Terre promise

Il était avec les flics, il leur a graissé la patte et ils nous ont relâché ; il leur a filé les flingues et la tire, qu'on avait expropriée.
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vendredi 29 mars

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Roman - Noir

Terre promise

Musique - Road Movie - Drogue MAJ mardi 26 mai 2020

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 11,9 €

Marc Villard
Paris : La Manufacture de livres, novembre 2019
126 p. ; 20 x 12 cm
ISBN 978-2-35887-562-2
Coll. "Roman noir"

Saxophonie ambiante

Marc Villard aime Barbès, la population de Barbès, le jazz, le ping-pong (à l'instar de Jerome Charyn) et les histoires qui racontent les petites débrouilles de la vie désargentée urbaine. Terre promise, terre due, ce court texte en trois parties, n'échappe pas à ses passions. Tout débute donc dans le quartier nyctalope parisien quand deux flics blancs en planque s'apprêtent à aller coincer un braqueur dangereux dans une sordide chambre d'un hôtel non moins sordide pour les gens de passage et de passe. C'est dans une de ces chambres que la mère de Jeremy décède asphyxiée par la fumée d'un incendie déclenché par le braqueur en une vaine tentative de fuite. Jeremy, dix-sept ans, sans papier, sans père et maintenant sans mère, qui vivotait jusque-là de son Mac (l'ordinateur, pas un mac tendance Iceberg Slim) en vendant page par page un manuscrit inédit du saxophoniste nigérian (comme lui) Fela Kuti sur Internet. On suit les déambulations de Jeremy. On croise ses connaissances. Mosquito, un homosexuel, qui l'aide à traduire des textes de chansons, Mama Kali, une prostituée qui vit dans un squat africain, et enfin Estelle, blonde venue de Colmar car elle ne voulait pas devenir caissière, et qui taille des pipes à la gare du Nord. Estelle, c'est celle qui donne à l'histoire un autre tournant. Car Estelle, c'est celle qui veut devenir quelqu'une d'autre, et qui souhaite emmener avec elle Jeremy. On assiste alors sous la plume de Marc Villard à l'éclosion d'une idylle qui émerge d'une putain de mauvaise idée. Les deux (presque) tourtereaux acceptent de jouer les mules pour l'Angleterre, et donc d'ingérer des sachets de drogue, qu'ils relaxeront outre-Manche après un passage en car. Les histoires de Marc Villard sont des histoires noires, sombres, grises à la rigueur. Le plan ne peut que capoter. Mais l'auteur excelle à dépeindre le parcours des personnages qui hantent ses histoires. Dans celle-ci, le personnage principal, Jeremy, d'origine naïve, devra apprendre, grandir, s'émanciper à mesure qu'il croise des gens. Parmi eux, Janet, une fille forcément pas comme les autres, et un vieux tueur à gages collectionneur d'avions. On l'a déjà dit et répété, mais il se dégage des textes de Marc Villard une certaine poésie, une certaine tendresse et une profonde affection. En pur amateur de jazz, il décline sa partition habituelle (l'urbain, le jazz, les problèmes de drogue, le pied-de-nez du nouvelliste) dans laquelle il se permet certaines libertés bienvenues (le road-movie, l'exode). Que se passe-t-il quand on atteint la terre promise ? L'auteur laissera le lecteur en décider dans un final indécis tout en profitant d'un douloureux voyage Paris-Londres en classe éco.

Citation

Martin, le plus jeune des deux policiers, tire sur les fils de son casque audio. Il en a marre de Julien Doré.

Rédacteur: Julien Védrenne mardi 26 mai 2020
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