Juste une balle perdue

L'histoire est un éternel recommencement, parce que la nature humaine ne change pas. Il y a toujours des fous, des dictateurs sanguinaires, des esprits faibles prêts à les suivre.
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Roman - Noir

Juste une balle perdue

Social - Sportif - Gang MAJ vendredi 28 février 2020

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20 €

Joseph D'Anvers
Paris : Rivages, janvier 2020
350 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-7436-4920-3
Coll. "Littérature francophone"

Avanti, Ragazzi

Tout ça pourrait être glauque et sans intérêt : un jeune homme, dont le père violent a tué la mère alors qu'il était enfant, s'est forgé tout seul et est devenu un boxeur prometteur avant de virer, par amour, pour se transformer en une petite gouape criminelle, coincée par des gangs dirigés par des gens tellement dangereux qu'il est impossible de trouver une échappatoire. On imagine une chanson à la Édith Piaf, un drame à la Carné-Prévert, mâtiné de personnages inspirés de Robert Le Vigan ou des petits voyous de chez Pier Paolo Pasolini. Mais c'est raconté à la première personne par un auteur qui a lui-même commencé sa carrière dans la boxe - et sans être anecdotique, ce thème n'est pas primordial dans le déroulé du roman. Juste une balle perdue est un texte virevoltant, entre angoisse, certitude tenace que rien de beau ne peut arriver mais, en même temps, tout doit être fait pour que la réalité donne tort aux prescriptions sociales. Il y a une ode à l'innocence, même au milieu des plus grandes défonces, pour la bluette dans le maelström des soirées technos et des raves parties. Chaque moment où le roman pourrait sombrer dans le pathos affligeant, un détail, une amitié, un geste, ramène à la surface le meilleur de la vie. Dans les derniers chapitres, récit à l'intérieur du récit sur une sorte de road movie où le personnage central et sa compagne fuient devant les criminels, poursuivis autant pour le magot qu'ils ont empoché que pour l'exemple à donner aux amateurs qui tenteraient le même genre d'idées saugrenues, la poésie des lieux abandonnés, des cachettes improbables où l'on croit pouvoir reconstituer et reconstruire une vie simple d'amour, d'eau fraiche, de grandes lampées de vodka et de petites doses de fumette sont comme autant de lieux communs sublimés par le style, par les descriptions, par les relations entre les êtres, bref par un auteur attentif à ses personnages, les peignant d'un mot, les esquissant d'un geste, comme dans une chanson (ce que sait faire aussi Joseph d'Anvers). Juste une balle perdue est vraiment le récit contemporain de ce qu'aurait pu proposer en leur temps Jacques Prévert ou Pier Paolo Pasolini, avec un Alain Delon sortant de Rocco et ses frères.

Citation

Elle s'appelait Ana et j'ai su dès le départ que ça allait merder. Tout est allé très vite.

Rédacteur: Laurent Greusard vendredi 28 février 2020
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