Les Abattus

Le jazz ! La vie ! Clarence avait raison. Fallait profiter du bonheur de vivre. Être présent à chaque instant. S'y plonger totalement. Brûler sa vie dans l'ivresse et la joie. Le reste valait que des clous.
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vendredi 29 mars

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Roman - Noir

Les Abattus

Social - Braquage/Cambriolage - Assassinat MAJ mardi 11 février 2020

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20,9 €

Noëlle Renaude
Paris : Rivages, février 2020
410 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-4963-0
Coll. "Noir"

Dans la grisaille du monde

Nous sommes dans une petite ville de province, dans les milieux populaires. Un jeune homme grandit entre une mère désinvolte et deux grands frères peu attentifs. Un des frères "entre" alors dans le gangstérisme et l'autre dans la vie coincée d'un petit ouvrier, vivant avec sa femme dans la maison des beaux-parents. Le jeune homme va faire son éducation, son apprentissage, entre Max, le nouveau compagnon de sa mère, un homme bon et généreux, la mère de Gille, autrement dit un ami, qui le déniaise, et la rencontre avec des professeurs qui, malgré les difficultés sociales, vont l'emmener jusqu'au bac. Un événement va cependant perturber cette vie. Les voisins du dessus, un couple, sont retrouvés morts égorgés, et les soupçons vont se porter sur un ancien amant de l'épouse qui sera condamné. De plus, le frère gangster a commis un gros casse et a disparu dans la nature, laissant le jeune homme sous la tutelle d'un notaire homosexuel, flamboyant personnage décalé de cette vie provinciale. Le frère refera surface quelques années plus tard le temps de laisser une partie du magot caché dans une remise à proximité de la maison du jeune homme et de disparaitre à nouveau. De son côté, Max a un camarade de régiment, policier, qui surveille la maison, sans que l'on sache bien s'il espère coincer le voleur ou s'emparer du magot. Là-dessus, une journaliste essaie de réhabiliter l'ancien amant accusé d'avoir assassiné le couple.
Le roman va donc s'étaler sur une vingtaine d'années (et un épilogue qui revient sur les faits une trentaine d'années après), pour décrire avec soin et une ambiance particulièrement noire et glauque la vie d'une petite ville de province, dans laquelle grand nombre de provinciaux nés dans les années 1960-1980 pourraient se reconnaitre. L'histoire est vue principalement à travers le regard du jeune homme, ce qui laisse nombre de blancs, de doutes dans l'intrigue. Il faudra attendre la fin pour comprendre qui est l'assassin du couple, qui a volé le magot... Comme dans tout bon roman policier. Axé sur le personnage central, mais aussi sur ceux qui gravitent autour de lui (rendus avec soin du camarade qui vit avec une cuillère d'argent dans la bouche et ses parents, du notaire excentrique, de Max, des deux frères, du directeur de l'agence bancaire, de la journaliste, de la jeune sœur, cas sociale avant l'heure), Les Abattus, raconte dans une description âpre et sensible, où domine le gris de la médiocrité, de la moyenne, des petites gens qui tentent de s'en sortir entre des trajectoires sociales complexes et des profils psychologiques esquissés avec méticulosité et force. On retrouve un peu de l'écriture des romanciers des années d'après-guerre, de la poisse d'un André Héléna ou des textes qui décrivaient la grisaille de petites vies provinciales. Le roman de Noëlle Renaude en a toutes les qualités, le sens d'une construction forte, où la vérité se dévoile lentement, où la description des personnages dans un quotidien étouffant est montré avec soin. Les Abattus est un ouvrage plus que captivant, et qui montre que l'on peut écrire un roman noir sans flots d'hémoglobine, flics ripoux ou violence exacerbée.

Citation

Et une après-midi pluvieuse de septembre celle à qui il a offert il y a sept ans un bouquet de lilas blanc se jette sous l'express. C'est dans l'ordre des choses. Car les choses se font dans l'ordre qui leur est donné, tout le temps.

Rédacteur: Laurent Greusard mardi 11 février 2020
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