La Fureur de la rue

Des coups à la porte l'interrompirent. Des coups, et le piétinement caractéristique d'une troupe, le cliquettement de sabres et de carabines et, avant même d'ouvrir, il sut de quoi il s'agissait : des gendarmes, leurs uniformes et leurs épaulettes perlés de pluie, les visages rouges et mouillés, tous identiques sous leurs bicornes à plumets tricolores.
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vendredi 29 mars

Contenu

Roman - Noir

La Fureur de la rue

Historique - Social - Émeute MAJ lundi 27 janvier 2020

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Réédition

Tout public

Prix: 23 €

Thomas H. Cook
Streets of Fire - 1992
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Philippe Loubat-Delranc
Paris : Le Seuil, novembre 2019
426 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-02-139007-0
Coll. "Cadre noir"

Ville noire, ville blanche

Birmingham, en Alabama, était en 1963 la ville la plus ségrégationniste des États Unis. Aucun Afro-Américain ne figurait parmi les forces de police ou les pompiers, et les habitants de Bearmatch, le quartier noir de la ville, étaient soumis quotidiennement aux brimades et violences d'officiers de police sûrs de leur supériorité. Un statu quo qui prit fin au mois de mai lorsque Martin Luther King vint prêcher dans la ville, échappant à plusieurs attentats à la bombe destinés à l'assassiner avec ses fidèles, et transformant le renoncement en une colère qui s'exprima en une série de manifestations massives et pacifiques bientôt sévèrement réprimées, qui allaient se transformer en sanglantes émeutes. Alors que la ville explose autour de lui, Ben Wellman, jeune flic blanc idéaliste, tente de débusquer l'assassin d'une petite fille noire et sourde muette retrouvée dans un stade. Un meurtre dont tout le monde se désintéresse, et que sa hiérarchie voudrait bien voir étouffer rapidement. Car à Birmingham, les affaires des noirs ne regardent que les noirs, sauf lorsque des policiers, blancs évidemment, viennent à y laisser leur peau.
Natif de l'Alabama, Thomas H. Cook était sans doute l'auteur rêvé pour se replonger sur l'histoire la moins glorieuse de son État, dans ce roman de "jeunesse" datant de 1992, déjà publié sur nos rivages en 1992 dans la "Série Noire" sous le titre Les Rues de feu, mais ici intégralement retraduit. Thomas H. Cook y fait déjà montre de son attachement aux personnages, aux fêlures qui donnent du sens à leurs actes, à la force des convictions. Au fil de l'enquête opiniâtre de Wellman, qui peine à se faire accepter par une communauté à laquelle il cherche pourtant à rendre justice, on découvre une ville profondément divisée par des décennies de mépris, d'ignorance et de peur, où le Ku Klux Klan a pignon sur rue, et où la vie de tous n'a pas la même valeur. Un monde en bout de course, qui s'apprête à basculer pour de bon après une ultime flambée de rage dont Robin H. Cook ne nous livre ici que les prémices. Des attentats meurtriers, des émeutes, il ne sera pas question ici, même si toutes les graines qui mèneront au conflit seront semées au fil des pages d'un roman marquant.

NdR - : le roman est initialement paru à la "Série noire" sous le titre Les Rues de feu.

Citation

La deuxième vague arriva à peine quelques minutes plus tard, les policiers tantôt tirant, tantôt poussant les marcheurs dans le parc et les rues transversales. Le hurlement des sirènes proches ou lointaines se mêlait aux cris des agents, aux chants des manifestants et au ronflement des moteurs qui démarraient de plus belle, partaient, puis revenaient encore et encore pour embarquer un autre groupe.
Ben, figé sur place, observait la foire d'empoigne autour de lui. Les sirènes hurlaient sans discontinuer et, en fond sonore, tels des roulements de tambour, résonnait le staccato des rangers des policiers qui, un rang après l'autre, chargeaient le flot incessant des enfants.

Rédacteur: Jean-François Micard lundi 27 janvier 2020
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