La Mort du Khazar rouge

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Roman - Policier

La Mort du Khazar rouge

Ethnologique - Tueur à gages - Complot MAJ jeudi 18 juin 2020

Note accordée au livre: 3 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 8 €

Shlomo Sand
Traduit du hébreu par Michel Bilis
Paris : Points, mai 2020
18 x 11 cm
ISBN 978-2-7578-7851-4
Coll. "Policier"

Histoire assassine

Yitzhak Litvak est un professeur d'histoire en Israël dont la vie est rendue compliquée pour lui car il a travaillé à un moment de sa carrière sur l'empire khazar qui est hypothétiquement un moment-charnière où une collectivité humaine se serait convertie au judaïsme avant de disparaitre. Et cela peut poser un gros problème à l'État israélien car ça remettrait en cause l'idée que les juifs auraient été chassés de Palestine et que leur retour ne serait que justice. Mais Yitzhak Litvak a changé de période historique et mène une carrière plus calme. Cependant, il rêve encore de déboulonner ce mythe qu'est selon lui le sionisme alors il accumule les documents mais il est retrouvé mort, assassiné. Émile Morkus, un des rares policiers d'origine arabe, est chargé de l'enquête, et tente de lier l'affaire avec la mort du frère jumeau de l'historien, un personnage enfermé dans un asile psychiatrique, et l'assassinat d'une de ses étudiantes. Mais il est coincé entre ses investigations et la politique en Israël, ses pas le rapprochant d'un coupable potentiel qui est un homme vivant dans le secret, une sorte de police parallèle qui travaille à la surveillance des opposants internes de l'État hébreu, à ceux qui tentent des liens avec les Palestiniens. Là-dessus, des années ont passé. Au même moment, un nouvel universitaire, lui aussi un peu marginal, est retrouvé mort dans des conditions qui ressemblent beaucoup à celle de Litvak. Le policier chargé de l'affaire a été l'un des rares amis ainsi qu'un coéquipier de Morkus. Il va l'appeler à l'aide pour découvrir la vérité.
Si vous connaissez déjà Shlomo Sand comme historien, vous aurez un peu plus l'impression d'être en terrain conquis. En effet, le roman reprend sous le couvert d'une fiction une ou des "théories" parfois controversées sur l'origine du peuplement de la région palestinienne, et sur les prétentions juives (avec un argument somme toute intéressant : tout le monde aurait fui le pays, et il serait resté désert - ou ne serait-ce pas plus logique de penser que les habitants juifs ont changé de religion, comme cela s'est fait un peu partout, pour continuer à travailler et vivre sur leurs lieux de naissance ?). Le roman met donc en place deux historiens qui partagent ces idées (et vont en mourir) et un agent d'infiltration. Mais est-il vraiment le tueur ? Et, si oui, est-ce vraiment pour des raisons idéologico-politiques ? On pourra donc trouver dans le roman des thèses intéressantes et stimulantes pour l'esprit, des personnages décrits avec de l'empathie, des scènes de roman noir (des traîtres, des infiltrés, des attaques, des crimes maquillés, une sorte de description de l'espionnage intérieur avec ses passe-droits et la façon dont les uns et les autres se couvrent). On pourra regretter que le tout sonne un peu décousu, sans forcément une ligne de suspense qui renforce cette suite de scènes intéressantes, mais par rapport à bon nombre d'œuvres, ce livre dispose d'une réflexion, d'un auteur, et d'une description journalistique un peu romancée mais stimulante.

Citation

Ses colocataires connaissant bien sa façon d'être, veillaient à ne pas l'importuner, même si elles se méfiaient de ses relations politiques. Gallia n'y attachait pas d'importance ; ses angoisses, quasi métaphysiques, l'incitaient plus que jamais à se tenir à l'écart.

Rédacteur: Laurent Greusard jeudi 18 juin 2020
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