honnêteté n'est pas seulement un concept. Cependant, l'auteur ne perd pas son sens de l'humour et donne à de nombreuses séquences cet humour, à la fois léger et noir, qui caractérise ses écrits.
En page de garde, la présence du sous-titre : "Une aventure de Marie-Adélaïde Lenormand" est-elle la promesse de retrouver cette héroïne attachante dans de nouvelles machinations ?
La Sibylle de la Révolution est un roman passionnant, un de plus à inscrire au tableau d'honneur de l'auteur.

Citation

Et si elle avait eu raison, et si Paris, pourtant sous la domination sanglante des Comités révolutionnaires, était aussi le lieu d'affrontement entre deux forces occultes.

Rédacteur: Serge Perraud mardi 01 décembre 2009
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